Cette thèse s’intéresse aux pierres de construction calcaires employées en contexte archéologique, dans la construction monumentale du VIIe siècle au Ier siècle avant J.-C. en Grèce continentale, plus précisément sur un ensemble de sites de l’est du Golfe de Corinthe. Contrairement aux marbres, les pierres calcaires et les carrières associées ont rarement fait l’objet d’une étude archéométrique et systématique, et des confusions sur la nature géologique des roches sont même courantes. Les principales questions abordées ici sont donc : (1) quels types de pierre sont mises en œuvre ? (2) D’où proviennent ces pierres employées ? (3) Pourquoi ces pierres ont-elles été choisies ? Cette thèse se base sur un travail de terrain extensif qui a permis de réaliser un inventaire des roches mises en œuvre et des carrières antiques. Il est combiné à l’étude des contextes géologiques et un travail historiographique important, nécessaires puisque le travail sur site archéologique est limité (travail sur des vestiges, sans échantillonnage). Le Golfe de Corinthe est un graben actif quaternaire : sur la marge sud affleurent des dépôts syn-rift, mis à jour suite à la surrection du Péloponnèse. Ce sont ces formations qui ont été exploitées par les constructeurs grecs et qui ont fournis la majorité des pôros, terme générique employé dès l’Antiquité pour désigner des roches récentes peu consolidées de type variés (grès, travertin, tuff, calcaire coquillier). Certains de ces faciès ont été importés, mais la majorité des sites exploite avant tout les ressources locales (calcaires durs, conglomérat ou grès en fonction de la géologie) : on observe une faible diversité de pierres pour chacun des sites (<5 faciès), et plus de 80% du volume de pierre représenté par un unique faciès local. Enfin, pour comprendre les choix de pierres par les constructeurs grecs, une étude des propriétés pétro-physiques de différents matériaux a été réalisée. La masse volumique était visiblement un des seules propriétés importantes. Un site possède des caractéristiques exceptionnelles : le sanctuaire de Delphes, où plus d’une vingtaine de faciès y ont été identifiés : les faciès locaux (calcaires, brèche et travertin) représentent un volume finalement assez faible. La moitié sont allochtones et représentent plus de 50% du volume de pierre mis en œuvre : la dune oolithique de Corinthe, le calcaire de Mégare, des pierres noires, des marbres cycladiques et attiques, mais aussi des grès variés dont l’origine reste à définir. Ces nouvelles données nous informent sur les échanges de pierres à l’échelle du Golfe dans l’Antiquité, et proposent des pistes sur l’étude des pierres calcaires utilisées dans la construction.This work focuses on limestone construction-stones used in archaeological context, in monumental construction from the 7th to the 1st century B.C., in continental Greece, more precisely on sites in the eastern Gulf of Corinth. Unlike marbles, limestones and their associated quarries have rarely been the subject of archaeometric and systematic study, and confusions about the geological nature of the rocks are common. The main questions addressed here are therefore: (1) what types of stone are used? (2) where do these stones come from? (3) why were these stones chosen? This thesis is based on extensive fieldworks, which provide an inventory of construction-stones and ancient quarries. It is combined with the study of geological contexts and an important historiographical study, as work on archaeological site is limited (working on remains, without sampling). The Gulf of Corinth is an active quaternary graben: on the southern margin, syn-rift deposits are outcropping because of the uplift of the Peloponnese. These formations were exploited by Greek builders and provided the majority of the pôros, a generic term used since Antiquity to speak about recent unconsolidated rocks of various types (sandstone, travertine, tuff, shell limestone). Some of these facies were imported, but the majority of the sites exploited local resources (hard limestone, conglomerate or sandstone, depending on the geology): a low diversity of stones is observed in each site (<5 facies), and more than 80% of the volume of stone is represented by one single local facies. Finally, to understand the choice of stones by the Greek builders, a study of the petrophysical properties of different materials was carried out. It seems that the density was the only important physical property. One site shows exceptional characteristics: the sanctuary of Delphi, where more than twenty facies have been identified: the local facies (limestone, breccia and travertine) represent a relatively small volume. Half of the facies are allochthonous and represent more than 50% of the volume of stone used: the oolitic dune of Corinth, the limestone of Megara, black stones, Cycladic and Attic marbles, but also various sandstones whose origin remains to be defined. These new data inform us about the exchange of stones at the scale of the Gulf in Antiquity, and suggest areas for future research on the study of limestone used in construction