Cette étude bibliographique a été entreprise afin d’actualiser les connaissances concernant les risques induits par les bruits impulsionnels en milieu professionnel, la relation entre leurs propriétés et les dangers pour l’audition, ainsi que les perspectives de recherche. Elle a consisté à étudier un peu moins de 200 références internationales datant des années 60 à aujourd’hui, les références récentes n’étant pas les plus nombreuses. La réglementation actuelle se base sur des niveaux acoustiques équivalents et de crête. Une des bases de celle-ci est donc l’hypothèse d’énergie équivalente (EEH), qui suppose que le traumatisme auditif associé à une exposition sonore est fonction du niveau total de l’énergie reçue par l’oreille. Or, si l’EEH s’avère plutôt satisfaisante pour les sons continus, des études en laboratoire chez l’animal et épidémiologiques chez l’humain apportent la preuve que celle-ci n’est pas généralisable aux bruits impulsionnels. De plus, aucun domaine de validité de l’EEH n’a pu être identifié, que ce soit en termes de niveau équivalent ou de niveau acoustique de crête. Il apparait au final que les propriétés corrélées à la dangerosité des sources impulsionnelles (pour lesquelles les temps de montée sont courts et les niveaux acoustiques de crête sont élevés) ne sont pas exclusivement énergétiques. On ne peut donc pas être certain que la réglementation actuelle permette de préserver l’audition des travailleurs exposés à des bruits impulsionnels dans 100 % des cas. La prise en compte d’aspects temporels et/ou spectraux pourrait améliorer la prédiction de leur nocivité et différentes grandeurs telles que le kurtosis temporel, le temps de montée, le spectre et la distribution temporelle semblent aujourd’hui intéressantes à considérer. Les nombreuses études chez l’animal montrent des résultats essentiellement qualitatifs et les études sur l’homme en laboratoire sont impossibles aux niveaux d’exposition qui nous intéressent. Ainsi, dans le cadre des travaux de prévention de l’INRS et au vu de l’état actuel des connaissances, la méthodologie la plus adaptée pour une étude future semble être l’épidémiologie en entreprise. Celle-ci permettrait d’identifier les situations à risque et d’obtenir des données de terrain afin de documenter la relation entre les pertes/risques et les propriétés des environnements sonores. Un dernier point concerne les protecteurs auditifs individuels dont l’impact n’est évalué qu’en termes de réduction des niveaux. Or, des différences notables (altérations temporelles et spectrales) pouvant exister entre le signal en champ libre et le signal sous protecteur arrivant effectivement à l’oreille, on peut craindre de se trouver dans certains cas face à une mauvaise évaluation des risques, posant la question de la protection réelle des travailleurs