Abstract

L’Hôtel-Dieu se situe sur la rive nord du Vieux-Port, sur les pentes sud-est de la butte des Moulins. L’hôpital du Saint-Esprit, fondé au XIIe s. et reconstruit à plusieurs reprises, a cédé la place à l’Hôtel-Dieu, dans sa configuration actuelle, au XVIIIe s., les plus vieux bâtiments étant définitivement démolis à la fin du XIXe s., avec la création des jardins.En deux endroits, la fouille a livré, à la base de la stratigraphie, des faciès alluviaux torrentiels, liés à l’existence d’un large cône de déjection, composé de paléochenaux à comblements graveleux et sableux. L’absence de matières organiques n’a pas permis de dater ces séquences, mais elles s’accordent bien avec un contexte morpho-climatique ancien, probablement antérieur au post-glaciaire (Tardiglaciaire). Les premiers niveaux anthropisés conservés se rapportent au milieu du Ve s. av. n. è., mais fouillés sur une trop petite surface pour pouvoir être restitués dans leur environnement.La période hellénistique est marquée par le comblement d’une tranchée d’axe est-ouest, qui pourrait témoigner du démantèlement d’une importante canalisation.Dans le dernier quart du Ier s. av. n. è., est édifié un vaste bâtiment, partiellement dégagé sur une longueur de 25 m et une largeur de près de 15 m. Les murs sont construits en blocs de grand appareil de calcaire de la Couronne. Cinq espaces ont été reconnus, dont quatre sont dotés d’un sol similaire : de grosses tesselles irrégulières de calcaire blanc et noir et de grès rouge et jaune, noyés dans un terrazzo. Ces sols sont plus ou moins soignés, selon les espaces, et la pièce « centrale » est pourvue d’une bande périphérique blanche. L’espace oriental est doté d’un système de chauffage sur hypocauste, dans son premier état, remplacé ensuite par un canal de chauffe, qui ne débouche plus sous l’espace et ne semble alors devoir chauffer que lemur nord de la pièce. Le plan incomplet de ce bâtiment et le peu de mobilier qui en est issu ne permettent pas de préciser sa fonction exacte. Cependant, sa position prééminente, surplombant le grand complexe thermal du port et l’une des principales voies de la ville antique, ainsi que le luxe de sa décoration, tout à fait inhabituel à Marseille, incite à le considérer comme un bâtiment public, éventuellement un édifice de réunion d’associations professionnelles ou religieuses, collegium ou schola.La période antique tardive n’a laissé que peu de traces sur le site, dont la réoccupation n’est attestée qu’au début du XIIe s. Un premier bâtiment voit alors le jour, construit en pierre et en pisé ; il sera remodelé dans le courant du XIIe s. et abandonné à la fin de ce même siècle.La reconstruction des bâtiments de l’hôpital du Saint‑Esprit et, notamment, de l’église au début du XVIIe s. est assez bien détaillée par les différentes sources archivistiques. Il en ressort une construction étalée sur plusieurs décennies, en raison de difficultés liées au financement. Le choeur est édifié en premier, à compter de 1602, pour que le culte puisse y être rendu et permettre la démolition de l’ancienne église. Puis, les trois travées sont successivement bâties, les différents rajouts étant clairement lisibles à travers les changements d’appareil. Le plan de cette église a été entièrement dégagé lors de la fouille. L’édifice, long de 27 m et large de 11 m hors oeuvre, est divisé en trois travées et comportait latéralement deux chapelles accolées au vaisseau. Sous le choeur et la première travée, une crypte permet de rattraper la topographie accidentée, en réutilisant les sols antiques remis au jour.Cette église sera dérasée en 1864, lors des travaux de réaménagement de l’Hôtel-Dieu.Outre des occupations antiques et médiévales très denses au plus proche du port, la réhabilitation de l’ancien Hôtel-Dieu de Marseille a permis de découvrir les vestiges de l’atelier d’un fondeur d’alliages à base de cuivre sur la colline du Panier, en bordure d’une rue, dernier marqueur d’îlots anciens, annexés tardivement par l’Hôtel-Dieu. Si les sources écrites confirment la présence d’une fonderie dite vieille en 1561 et 1614, dans la rue, l’emplacement et la production ne sont pas précisés. Aucun sol d’atelier n’est conservé. Seules, quelques structures arasées témoignent de l’activité métallurgique. Il s’agit de la partie la plus profonde d’un four de fusion et d’une grande fosse creusée en escalier, dont la fonction, comme fosse de coulée, c’est-à-dire d’un lieu où l’on enterre les moules avant de couler le métal à l’intérieur, peut être proposée. Le four se présente comme une fosse rectangulaire aux parois verticales, avec un escalier au nord pour descendre vers la partie construite au sud. L’étude des artefacts permet d’interpréter cette structure comme le cendrier d’un four à réverbère nettement plus grand. Le comblement de la fosse de coulée a livré de très nombreux morceaux de moules en terre. La fragmentation rend difficile l’interprétation, même si l’on peut entrevoir une production diversifiée. Certains moules de forme cylindrique évoquent des pièces d’artillerie de différentes dimensions, qui pourraient être destinées à la marine. La proximité du port et les besoins en accastillage, notamment en laiton, cet alliage de cuivre et de zinc résistant bien à la corrosion en mer, expliqueraient ce débouché

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