Dépistage organisé du cancer du col de l’utérus : déterminants de recours et inégalités sociales. Le programme de Dépistage Organisé du Cancer du Col de l’Utérus sur le site pilote du Val-de-Marne
The organised cervical cancer screening (CCS) programme has been shown to be effective in increasing CCS coverage and decreasing both CC incidence and mortality. In France, until 2019, taking a CCS was mainly an opportunistic decision. However, an organised CCS pilot programme was initiated in 2010 within 13 administrative geographical areas. This pilot programme improved CCS coverage by 12 percentage points. This analysis investigated participation in CCS in the Val de Marne (VDM), which is one of the 13 areas implementing the CCS pilot program. Our objective was to identify the contextual factors associated with participation in the CCS pilot program and to examine social inequalities in participation in CCS. We analysed a large population-based sample (more than 200 000 people) including information on CCS participation extracted from administrative records and neighbourhood social deprivation. The CCS pilot programme targeted all women who did not perform a Pap smear during the past three years. Among women who were invited to the CCS pilot programme, we found that those living in the most deprived neighbourhoods and older women participated less. A clear social gradient with higher participation among women living in the least deprived neighbourhoods was reported in the 35-45 years old age group, where we also observed higher participation among women living in neighborhoods with lower proportions of single women. These associations most probably reflected the burden of both family commitments and CCS cost, which impact more screening participation among socially deprived women. In a second analysis, we aimed to examine social inequalities in participation in CCS. When comparing overall to opportunistic screening, we found similar or slightly smaller inequalities by social deprivation but larger inequalities by age. Younger women participated more both in opportunistic and organized CCS compared to older women. In France, the organised CCS programme is currently being implemented at the national level. We found persisting social inequalities in CCS participation in an area implementing a pilot organised screening programme. It is essential to increase CCS coverage in each group of the population. Our findings suggest several ways to improve CCS coverage. First, the financial barrier to CCS should be removed. Then interventions targeting health care professionals and women should be developed in order to both increase CCS participation and reduce socioeconomic inequalities in participation.Les intérêts d’un dépistage organisé en termes de réduction d’incidence et de mortalité du cancer du col de l’utérus (CCU), grâce à une augmentation de la couverture du dépistage du CCU, ont été démontrés dans la littérature internationale. En vue de la généralisation du dépistage organisé du CCU (DOCCU) au niveau national en France, une étude a été menée sur 13 départements expérimentaux dont le Val-de-Marne à partir de 2010 et a montré une augmentation de la couverture de 12 points à la suite de l’implémentation de ce programme. Toutefois, ni les déterminants de recours au DOCCU ni les inégalités sociales de participation n’ont été analysés. L’objectif de ce travail de thèse était d’identifier les déterminants de recours au DOCCU et d’analyser les inégalités de participation au dépistage du CCU sur le site pilote du Val-de-Marne. Ce travail s’est appuyé sur un échantillon conséquent de femmes (supérieur à 200 000) avec des données issues de l’assurance maladie. Dans une première analyse conduite chez les femmes ayant été invitées au DOCCU, nous avons mis en évidence l’importance de l’âge et du niveau-socioéconomique du quartier de résidence dans le recours au dépistage. Au-delà de la seule position socioéconomique, nos résultats suggèrent l’importance du cumul des vulnérabilités, qui semble particulièrement important dans la tranche d’âge 35-45 ans où l’impact du poids de la famille serait majeur chez les femmes résidant dans des quartiers socialement défavorisés. Nous pouvons supposer que ces femmes priorisent les soins d’urgence et de traitement, la prévention étant reléguée au deuxième plan. Par ailleurs, les difficultés logistiques et les frais liés à une garde d’enfants afin de réaliser un dépistage du CCU ne sont pas négligeables en plus du coût de la consultation médicale souvent déjà élevé. Dans une deuxième analyse, nous avons étudié les inégalités sociales de recours au dépistage. Nos travaux montrent que les inégalités sociales restent globalement stables ou se réduisent légèrement lorsque l’on tient compte du DOCCU. Toutefois les inégalités de recours selon les classes d’âge se creusent, le programme semblant favoriser la participation chez les femmes plus jeunes. Le dépistage organisé est maintenant en déploiement sur toute la France. Améliorer l’accès au dépistage pour toutes les catégories de population et notamment les plus vulnérables est essentiel. La combinaison d’une multitude de facteurs est la clef pour réduire les inégalités sociales de participation. D’après nos résultats, la barrière financière demeure un obstacle majeur dans ce dépistage et doit être supprimée. Développer de multiples interventions en direction des professionnels de santé et des femmes est également nécessaire afin d’augmenter la participation et de réduire au mieux les inégalités de participation