Les recherches sociologiques sur les personnes désignées comme « handicapées mentales » sont relativement rares en France (Fardeau, 2001). Et on peut remarquer également que si le cinéma s’est souvent intéressé à la folie, il a plus rarement traité de questions liées à la déficience intellectuelle (Revue Etre Handicap information, 1996). Toutefois depuis les années 1990, quelques films dont les personnages principaux présentent une déficience intellectuelle connaissent un succès populaire non négligeable .
En sociologie du handicap, en France, c’est Nicole Diederich qui en tant que sociologue, s’est fortement attachée à donner la parole aux personnes « désignées comme handicapées mentales » (Diederich, 2004), et qui a rencontré nombre de ces personnes « condamnée(s) à se taire » pour écrire leurs paroles et contribuer ainsi à faire connaître leur point de vue sur leur vie et leur place sociale.
Le travail de recherche que nous nous proposons de présenter pour ce colloque vise le même objectif. Il traite, dans le cadre d’une sociologie par l’image, de la question des usages du corps dans les processus d’intégration sociale de jeunes sportifs ayant une déficience intellectuelle. A partir de séquences filmées d’entretiens individuels, d’entraînements sportifs, de réunions de groupe (prises de vues réalisées au cours de stages sportifs en 2014 et 2015 ) notre objectif est de faire émerger le point de vue critique de ces jeunes sur leur vie quotidienne, le regard qu’ils portent sur les difficultés qu’ils rencontrent dans leurs relations sociales et la façon dont la société, au quotidien, les assigne à l’insignifiance et à l’incapacité. Il s’agit donc de dévoiler leur point de vue sur leur vie quotidienne « intégrée » en utilisant leurs récits de la rareté et de la pauvreté des liens dont elle est faite, ainsi que leurs récits d’expériences de l’indifférence ou du mépris