Contagion émotionnelle chez l'humain : étude de la transmission des émotions positives via les odeurs endogènes et exogènes véhiculées par le corps

Abstract

Chez l’être humain l’odeur du corps d’un individu semble être porteuse d’informations de nature très variée à son sujet, et ces molécules une fois captées par d’autres individus semblent causer des effets à la fois cognitifs et physiologiques chez ces derniers. La littérature montre que les individus sont capables de collecter des informations sur des traits constants ainsi que sur des états transitoires d’une personne, en étant exposés à son odeur uniquement, et ceci de manière non consciente. Parmi les états internes transitoires étant communiqués via le sens olfactif, un facteur a récemment été l’objet d’études prometteuses : les odeurs corporelles semblent également être porteuses d'informations sur les émotions ressenties par la personne qui les émet. Ces études se sont concentrées sur le cas des émotions négatives, mettant de côté les états positifs pourtant porteurs de bénéfices majeurs pour les individus, les groupes, et la société. Outre ces lacunes, une autre zone d’ombre prend forme lorsque l’on s’intéresse à un facteur allant souvent de pair avec nos odeurs corporelles naturelles : les odeurs exogènes. L’être humain se parfume depuis l’antiquité et ces odeurs rajoutées par-dessus notre odeur endogène peuvent, logiquement, interagir avec celle-ci. Le but de cette thèse a été de tenter d’éclaircir ces zones d’ombres multiples pour comprendre si une transmission des états émotionnels positifs via le sens olfactif existait chez l’humain, et quelle potentielle modulation le parfum pouvait avoir sur celle-ci. Pour cela, nous avons mis en place dans une première étude un paradigme expérimental chez des « donneurs », de qui nous avons collecté les odeurs corporelles pendant qu’ils ressentaient des émotions positives ou non, puis les avons fait sentir dans un deuxième temps à des « receveurs », chez qui nous avons effectué des mesures physiologiques, verbales, et comportementales. Nos résultats montrent que cette transmission semble être possible et qu’il s’agirait même non seulement d’une transmission mais d’une « contagion », des indices de l’affect positif des donneurs étant retrouvés chez les receveurs après exposition aux odeurs des premiers. Dans une deuxième étude, nous avons testé cette fois-ci une méthode potentiellement plus efficace et écologique d’induire des émotions : via réalité virtuelle. Les résultats de l’étude 1 n’ont pas été répliqués, ce qui nous a fait prendre conscience de la nature subtile et hautement dépendante du contexte de ces signaux chimiques. Nous avons alors décidé d’augmenter encore le niveau de « réalisme » en menant une troisième étude faite à domicile. Dans cette étude les donneurs et receveurs vivaient sous le même toit en tant que colocataires ou couples, ce qui nous a permis d’explorer l’impact de la nature de la relation liant les deux partenaires communicants, ainsi que des niveaux de sociabilité de ceux-ci. La dernière étude est une preuve de concept et rend compte du développement méthodologique d’un outil pour mieux étudier les bases chimiques liées à ce type de communication, via la captation par des polymères des molécules odorantes au niveau du cou et des aisselles de participants, par la suite analysés en GC-MS. Dans les trois premières études le faisceau d’évidences pointe vers un effet non perturbateur du parfum sur la communication chimique des émotions positives, avec même pour certaines mesures verbales un potentiel synergique du parfum et de l’odeur corporelle positive qui mettrait en avant des caractéristiques de cette dernière. Finalement, un papier hybride mêlant opinion, revue de la littérature et présentant également quelques données expérimentales, s’intéresse aux multiples défis et obstacles que doit surmonter le domaine de la communication chimique chez l’humain, dont tous ont été rencontrés au cours de cette thèse, et certaines pistes de réflexion ainsi que des perspectives sont abordées.In humans, the smell of an individual's body seems to carry a wide variety of information about them, and these molecules once caught by other individuals, whether relatives or strangers, seem to cause both cognitive and physiological effects in them. The scientific literature shows that individuals are able to gather information about another person's persistent traits as well as transient states by being exposed to their scent alone, and this in a non-conscious way. Among the transient internal states that can be communicated via the olfactory sense, one factor has recently been the subject of promising studies: body odors also seem to carry information about the emotions felt by the person emitting them. Inappropriately, these studies have been focused on negative emotions, leaving aside positive states, despite the fact that they carry major benefits for individuals, groups, as well as for society at large. In addition to these shortcomings, another literature gap is found when one looks at a factor that often goes hand in hand with our natural body odors: exogenous odors. Humans have been perfuming themselves directly (on the skin) and indirectly (via clothing or ambient scents) since antiquity and these odors added on top of our endogenous odor can, logically, interact with it. The aim of this thesis was to try to clarify these multiple gaps in the literature, in order to understand if a transmission of positive emotional states via the olfactory sense existed in humans, and what potential modulation perfume could have on it. To this end, in a first study, we set up an experimental paradigm with "donors", from whom we collected body odors while they were feeling positive emotions or not, and then in a second step we exposed “receivers” to these odors, in whom we carried out physiological, verbal, and behavioral measurements. Our results show that this transmission of positive states seems possible in humans and that it is not only a transmission but rather a "contagion", because indices of the positive affect of the donors are found in the receivers when the latter are exposed to the odors of the former. In a second study, we repeated the same experimental design, this time testing a potentially more effective and ecologically valid method to induce emotions: via virtual reality. The results of the first study were not replicated, which made us even more aware of the subtle and highly context-dependent nature of these chemical signals. To better understand this, we decided to further increase the level of "realism" by conducting a third study which participants did at-home. In this study the donors and receivers both lived under the same roof, as either roommates or couples, which allowed us to better understand the impact of the nature of the relationship between the two communicating partners, as well as of their level of sociability. The last study is a proof of concept and reports on the methodological development of a device to better study the chemical bases underlying this type of communication, via the polymer capture of odorant molecules on the necks and armpits of participants, subsequently analyzed in GC-MS. In the first three studies, the sum of results points to a non-disruptive effect of perfume on the chemical communication of positive emotions, with even for some verbal measures, a synergistic potential of perfume and positive body odor that would highlight characteristics of the latter. Finally, a hybrid paper mixing opinion, literature review, and also presenting some experimental data, focuses on the multiple challenges and obstacles that the field of chemical communication in humans has to overcome, all of which have been encountered during this thesis, as well as gives some insights and perspectives for the future

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    Last time updated on 24/04/2023