Repenser la gestion des espèces végétales exotiques envahissantes au site patrimonial du Mont-Royal avec le concept de nouvel écosystème

Abstract

Généralement, les plantes exotiques envahissantes sont perçues comme une menace pour la biodiversité. Cependant, peu de celles ayant été introduites dans l’est du Canada ont eu des effets négatifs sur la faune et la flore indigène. Certains chercheurs se questionnent donc quant à cette perception négative des espèces végétales exotiques envahissantes et suggèrent de modifier cette vision en intégrant le concept de nouvel écosystème (novel ecosystem). Ce dernier permet non seulement de réfléchir et de repenser la place des EVEE au sein des écosystèmes, mais également de redéfinir les objectifs entourant leur gestion pour qu’ils soient mieux adaptés aux contextes biophysiques et paysagers en place. L’objectif principal de cet essai est donc de proposer une démarche intégrant le concept de nouvel écosystème dans la gestion des espèces végétales exotiques envahissantes au Québec, et plus particulièrement au site patrimonial du Mont-Royal, appelé communément la montagne. Pour ce faire, plusieurs caractéristiques de l’écosystème de la montagne ont été évaluées à l’aide d’un cadre décisionnel. Les résultats de l’analyse montrent que l’écosystème du site patrimonial du Mont-Royal correspond à un nouvel écosystème, car la composition du milieu diffère de ce qui prévalait historiquement et qu’il n’y a pas de possibilité que l’écosystème puisse se rétablir sans intervention. En effet, les transformations du paysage en lien avec l’urbanisation et les pratiques horticoles en place ont profondément modifié la dynamique écologique naturelle du mont Royal. De plus, certains obstacles au rétablissement d’ordre économique, social et environnemental continuent d’exercer des pressions sur le milieu, notamment l’épidémie d’agrile du frêne, le développement immobilier et les changements climatiques. De ce fait, une priorisation des actions à mettre en place est essentielle pour assurer une gestion durable des espèces végétales exotiques envahissantes. Pour ce faire, les espèces ayant un potentiel d’envahissement élevé doivent être ciblées, alors que la présence de celles comportant moins de risques de devenir nuisibles doit être acceptée. L’Index of alien impact (IAI) utilisé pour sélectionner les espèces pouvant engendrer le plus d’effets négatifs sur le milieu montre que les espèces prioritaires sont la renouée du Japon (Reynoutria japonica), le brome inerme (Bromus inermis), le dompte-venin de Russie (Vincetoxicum rossicum), le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica) et le roseau commun (Phragmites australis subsp. australis). Les objectifs et les méthodes de contrôle doivent être adaptés en fonction de chaque espèce, et doivent prendre en considération la superficie d’envahissement ainsi que le niveau d’implantation de la plante sur l’ensemble du site patrimonial du Mont-Royal. Des recommandations plus générales pour parvenir à une gestion optimale des espèces végétales exotiques envahissantes incluent la mise en place de méthodes de prévention, l’implantation de suivis et d’inventaires floristiques annuels et la coordination des actions entre les parties prenantes

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