Être urbaniste en Suisse romande. Description d'un champ professionnel en mutation

Abstract

Entre novembre 2017 et mars 2018, une vaste enquête par questionnaires a été lancée, par les Universités de Genève et Lausanne, auprès de 1375 personnes supposées avoir une activité en lien avec la production du territoire en Suisse romande. Dans un deuxième temps, 24 entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès d'interlocuteurs représentatifs. Le portrait de l'urbaniste romand qui résulte de cette enquête est celui d'un-e géographe, architecte, aménagiste ou environnementaliste formé-e en Suisse. Plutôt jeune, il travaille à une courte majorité dans une administration. Peu engagé dans les associations professionnelles, il acquiert un sentiment d'identité professionnelle au moyen de sa discipline de formation. Il exerce dans un environnement plutôt ouvert, l'urbanisme étant conçu comme un domaine interprofessionnel, frappé du sceau de la coopération entre les différentes disciplines à l'origine des métiers de la ville. Les réponses au questionnaire montrent un tropisme plutôt classique dans l'identification des disciplines préparant le mieux aux métiers de l'urbanisme. On évoque ainsi, dans l'ordre, l'architecture, la géographie, l'architecture du paysage. Cette lecture somme toute conforme à l'histoire se manifeste également dans les propositions d'organisation des formations qui nous ont été faites. Le modèle plébiscité est celui d'une formation de type post-diplôme, qui parachèverait un parcours disciplinaire poussé en initiant les candidats aux arcanes des autres disciplines de l'urbanisme, de manière à favoriser le dialogue des disciplines dans le projet urbain. Si le portrait en chiffres de l'urbaniste romand est globalement proche de ce que l'histoire du domaine laissait supposer, il n'en demeure pas moins que le champ de l'urbanisme est, en Suisse francophone comme ailleurs, traversé de tensions qui le dynamisent. La pensée du projet, le durcissement de LAT, la nécessité de ne plus seulement faire la ville, mais de faire avec la ville ont conduit, d'une part, à l'intégration de nouveaux métiers, dont certains, mentionnés dans les entretiens, n'apparaissent même pas dans les réponses au questionnaire, comme le travail social ; d'autre part, à l'explicitation de nouvelles compétences cardinales dès lors que l'on veut être urbaniste, notamment celles liées au leadership, à la capacité de management ou encore à la communication

    Similar works