Université de Lausanne, Faculté de biologie et médecine
Abstract
Le cannabis est l'une des drogues illégales les plus consommées au monde. Le delta-9-
tétrahydrocannabinol (THC) est le composé psychoactif majeur du cannabis et est fréquemment
détecté dans le sang de conducteurs impliqués dans un accident de la route, alors qu'il est
actuellement interdit de conduire sous l'influence du THC en Suisse comme dans de nombreux
pays européens. La détection de ce composé dans le sang est suivie d'une série de mesures
pénales et administratives à l'encontre du conducteur impliqué.
Cette thèse intitulée « Etude d'administration contrôlée de cannabis et profils cinétiques dans
les fluides biologiques » s'inscrit dans une étude toxicologique menée au Centre Hospitalier
Universitaire Vaudois (CHUV). Le but de cette étude est d'évaluer les effets du cannabis sur le
fonctionnement du cerveau lorsque le consommateur accompli une tâche fondamentale de la
conduite automobile. Pour cela, l'imagerie médicale par résonnance magnétique fonctionnelle
(IRMf) est combinée à un test informatisé simulant une tâche psychomotrice requise pour une
conduite automobile sûre. Il s'agit d'un test de double tâche de poursuite d'une cible au moyen
d'un curseur dirigé par un joystick, combiné à une tâche secondaire de détection de signaux
routiers. Parallèlement, les profils cinétiques sanguins et salivaires des volontaires ont été
déterminés grâce à des prélèvements effectués tout au long de la journée d'étude.
Les objectifs principaux de ce travail de thèse sont les suivants : après une revue de la
littérature existante sur les techniques d'analyse des cannabinoïdes dans les fluides
biologiques, une méthode a été développée et validée pour ces composés dans la salive puis
appliquée aux échantillons de l'étude. En parallèle, les échantillons sanguins et urinaires ont été
analysés, en partie avec une méthode adaptée de celle développée pour la salive. Pour montrer
la versatilité de cette méthode, celle-ci a été employée pour analyser des échantillons de bile qui
a l'avantage de contenir des concentrations élevées de métabolites conjugués. Dans un
deuxième temps, les dosages effectués sur le sang et la salive ont permis d'établir les profils
cinétiques des cannabinoïdes, de déterminer leurs paramètres pharmacocinétiques et de les comparer. Les données obtenues ont montré que la concentration sanguine en acide 11-nor-9-
carboxy-delta-9-tétrahydrocannabinol (THCCOOH) pouvait servir à distinguer les fumeurs
occasionnels des fumeurs réguliers de cannabis, car elle est significativement plus élevée chez
les consommateurs réguliers. De plus, d'autres cannabinoïdes présents dans la salive
pourraient servir de marqueurs de consommation récente dans ce fluide biologique. Enfin, que
ce soit dans le sang, la salive ou l'urine, des phytocannabinoïdes peuvent être utilisés comme
marqueur de consommation de cannabis illégal car ils sont absents des médicaments à base de
cannabis utilisant des préparations synthétiques ou purifiées du THC