L'enseignement privé dans l'entre-deux-guerres. Socio-histoire d'une mobilisation catholique

Abstract

In France, during the interwar period, Catholics ceaselessly claimed public financial support for their schools, which were in a particularly precarious situation. Private Catholic schools subsisted thanks to their teachers who subsumed their hard working conditions to their faith. The strong doctrine of the Catholic Church in educational matters and the acceptance of prescribed roles within the institution were key to maintain a Catholic education system. This claim went alongside a polymorphous activism. Three attitudes prevailed: first, there where the advocates of the realization of Catholic unity, whether in opposition to the political regime or enrolling in the republican legality; then appeared a new movement which demanded the insertion of Catholicism into the modern world. The rejection or the acceptance of the public school system and the definition of private education and of its role, highlighted the issue for the Church: the acceptance or rejection of the pluralisation of French society and of the Catholic opinion. In the 1920’s prevailed the clericalist educational utopia of a Christian society of which Catholic schools would be the spearhead. The 1930’s saw a paradoxical reconfiguration: in the same time that bishops took the initiative of creating a National Committee for private education in 1931, the declericalization of Catholic action was confirmed. In doing so, Catholic militancy which enabled the maintenance of schools, was also responsible for the politicization of the ecclesial scope and, ultimately, of its secularization.Dans la France de l'entre-deux-guerres, les catholiques ne cessent de revendiquer une prise en charge financière de leurs établissements scolaires, dont la situation matérielle s'avère singulièrement précaire. L'enseignement privé catholique subsiste grâce à ses enseignants, subsumant leurs conditions de travail au nom de leur foi. La doctrine affirmée de l'Église catholique en matière d'éducation et l'acceptation des rôles prescrits dans l'institution sont les clés essentielles du maintien du réseau éducatif catholique. Cette revendication s'accompagne d'un militantisme polymorphe. Aux tenants de la réalisation de l'unité catholique, qu'elle soit en opposition au régime politique ou s'inscrivant dans la légalité républicaine, s'adjoint une troisième posture, encore marginale, d'insertion du catholicisme dans la modernité. Rejet ou acception de l'école publique, définition et rôle de l'enseignement privé, signalent ce qui se joue au sein du champ ecclésial : l'acceptation ou non de la pluralisation de la société française et de l'opinion catholique. Dans les années 1920, domine la configuration d'un cléricalisme éducatif, utopie d'une société chrétienne dont l'école catholique serait le fer de lance. Les années 1930 sont l'objet d'une reconfiguration paradoxale : alors que l'épiscopat reprend l'initiative en créant un Comité national de l'enseignement libre en 1931, la décléricalisation de l'action catholique est confirmée. Ce faisant, le militantisme catholique, qui a permis le maintien des écoles, participe en même temps de la politisation de l'espace ecclésial et, in fine, de sa sécularisation

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