Contexte : en France, la proportion des femmes médecins généralistes a dépassé, depuis 2022 les 50%. Cela soulève de nombreuses interrogations dans une organisation sociétale encore androcentrée, soumise à de nombreux stéréotypes de genre. Les femmes médecins généralistes doivent faire face à des doutes concernant leur légitimité, leur compétence, leurs spécificités, leur adaptabilité, leur adéquation avec une médecine encore patriarcale.Nous avons donc tenté de faire la part entre le vrai et la croyance, d’interroger les différences réelles de pratiques en fonction du genre et d’objectiver les stéréotypes ressentis, intériorisés et transmis parmi les médecins eux-mêmes qui restent majoritairement issus d’une culture traditionnelle. L’originalité de ce travail réside surtout dans le questionnement du ressenti du praticien face à ces problématiques du genre du médecin.Méthode : fort des résultats d’une bibliographie construite avec les sciences du genre, un questionnaire couvrant les particularités suspectées ou avérées de l’exercice féminin de la médecine générale et le ressenti des praticiens concernant les différences en fonction du genre a été structuré. Il permet donc une étude quantitative transversale. Ce questionnaire couvre les spécificités d’exercice en fonction du genre du praticien mais aussi les ressentis des praticiens, selon un aspect plus subjectif. Il y a eu 206 réponses dont 85 questionnaires exploitables.Résultats : notre échantillon présente une surreprésentation de femmes et d’exercices en milieux ruraux et semi-ruraux. En terme de comparaison dans l’exercice médical, nous retrouvons, comme dans la littérature, une population féminine qui travaillent un peu moins que leurs. La tendance générationnelle de diminution du temps de travail pour les hommes est également visible dans nos résultats, liée aussi à l’âge de leurs enfants notamment à l’adolescence. Ils ont exprimé une vraie culpabilité dans leur indisponibilité envers leurs proches. Les femmes MG se sentent globalement surmenées, pressées par le temps, surchargées. Les hommes MG ont exprimé un mal-être profond avec souhait de réorientation, d’arrêt d’activité, d’insatisfaction du salaire. Les femmes endossent la responsabilité de la gestion de la vie personnelle et familiale en plus de leur activité professionnelle sauf quand le conjoint est en dehors du monde du soin. Cette charge familiale impacte largement le temps disponible des femmes MG, que ce soit pour leurs patients ou pour leurs loisirs.Le sentiment de légitimité s’améliore avec l’âge. Les hommes doivent rarement justifier outre mesures leurs décisions diagnostiques et thérapeutiques alors que pour 1/3 des répondantes elles doivent parfois le faire et un autre 1/3 rarement.Des préjugés genrés ont été révélés concernant les actes techniques et consultations spécifiques réalisées en fonction du genre. La majorité des hommes et seulement 1/3 des femmes pensent que les femmes MG travaillent moins alors que cela est objectivement démontré. Les femmes ne pensent pas travailler moins car elles mettent tout en place pour assurer une continuité de soins et leur temps libre est phagocyté par le travail domestique.Tous les praticiens ressentent une dévalorisation de la profession sans associé cela à la féminisation de la profession quel que soit leur genre. 88% des hommes et 62% des femmes expliquent la dévalorisation par l’effet Dunning Kruger.Conclusion : Un vrai engouement des femmes MG pour ces questionnements autour du genre a été révélé. Les hommes doivent s’emparer de cette thématique qui a le pouvoir de bouleverser la société pour un mieux vivre ensemble et une libération vis-à-vis des étouffantes contraintes de genre