Des tentatives de développement rural au Burkina Faso : « opération plaines mécanisées », petits barrages et périmètre rizicole de Boulbi

Abstract

Rural Development attempts in Burkina Faso : areas using mechanical machinery , small dams and Boulbi rice area. After the Second World War, several attempts were made in order to improve the agricultural production in Burkina Faso, particularly that of rice. A first crop trial of rural depression areas using mechanical machinery failed rapidly. Rice growing was continued under more modest basis by a development company, then by a state entity, requesting the farmers' participation more, but it did not give good results either for multiple material and social reasons, especially because of the low interest of village dwellers for rice growing. Since its creation in 1956, the Agricultural Engineering launched an important operation to create balancing water reservoirs by small dams, which proved to be poorly efficient. A further water policy together with the intervention of various national bodies and an international funding enabled to count now more than 300 of them in 1983, of which 30 were supplemented downstream by perimeters devoted to irrigated cultivation. Despite the normal interest of farmers in these achievements, the very small superficy of these allocated plots, the competition between rice growing and that of traditionnal crops, the meager crops and incomes they supplied, often led to neglect rice to the benefit of market gardening crops which had a better yield The pluvial rice crop was an ancient tradition in Burkina, especially in the South-East of the country. An increase of its national production will demand a rise in consumption ; the later was sharply unsufficient even considering the policy of rice growing perimeters. The assessment of the case of the rice plain of Boulbi illustrates the reasons of this situation ; developed by a Chinese team since 1 956, it allowed to extend the growing surface up to 75 ha in 1973, on which each farmer had a plot of 20 ares at his disposal, and then 30 ares a few years later. Rice growing in the humid season was performed in rotation with the market gardening crop in the dry season. Ploughing, transplanting use of fertilisers and pesticides, enabled to have good yields. But however this apparantly satisfying achievement had several defects : the traditionnal estate owners, expropriated by the state, stayed partly on the sidelines of the project ; nearly 45 % of plots were allocated to city-dwellers (civil servants, traders...) who used a salaried labour to cultivate them : they represented the great majority of the leading team of the cooperative company, that managed the perimeter, and which decisions were made for their own benefit. Huge yield discrepancies between farmers and non-farmers appeared. That is why for the farmers, millet cultivation still mobilised the essential part of the activity : rice growing represented for them only a modest financial revenue, and has never been an efficient means of development. Since 1973, several reasons led to the production decline : diminishing of the cultivated surfaces due to water shortage, non-respect of certain technical themes, higher cost of fertilisers, non-availability of labour, degradations of facilities... A rehabilitation of the perimeter seemed to be indispensable, but risked to be unsufficient, if not given totally to the farmers' responsability.Après la Seconde Guerre mondiale, diverses tentatives ont été faites pour améliorer la production agricole au Burkina Faso, en particulier celle du riz. Un premier essai de culture des bas-fonds par des moyens mécaniques échoua rapidement. Reprise sur des bases plus modestes par une société de développement puis par un organisme d’Etat, faisant davantage appel à la participation des paysans, elle ne donna pas non plus de bons résultats pour de multiples raisons matérielles et sociales, en particulier à cause du faible intérêt des villageois pour la culture du riz. Dès sa création en 1956, le Génie Rural lança une opération importante de création de retenues d’eau par de petits barrages qui s’avérèrent peu efficaces. Une politique de l’eau plus poussée faisant intervenir divers organismes nationaux et un financement international permit d’en compter plus de 300 en 1983, dont une trentaine complétés en aval par des périmètres destinés à la culture irriguée. Malgré l’intérêt certain des paysans pour ces réalisations, la très petite superficie des parcelles allouées, la concurrence entre la culture du riz et celle des céréales traditionnelles, la modestie des récoltes et des revenus qu’elles procuraient, ont souvent fait négliger le riz au profit des cultures maraîchères, d’un meilleur rapport. La culture pluviale du riz était de tradition ancienne au Burkina, surtout dans le Sud-Ouest du pays. Une augmentation de sa production nationale exigeait un accroissement de la consommation ; celle-ci, recherchée par une politique de périmètres rizicoles, a été très insuffisante ; les raisons en apparaissent à travers l’analyse du cas de la plaine rizicole de Boulbi. Aménagée par une équipe chinoise à partir de 1956, elle permit d’étendre la surface cultivée à 75 ha en 1973, sur laquelle chaque exploitant disposait d’une parcelle de 20 ares, passée quelques années plus tard à 30 ares. La culture du riz en saison humide alternait avec la culture maraîchère de saison sèche. Labour à la charrue, repiquage, utilisation d’engrais et de pesticides, permettaient d’obtenir de bons rendements. Mais cette réalisation apparemment satisfaisante avait pourtant plusieurs défauts : les propriétaires traditionnels du sol, expropriés par l’État, sont en partie restés à l’écart du projet ; près de 45 % des parcelles ont été attribuées à des citadins (fonctionnaires, commerçants...), qui utilisaient une main-d’œuvre salariée pour les cultiver : ceux-ci constituaient l’essentiel de l’équipe dirigeante de la coopérative qui gérait le périmètre, et dont les décisions étaient prises pour leur plus grand profit. Il en résultait d’énormes différences de gains entre agriculteurs et non-agriculteurs. C’est pourquoi, pour les paysans, la culture du mil mobilisait toujours l’essentiel de leur activité : la riziculture n’était pour eux qu’un appoint financier modeste, et n’était en aucun cas un moyen efficace de développement. À partir de 1973, plusieurs raisons ont amené le déclin de la production : diminution des surfaces cultivées par manque d’eau, non-respect de certains thèmes techniques, hausse du coût des engrais, non-disponibilité de la main-d’œuvre, dégradations des installations... Une réhabilitation du périmètre s’avérait indispensable, mais risquait d’être insuffisante s’il n’était pas remis entièrement entre les mains des paysans.Ouedraogo Dieudonné. Des tentatives de développement rural au Burkina Faso : « opération plaines mécanisées », petits barrages et périmètre rizicole de Boulbi. In: Espaces enclavés : À propos de développement rural en Afrique Noire. Talence : Centre de recherche sur les espaces tropicaux, 2007. pp. 37-65. (Espaces enclavés

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