Le démontaga du Temple de Tafa, en 1960, et le transport
des blocs de pierre qui le constituaient sur l’île
d’Eléphantine, près d’Assouan, constituèrent la première
action de sauvetage des Monuments Nubiens.
Le démontage fut execute par une équipe technique
du Service des Antiquités de l’Egypte, sa direction
scientifique — par Monsieur H. Ashiri, architecte du
Centre de Documentation au Caire, et l’auteur da cet
article, fut délégué par le Centre Polonais d’Archèologie
de l’Université de Varsovie au Caire.
Tel qu’on le voit à présent, le Temple de Tafa ne représente
que la partie subsistante d’un sanctuaire plus
vaste. Son importance historique est grande, du fait
qu’il s’agit d’un des rares échantillons subsistants en
Nubie da l’architecture sacrée d’époque romaine.
Encore presqu’entièrement conservé au début du
siècle, l’élévation du barrage d’Assouan en 1907—1912
lui fut fatale et précipita sa destruction. Lorsqu’il
fut démonté en 1960 il était presque totalement en
ruines.
Pourtant, vu l’examen préliminaire des blocs et l’étude
des possibilités de reconstruire le Temple à partir de
ses elements originaux — d’après leur nombre et leur
état — tous les espoirs sont parmis. Aussi, les méthodes
appliquées au cours du démontage — particulièrement
en ce qui touche à la minutie de la documentation
— n’avaient pas seulement pour but da
préserver les fragments du Temple, mais encore de
recueillir le matériel le mieux fourni afin de permettre
la reconstruction de ce monument de la façon la plus
complète et la plus authentique.
Le but fondamental de ces études fut la solution d’un
problème duquel dépendait toute la reconstruction:
retracer la position originelle des blocs provenant des
parties ruinées, reconstituant ainsi, autant que possible,
l’apparence du Temple avant sa destruction.
La suite de cet article est consacrée à la description
des méthodes utilisées afin d’obtenir ce but et à la
justification des résultats obtenus.
La position originelle des blocs a été déterminée par
une sétie de classifications. En premier lieu, on
a cherché à déterminer à quelle partie du Temple
pouvait appartenir chaque bloc; ensuite, dans quelle
assise il se trouvait et finalement la place qu’il occupait
dans cette assise. Toute une série d’indices, du
plus général au plus particulier, permet d’établir cette
position. Selon ce processus méthodologique, voici
l’ordre dans lequel on les interroge:
a) point de la chute du bloc,
b) sa forme et ses dimensions,
c) méthode du découpage de chacune de ses faces,
d) découpage même des joints.
Les blocs furent classifiés en 17 groupes suivant leur
caractère et leur emplacement primaire dans les
parties respectives du Temple. Appliquant aux groupes
les détails déterminés ci-dessus, les positions primaires
de 254 blocs sur 395 préservés purent être retrouvés
exactement. Quant aux 141 blocs encore à l’étude il
est permis d’espèrer que l’on retrouvera leur place
par la même méthode.
Si l’on considère qu’au total de 157 blocs „in situ” et
aux 254 à la position bien ‘établie on ajoute 141 provenant
des murs dont la position même dans les
assises peut être approximativement déterminée, on
peut constater qu’on a 93% du material disponible
à la reconstruction du Temple. Il n’y aurait donc
besoin d’utiliser que 7 % — c’est à dire environ
40 blocs — des pierres neuves.
A la lumière de cette étude il semble plainement
justifié de croire que le temple de Tafa pourrait être
entièrement reconstruit à partir de ses éléments
originaux, comme il’a été signifié au début de cet
article