Nouveaux éclairages sur la genèse du Dernier des Justes au regard d’éléments inédits sur les cinq versions du roman

Abstract

Le premier roman d’André Schwarz-Bart (1928-2006), Le Dernier des Justes, paru au Seuil en septembre 1959 connut un succès considérable dès avant l’attribution du Prix Goncourt en décembre de la même année et fut aussitôt traduit dans une trentaine de langues. Répondant à la nécessité intérieure de rendre hommage aux membres de sa famille assassinée à Auschwitz, de célébrer la mémoire du peuple juif massacré par les nazis, ce roman conçu comme un petit caillou déposé sur une tombe de nuages se présente comme une « saga identitaire » (F. Kaufmann), un récit mythico-historique Après plusieurs expériences d’écriture entre 1945 et 1953, le noyau initial du roman apparaît en 1953 autour du personnage contemporain d’Ernie Lévy, puis remonte le temps pour inscrire Auschwitz dans neuf siècles d’antisémitisme européen. Il n’aboutit que six ans plus tard, au bout de cinq versions aux approches et tons différents, passant du lyrisme à l’ironie, de la distance narrative à celle des légendes juives et des chroniques médiévales. L’étude génétique de ce roman foisonnant se fonde sur une thèse universitaire et cinquante ans de recherches. Elle s’appuie sur l’analyse de notes et de brouillons confiés par l’auteur dans les années 70, ou consultés après sa mort dans sa maison de Goyave (Guadeloupe). Le processus de création de l’œuvre est également éclairé par des échanges avec l’auteur (correspondance, notes prises lors de rencontres et d’entretiens téléphoniques), ainsi que par des interviews et des analyses littéraires contenues dans les trois imposants dossiers de presse réunis par les éditions du Seuil à la suite de la publication du Dernier des Justes, et dépouillés en 1972. La correspondance entre l’auteur et le Seuil a été consultée dans les archives de l’IMEC en août 2019. La correspondance privée d’André Schwarz-Bart avec Robert Kocioleck, un ami d’après-guerre, a été consultée et étudiée la même année à Jérusalem.André Schwarz-Bart’s (1928-2006) first novel, Le Dernier des Justes, published by Le Seuil in September 1959, was already a great success before being awarded the Goncourt Prize in December of that year and was immediately translated into some thirty languages. Responding to the inner need to pay homage to the members of his family murdered in Auschwitz, to celebrate the memory of the Jewish people massacred by the Nazis, this novel, conceived as a small pebble placed on a grave of clouds, presents itself as an “identity Saga” (F. Kaufmann), a mythico-historical narrative. After several writing experiments between 1945 and 1953, the initial core of the novel appeared in 1953 around the contemporary character of Ernie Lévy, and then went back in time to inscribe Auschwitz in nine centuries of European anti-Semitism. It was completed six years later, after five versions, each one with different approaches and tones, moving from lyricism to irony, from narrative distance to that of Jewish legends and medieval chronicles. The genetic story of this ample novel is based on a doctoral dissertation and fifty years of research. It is grounded on the analysis of notes and drafts entrusted by the author in the 1970s, or consulted after his death in his house in Goyave (Guadeloupe). The creative process of the novel is also fueled by exchanges with the author (correspondence, notes taken during meetings and telephone conversations), as well as by interviews and literary analyses contained in the three imposing press files gathered by the Seuil publishing house following the publication of The Last of the Just, and studied in 1972. The correspondence between the author and Le Seuil was consulted in the IMEC archives in August 2019. André Schwarz-Bart’s private correspondence with Robert Kocioleck, a post-war friend, was consulted and studied in Jerusalem the same year

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