Ce chapitre aborde les multiples dimensions de l’existence sociale des Mafor, ces matières qui adviennent auxsociétés le plus souvent comme en excès par rapport à un processus premier de production ou d’utilisation etdont il faut bien, cependant, organiser le devenir. La problématique n’est pas nouvelle, on aura l’occasion de lerappeler, mais elle prend une acuité toute particulière avec l’accroissement des quantités produites et la montéedes exigences présidant à leur gestion.Plusieurs angles d’approche ont été croisés pour éclairer cet enjeu sensible et complexe. En particulier estprésenté dans ce chapitre le fonctionnement économique des marchés des Mafor, en termes de prix, de coûts, etd’évaluation économique des externalités générées par l’utilisation agricole des Mafor. L’expérience sociale desmultiples groupes concernés par certains débordements, redoutés ou vécus, de ces trajectoires, comme lesnuisances odorantes que peuvent provoquer les épandages, sont également abordés.La section consacrée à l’économie des Mafor concerne plus précisément l’organisation des marchés de Mafor.Rassemblant des données éparses et lacunaires, elle s’efforce en premier lieu d’éclairer la question du prix, ouplus exactement des prix des Mafor – qui s’étagent de « 0€ rendu racine » pour les boues urbaines à 426€/t pourl’engrais à base de guano de poisson – et de cerner quelques-uns de leurs déterminants. Dans la mesure où lesMafor sont, partiellement, substituables aux engrais de synthèse, une partie est également consacrée àl’évolution des prix de ces engrais. L’analyse économique se poursuit par une tentative de reconstitution descoûts de gestion des Mafor, et se prolonge par une réflexion sur le coût des impacts environnementaux liés auxépandages de Mafor, une problématique qui n’en est encore qu’à ses balbutiements.La question des coûts intervient à n’en pas douter dans la décision des agriculteurs de recourir ou non à desMafor. Mais on ne saurait réduire à cet enjeu économique la problématique de l’insertion des Mafor dans lessystèmes techniques, abordé dans une deuxième partie. L’analyse est déployée à un double niveau : celui del’exploitation agricole d’une part, celui des territoires de circulation des Mafor d’autre part. Il s'agit de reconstituerle jeu des déterminants qui peuvent conduire des agriculteurs à utiliser des Mafor : ils apparaissent liés pourpartie aux représentations qu’ils se font des Mafor, et pour une autre partie à un ensemble de critères relevant del’univers technico-professionnel. Mais quels que soient ses déterminants, qui restent à mieux préciser, la décisiond’usage ouvre un nouvel ordre de questionnement : qu’est-ce qui va conduire, en fin de compte, l’agriculteur àépandre telle quantité de telle Mafor sur telle parcelle ? Les facteurs principaux qui gouvernent la déterminationtechnique des parcelles et des périodes d’épandage, l’attribution de certaines Mafor à certaines cultures, et enfinle complexe calcul des doses d’apport sont ainsi recensés. A cet égard, si la variabilité des teneurs en élémentsfertilisants et les faibles connaissances et confiance des agriculteurs dans les modèles de dynamique deminéralisation des Mafor rendent leur insertion dans le raisonnement agronomique complexe, certains outilsd’aide à la décision peuvent toutefois le faciliter. Enfin est synthétisé un ensemble de travaux consacrés à lagestion territoriale des Mafor, échelle qui s’impose lorsque la production dépasse la capacité d’épandage. Larecherche vise notamment à fournir des outils d’objectivation des surfaces disponibles à l’échelle d’un territoire,et à modéliser les échanges entre producteurs et utilisateurs