La généticisation de l'agression Enjeux ontologiques, éthiques et juridiques

Abstract

Portée par une génomique du crime s'attirant les faveurs d'une part croissante de la communauté criminologique, de plus en plus d'études tendent aujourd'hui à s'intéresser à la valeur possiblement prédictive de certaines configurations génétiques vis-à-vis des conduites agressives et antisociales. La thèse du gène de l'agression, faisant l'objet de vives discussions parmi les chercheurs de diverses disciplines, incarne à ce titre un certain renversement épistémologique vecteur d'une nouvelle appréhension de l'étiologie du crime. Or, le causalisme biologique qui sous-tend cette bifurcation presque paradigmatique ne manque pas d'interroger, voire peut-être de remettre en cause, certaines de nos conceptions ontologiques, éthiques, et juridiques les plus ancrées eu égard aux agirs violents. L'objet de la présente recension consiste ainsi à venir discuter les différents enjeux soulevés par ce discours déterministe faisant de l'agressivité, et plus largement de tout comportement délictuel ou criminel, le symptôme d'une anomalie génétique signant une prédisposition à la violence. Il s'agira plus spécifiquement de pointer en quoi cette généticisation de l'acte agressif réagence tout d'abord notre manière de penser l'agressivité, laquelle se trouvant progressivement soumise à une lecture pathomorphique questionnant inévitablement les traditionnelles notions d'intentionnalité, d'imputabilité morale et de responsabilité pénale. Nous évoquerons également, à l'aune des théorisations sur la nouvelle pénologie ainsi que les débats relatifs au concept de dangerosité, dans quelle mesure ce mouvement de naturalisation de nos comportements violents paraît s'insérer dans une logique probabiliste sécuritaire visant à anticiper, à l'aide de marqueurs objectifs, tout passage à l'acte criminel potentiel

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