Le cerf rusa, espèce invasive : Micro-usure dentaire, écologies inter et intra-populationnelles, régime alimentaire, génétique des paysages

Abstract

Contexte : Le cerf rusa, espèce invasive introduite en Nouvelle Calédonie en 1870, constitue actuellement un objet de préoccupation majeur, autant d’un point de vue agricultural qu’environnemental, du fait de son impact dramatique sur les paysages. Malgré des dégradations observées dès 1880 (Barrau, 1957), le manque de connaissances sur son écologie et son rôle symbolique pour les calédoniens ne favorisent pas sa gestion. Afin de mettre en place des stratégies de gestion les plus efficaces possibles dans le but de limiter l’effet dévastateur des cerfs rusa sur la biodiversité, la culture et l’élevage en Nouvelle-Calédonie, une connaissance approfondie du comportement alimentaire de l’espèce est nécessaire.Objectifs de l’étude : L’étude menée par E. Berlioz entre avril 2018 et juillet 2019 a eu pour objectifs d’en connaitre davantage sur l’écologie alimentaire de cette espèce et de proposer un outil de suivi de l’impact du cerf rusa sur les habitats calédoniens. Il s’agissait d’identifier avec précision les types de plantes consommées en fonction de la saison, du sexe et de la densité de population de ces animaux via une caractérisation de l’abrasion dentaire à l’échelle micrométrique sur un cycle annuel et dans les principaux écosystèmes naturels (forêts sclérophylles, mésophylles, humides) et anthropisés. Il s’agissait également d’évaluer le potentiel des analyses de texture de micro-usure dentaire comme outil de suivi de la gestion des populations de cervidés.Objectif initial : suivi de 5 populations sur 1 année, prélèvement sur 3 périodes de 2 mois correspondant aux trois saisons Néo-Calédoniennes, à raison de 30 mâles et 30 femelles par site et par saison, soit 1200 spécimens au total. Prélèvement en parallèle de fèces et contenus stomachaux pour quelques spécimens par site et par saison.Collection réellement constituée : 2500 mandibules provenant de 13 sites largement répartis sur la Grande Terre ont été échantillonnés sans interruptions entre avril 2018 et mai 2019. 200 échantillons de panses et 600 prélèvements de fèces ont en outre été prélevés sur les mêmes individus. Enfin, plus de 2000 biopsies de tissu musculaire ont été effectuées sur des cerfs abattus sur l’ensemble de la Grande Terre. Il s’agit là d’une collection unique au monde et d’une valeur scientifique inestimable.Nouveaux objectifs : La mise en place de plusieurs collaborations internationales autour de cette collection va nous permettre d’aller beaucoup plus loin dans notre compréhension de l’écologie du cerf rusa calédonien :- Génétique des paysages : Comprendre l’histoire du peuplement de la Nouvelle-Calédonie par les cerfs, les relations entre populations et le lien avec la ressource eau (Alain Frantz, Museum d’Histoire Naturelle du Luxembourg)- L’identification taxinomique des espèces végétales consommées par les cerfs grâce au séquençage ADN des fèces et des échantillons de panses permettra une connaissance encore plus approfondie du comportement alimentaire de l’espèce dans une grande diversité d’habitats (Entreprise Spygen, Chambéry)

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