Université de Lausanne, Faculté de biologie et médecine
Abstract
Introduction : L'utilité de l'échocardiographie (EC) dans la prise en charge des maladies cardiorespiratoires n'est plus à prouver. Dans la mesure où l'EC est un outil non invasif et réalisable au lit du malade, il est dès lors intéressant de l'employer comme complément à l'examen standard du patient cardiaque et pas uniquement comme examen accessoire. Son utilisation dans des situations où il faut établir rapidement un diagnostic chez un patient hémodynamiquement instable, ou qui présente des plaintes suggestives d'une pathologie menaçant la vie, circonstances fréquemment retrouvées aux urgences, est déjà bien reconnue. Néanmoins, la subtilité et la multiplicité de la présentation des pathologies cardiaques masquent fréquemment des diagnostics. Ce travail a donc pour but d'évaluer le bénéfice des EC effectuées par des urgentistes sur des patients atteints de troubles cardiorespiratoires dans le service d'urgence du CHUV.
Méthodologie : Pour qu’un dossier ait été inclus, il fallait que l’EC ait été pratiquée par un urgentiste du CHUV formé à cette intention, dans le service d’urgence et qu’aucun compte‐rendu n’ait été lacunaire. Ensuite, les dossiers dont l’EC a apporté un diagnostic inattendu (DI) ont été sélectionnés. Enfin, l’impact du DI sur la prise en charge du patient a été analysé.
Résultats : Parmi les 511 dossiers sélectionnés, il y a eu 79 DI, ce qui correspond à 15,5% des EC réalisées par les urgentistes. Au sein de ces DI, 53,2% des EC ont eu une conséquence majeure sur la prise en charge du patient, 27,8% un impact mineur, les 19,0% restants n’ont eu aucun effet. La majorité des DI ayant un impact majeur a eu pour résultat de modifier radicalement le traitement du patient (31,0 %) ou de changer son orientation (19,0%), par exemple en l’hospitalisant.
La plupart des malades ayant eu une EC révélant un DI se sont présentés aux urgences du CHUV avec une dyspnée (29,1%), une douleur thoracique (19,0%), une tachypnée (12,7%) ou un malaise (12,7%). Par ailleurs, les symptômes suivants sont ceux qui présentent les plus grandes proportions de DI après EC. La dyspnée a conduit à 25,3% de DI, la douleur thoracique à 21,7%, la tachypnée à 20,0% et les malaises à 17,9%. Les trois DI les plus fréquents révélé par les EC sont l’insuffisance cardiaque (34,2 %), l’épanchement péricardique (31,2%) et les insuffisances valvulaires (13,9%). Ces pathologies ont eu plus fréquemment des DI que les autres EC. Il y a eu 48,1% de DI parmi les épanchements péricardiques, 35,5% parmi les insuffisances cardiaques et 21,1% parmi les insuffisances valvulaires.
Conclusion : Le nombre de DI est élevé et leur impact sur la prise en charge des patients est important. De plus, les symptômes et pathologies fréquemment découverts par l’EC sont couramment retrouvés aux urgences et il est alors indispensable d’avoir à disposition un examen complémentaire pouvant accélérer leur diagnostic et donc améliorer leur prise en charge. La pratique de l’EC par les urgentistes apporte une réelle plus‐value dans la prise en charge des patients atteints de maladies cardiorespiratoires