Des migrants d'un genre colonial à Bruxelles. Les étudiant·e·s congolais·es dans les années 1950

Abstract

Contrairement aux autres Empires coloniaux, la Belgique n’a pas permis l’installation d’une véritable communauté africaine sur son sol métropolitain pendant la période coloniale (1885-1962). Pendant près de 75 ans de colonisation, ils sont très peu nombreux les Burundais·es, Congolais·es et Rwandais·es qui foulèrent le sol belge. Après la Seconde Guerre mondiale, la Belgique a d’ailleurs préféré, à une main-d’œuvre coloniale, importer des travailleurs issus d’autres pays (Pologne, Italie, Espagne, Grèce, Maroc, Turquie…). Les premiers voyages et séjours prolongés de Congolais en Belgique est toujours limité par les autorités coloniales qui entendent maintenir le prestige de la race blanche. Cette contribution s’inscrit dans mon projet de recherche doctorale à propos de la présence burundaise, congolaise et rwandaise en Belgique dans un contexte de décolonisation (1945-1975). Par une étude prosopographique des migrant·e·s issu·e·s des – anciennes – colonies belges, je prolonge les recherches menées par l’historien M.A.Z. Etambala sur la présence congolaise en Belgique (1885-1940). L’hypothèse centrale de mon étude est la mise à l’écart présumée de ces migrant·e·s africain·e·s par les autorités belges tout au long du processus de décolonisation, en particulier parce que celleux-ci auraient été les fers de lance du droit des peuples africains à disposer d’eux-mêmes. Sur base d’une approche systématique des archives administratives du Bureau des étrangers de la Ville de Bruxelles, je dresserai différents profils migratoires et je situerai ces migrant·e·s dans l’environnement urbain bruxellois. À travers leur dossier individuel d’étranger, je mettrai en exergue leur encadrement par l’État belge et en particulier par biais de l’administration centrale de la Police des étrangers dont les pouvoirs légaux ont été renforcés par la loi sur les étrangers de 1952. Je tenterai de déceler les indices d’un traitement particulier à l’encontre de ces étrangers issus des anciennes colonies. Je me concentrerai ensuite sur les étudiant·e·s puisque cette catégorie sociale est majoritaire dans mon corpus. L’objectif est d’identifier parmi elleux des potentielles élites culturelles, en mettant en évidence d’une part leur activité intellectuelle et d’autre part les réseaux de sociabilité qu’il·elle·s ont tissés avec les milieux progressistes belges. En filigrane, il s’agit de découvrir les inquiétudes que ces étudiants burundais·es, congolais·es et rwandais·es suscitaient et la surveillance dont il·elle·s faisaient l’objet en métropole voire dans les colonies

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