Biologie de reproduction d’une population de Perdrix rochassière Alectoris graeca saxatilis x Alectoris rufa rufa dans les Alpes méridionales

Abstract

The breeding biology of a population of natural hybrids between the Rock partridge Alectoris graeca saxatilis and the Red-legged partridge Alectoris rufa rufa was studied by the radio-tracking of 35 birds, in open shrublands, at 1 200 to 1 850 m of elevation, in southern French Alps. Pairs formed gradually from mid-March, and most were composed of birds of the same age class. Recruitment of yearlings into the breeding segment of the population varied with sex : all females, but only a fraction of the males, bred the first year. Males established permanent territories at the beginning of their second breeding season, suggesting that adult males controlled the spatial distribution of territories. Pair bond breakage occurred frequently, either by death of a mate or by divorce (3 yearling females changed mates). Double-clutches laid by hens, and incubation of one of the clutches by the male, were observed for 5 pairs (4 pairs of adult birds and 1 pair of yearlings), but the proportion of females in the population attempting 2 clutches remained unknown. First nests were found within the pre-laying range of the pair, but second nests were located near its borders. The male always incubated the first clutch and accompanied chicks a few days before leaving them to the hen, which alone reared the broods of the 2 nests. In some instances, the male reared the chicks alone until autumn. While both partners of a pair remained together during laying, they began to become more independent of each other at the onset of incubation, whether the male did incubate the clutch or not. The nesting period, from pair formation to hatching, extended from the end of March to that of June (or even to the end of July), depending on the date of pair formation and the number of clutches. The nesting chronology varied between pairs, depending on the unforeseen events occurring during the breeding cycle (death or change of mate, and destruction of clutch). Consequently, the hatching period lasted from the end of June to early August. Bad weather conditions during spring delayed the onset of incubation. Nests were very well concealed, in a bush or under a rock. Clutch size averaged 11,3 eggs. Nest survival during incubation averaged 57 % and varied between years. Hatchability of eggs was 75 %. Survival rate of chicks was 46 % from hatching to 1 month of age, and 82 % from 1 to 2 months of age. The index of reproductive success, (i.e. the number of juveniles per adult), calculated from demographic parameters based on telemetry data, was 1,8 at mid-August. This value was similar to the independent estimate obtained from counts of birds with dogs in early August The reproductive strategy of hybrid partridges is one of considerable investment by hens in egg laying. This high fecundity might compensate for the low annual survival rate of adults.La biologie de reproduction des Perdrix rochassières, hybrides naturels entre la Bartavelle Alectoris graeca saxatilis et la Perdrix rouge Alectoris rufa rufa, a pu être étudiée de 1985 à 1988 grâce au suivi par radiopistage de 35 perdrix dans un biotope ouvert de moyenne montagne (1 200-1 850 m) situé dans les Alpes françaises du sud. Les couples se forment progressivement à partir de mi-mars et, dans la plupart des cas, entre individus de même classe d’âge. Chez les oiseaux d’âge subadulte, le recrutement pour la reproduction diffère selon le sexe : il est total pour les femelles mais partiel pour les mâles. Ce n’est qu’à l’âge adulte que les oiseaux deviennent fidèles à leur territoire de reproduction, ce qui suggère un contrôle de la répartition spatiale des territoires par les adultes. Les liens sociaux établis entre partenaires ont été fréquemment remis en question soit par la mort de l’un d’eux, soit à la suite d’un changement de partenaire, ce qui a été observé pour 3 femelles subadultes. Le comportement de double nidification des femelles et de couvaison de l’un des deux nids par le mâle a été observé pour 5 couples (4 composés de deux adultes et 1 de deux subadultes), mais la proportion de femelles dans la population réalisant la double ponte n’est pas connue. La première ponte est déposée près du centre du territoire de précouvaison tandis que la seconde est plutôt située à sa périphérie. Le mâle couve toujours la première ponte et conduit les poussins pendant quelque temps avant de les confier à la femelle qui s’occupe alors des poussins des deux nids. Dans certaines circonstances, le mâle peut assurer seul l’élevage des poussins jusqu’à l’automne. Alors que mâle et femelle restent ensemble pendant toute la durée des pontes, leurs déplacements deviennent indépendants à partir de la couvaison, que le mâle incube ou non une ponte. La période de nidification, de la formation des couples jusqu’à l’éclosion se situe de fin mars à fin juin ou fin juillet selon la date plus ou moins précoce de formation du couple et le nombre de pontes. La chronologie de la reproduction varie aussi d’un couple à l’autre selon les événements qui interviennent sur le déroulement du cycle reproducteur (changement ou mort d’un partenaire, destruction d’une ponte). De ce fait, la période des éclosions s’étale de fin juin à début août. Des conditions météorologiques printanières défavorables peuvent retarder le début de la couvaison. Les pontes, très bien dissimulées, sont déposées le plus souvent dans un buisson ou sous le couvert d’un rocher. Le nombre moyen d’œufs par nid est de 11,3. La réussite moyenne des nids pendant la couvaison, égale à 57 %, recouvre d’importantes différences interannuelles. Le taux d’éclosion des œufs est de 75 %. Le taux de survie des poussins est de 46 % de l’éclosion à 1 mois et de 82 % de 1 à 2 mois. Le nombre de jeunes produits par adulte, calculé à partir des paramètres démographiques obtenus par radiopistage, s’élève à 1,8 à la mi-août, valeur proche de l’estimation qui a été faite indépendamment par des comptages à la même époque. Cette première étude de la stratégie reproductive de la Perdrix rochassière révèle un investissement considérable des femelles pour la ponte. Cette forte fécondité permet de compenser le faible taux de survie annuel mis en évidence dans un précédent travail.Bernard-Laurent Ariane. Biologie de reproduction d’une population de Perdrix rochassière Alectoris graeca saxatilis x Alectoris rufa rufa dans les Alpes méridionales. In: Revue d'Écologie (La Terre et La Vie), tome 45, n°4, 1990. pp. 321-344

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