Objectif : La surdité professionnelle pose encore des problèmes de reconnaissance et d’indemnisation en Tunisie. L’objectif de notre étude est d’analyser les conditions de reconnaissance et d’indemnisation de la surdité professionnelle auprès des travailleurs d’une industrie automobile.Matériel et méthodes : Nous avons mené une étude descriptive rétrospective qui a porté sur les salariés de la Société Tunisienne d’Industrie Automobile (STIA) victimes de surdité professionnelle reconnue par la Commission Médicale du centre sur une période de cinq ans (2003 à 2007).Résultats : Un total de 81 dossiers de surdité professionnelle reconnue a été colligé durant la période d’étude. Notre population était constituée par une main d’oeuvre masculine qualifiée (50,6%) et non qualifiée (38,3%) ayant une ancienneté moyenne dans le poste bruyant de 28,7 ± 6,8 ans. Le niveau moyen d’exposition professionnelle au bruit était de 90,7 ± 3,9dB(A). Il était plus élevé dans les ateliers de presse [92,4dB(A)], de tôlerie [91,6 dB(A)] et de peinture [90 dB(A)]. La perte auditive moyenne (PAM) sur la meilleure oreille était de 65,7 ± 17,4dB. Les potentiels évoqués auditifs ont été pratiqués chez 66 patients (81,5%) et ont confirmé le diagnostic de surdité de perception dans 64 cas et d’une surdité mixte dans les 2 autres cas. L’audiométrie tonale avec prothèse auditive a été pratiquée dans 71,6% des cas et a relevé une amélioration estimée nette chez 81% des patients. Le taux moyen de l’incapacitépermanente partielle était de 21,5 ± 6,8% avec des extrêmes allant de 8 et 51%. La majorité des salariés (92,6%) avaient un taux d’IPP entre 15 et 35%. La PAM > 60 dB a été statistiquement corrélée avec la catégorie professionnelle (p=0,017) et l’ancienneté au travail (p=0,039).Conclusion : La réparation de la surdité professionnelle présente encore des limites et des imperfections liées aux critères de reconnaissances qui doivent être révisées.Mots-clés : Surdité professionnelle, Bruit, Industrie automobile, Réparation