Objectif : Décrire un cas de rhabdomyolyse avec insuffisance rénale aiguë possiblement attribuable à la prise d’abiratérone en association avec la rosuvastatine.
Résumé du cas : Un patient de 81 ans s’est présenté à l’urgence en raison d’une altération de son état général depuis trois semaines. Les analyses de laboratoire ont révélé une créatine phosphokinase à plus de 7000 unités internationales par litre et une créatinine sérique allant jusqu’à 400 µmol/L, soit plus de quatre fois sa valeur de base. Le patient prenait de l’abiratérone depuis quelques mois et une statine depuis plusieurs années. Ses signes cliniques et ses symptômes ont commencé à se résorber quelques jours après l’arrêt des deux médicaments et l’instauration d’une hydratation par voie intraveineuse.
Discussion : On trouve près d’une dizaine de rapports de cas de rhabdomyolyse associée à la prise d’abiratérone dans la littérature. Selon l’algorithme de Naranjo, il est possible que la réaction indésirable du patient soit liée à la prise d’abiratérone, mais la contribution d’un autre médicament, comme la rosuvastatine, ou d’un autre facteur, comme l’hypokaliémie ou l’âge avancé, ne peut être exclue. Pour traiter une rhabdomyolyse, l’arrêt des médicaments potentiellement en cause et de ceux pouvant précipiter une insuffisance rénale aiguë, l’instauration d’une hydratation par voie intraveineuse et la correction des déséquilibres électrolytiques sont souvent nécessaires. Ce cas réitère l’importance d’être prudent lors de l’association de l’abiratérone avec d’autres médicaments pouvant engendrer des myopathies ou une rhabdomyolyse.Conclusion : L’utilisation concomitante d’abiratérone et d’une statine nécessite un suivi étroit, particulièrement chez les patients présentant des facteurs de risque de rhabdomyolyse.
Abstract
Objective: To describe a case of rhabdomyolysis with acute renal failure possibly associated with the use of abiraterone and rosuvastatin.Case summary: An 81-year-old patient presented to the emergency department because his health had been deteriorating for the past 3 weeks. Laboratory tests revealed a creatine phosphokinase of more than 7000 IU/L and a serum creatinine of up to 400 µmol/L, which was more than four times his baseline value. The patient had been taking abiraterone for several months and a statin for several years. His clinical signs and his symptoms began to resolve a few days after the two drugs had been discontinued and intravenous hydration initiated.
Discussion: There are about a dozen case reports of rhabdomyolysis associated with the use of abiraterone in the literature. According to Naranjo’s algorithm, it is possible that the patient’s adverse reaction was related to his use of abiraterone. However, the contribution of another drug, such as rosuvastatin, or another factor, such as hypokalemia or advanced age, cannot be ruled out. To treat rhabdomyolysis, withdrawing the potentially culprit drugs and those that can precipitate acute renal failure, initiating intravenous hydration, and correcting the electrolyte imbalances are often necessary. This case serves as a reminder of the importance of exercising caution when combining abiraterone with other drugs that can cause myopathies or rhabdomyolysis.
Conclusion: The concomitant use of abiraterone and a statin requires close monitoring, especially in patients with rhabdomyolysis risk factors