Asociality and professional resocialization in the context of pandemic stress. A review of scientific literature on digital socialization and resocialization in social work

Abstract

Alors que les réseaux sociaux numériques sont questionnés à propos de leur contribution à une société de plus en plus marquée par diverses formes d’asocialités, nous ne savons pas si cet effet concerne aussi les groupes professionnels, corps sociaux pourtant reconnus pour la puissance de leur socialisation et pour leur action dans le maintien des formes sociales. Cette recension des écrits porte donc sur la place de l'asocialité dans les formes émergentes de socialisation numérique dans les professions du domaine de la santé et des services sociaux en général, et du travail social en particulier. Ses objectifs étaient de : 1) faire la synthèse des matériaux conceptuels et méthodologiques, ainsi que des connaissances, concernant l'asocialité dans les formes émergentes de socialisation et de resocialisation numériques dans les professions du domaine de la santé et des services sociaux; 2) à en dégager les particularités pour le domaine spécifique du travail social; et 3) à distinguer conceptuellement ce qui relève, dans les processus de resocialisation, spécifiquement de l'asocialité et de la recomposition identitaire. Des 264 études que nous avions identifiées au départ, nous en avons gardé 51 pour analyse. Les requêtes ont été réalisées à partir de 4 groupes de mots-clés, soit les ceux liés à la socialisation professionnelle, au numérique, aux professionnels de la santé et aux travailleuses sociales. À ces mots-clés se sont ajoutés nos critères de recherche. En effet, nous nous sommes spécifiquement attardés aux articles en anglais ou en français, dont le texte intégral était disponible et dont l’année de publication se situait entre 2005 et 2022. Les résultats de cette recension nous démontrent que les recherches sur les questions de socialisation professionnelle en contexte numérique ont fait surface au tour de 2011, avec un intérêt marqué en 2020. Cet intérêt touche une diversité de pays, mais plus intensément les États-Unis. De plus, malgré que cette recension se concentrait sur les domaines de la santé et du travail social, nous remarquons l’intérêt soutenu pour le sujet en éducation. Par ailleurs, 37% des études sont de nature qualitative, contre 10% de nature quantitative. Les entrevues individuelles et les questionnaires sont les méthodes de collecte de données les plus répandues. Des 51 études, aucune ne s'est penchée explicitement sur le concept d’asocialité, préférant son envers positif, la socialisation professionnelle. 39% des études ont mentionné autant des effets bénéfiques que négatifs de l’usage du numérique pour la socialisation professionnelle. 25% n’ont mentionné que des effets positifs. De surcroît, les résultats des différentes études nous permettent de supposer que le numérique a des effets de (re)socialisation et, parfois, d’asocialité, mais indirectement. En ce sens, le phénomène de (re) socialisation se sépare en deux catégories logiques distinctes, mais inter-reliées, soit, 1) les facteurs facilitant la (re)socialisation professionnelle et 2) le travail identitaire. Ce travail identitaire a deux volets : 1) pour soi (clarification de l’identité professionnelle et développement professionnel) et 2) avec et pour le collectif disciplinaire (création de liens sociaux, développement des connaissances, réflexion et résistance). C’est par la résistance que nous pouvons inférer une certaine forme d’asocialité, bien que celle-ci n’était pas mentionnée explicitement dans les études. Cette asocialité, à l’interne du groupe, pourrait contribuer à la marginalisation de ceux qui n’adhèrent pas aux discours dominants. Cela peut produire une polarisation des opinions. Nous identifions aussi les facteurs liés au numérique qui auraient le potentiel d’engendrer une forme d’asocialité (manque de connaissances sur le numérique, hyper-connectivité, trop d’informations à gérer). En ce qui a trait au travail social, nous remarquons une ambiance un peu moins technophile que dans les recherches du domaine de la santé. Une certaine méfiance à l’égard de l’usage du numérique à des fins professionnelles et une attention accrue accordée aux dangers et enjeux éthiques est observable. Nous faisons l’hypothèse que cela serait due à l’ethos du travail social, qui demande à ce que ses professionnelles fassent preuve d’esprit critique. Ceci étant dit, beaucoup d'études en travail social ont tout même majoritairement présentés les effets bénéfiques de l’usage du numérique à des fins de socialisation professionnelle

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