Contexto español de acogida de los menores no acompañado

Gimeno Monterde, Chabier

French

Repositorio Universidad de Zaragoza

N°5  —  Jeunes et Mineurs en Mobilité  —  Young people and Children on the Move48 — 67Paroles de Jeunes - 2Me fui de casa con 13 años porque quería venir a  EuropalA HistoriA De HAMiDMe llamo Mohamed, tengo 27 años y vivo en Zaragoza desde hace diez años. Fui un menor extranjero no acompañado, acogido por el Gobierno de Aragón. Ésta es mi historia.Soy bereber, de Ouarzazate, una ciudad en el sur de Marruecos. Tengo doce hermanos y tuve que empezar a trabajar pronto para ayudar en casa. Solo fui un año a la escuela. De niño no entendía el árabe, en la escuela me pegaban y no quería ir al colegio. Así que me puse a trabajar en el campo con mi padre. A los trece años me fui de casa. Había escuchado que la vida en Europa era mejor, y yo quería ir a Europa. Primero fui a Dajla, en el Sáhara Occidental, allí estuve tres años trabajando y ahorrando.J’ai quitté la maison à 13 ans pour rejoindre Europel’Histoire De HAMiDJe m’appelle Mohamed, j’ai 27 ans et je vis à Saragosse depuis dix ans. J’ai été un mineur étranger non accompagné, pris en charge par le gouvernement d’Aragon. Voici mon histoire.Je suis berbère et je viens de Ouarzazate, une ville du sud du Maroc. J’ai douze frères et sœurs et j’ai dû commencer à travailler tôt pour aider à la maison. Je ne suis allé à l’école qu’un an. Enfant, je ne parlais que berbère et je ne comprenais pas l’arabe, j’étais battu à l’école et je ne voulais pas aller au collège. J’ai donc commencé à travailler dans les champs avec mon père. A treize ans, j’ai quitté la maison. J’avais entendu dire que la vie en Europe était meilleure, et je voulais aller en Europe. Je suis d’abord allé à Dakhla, dans le Sahara occidental, où j’ai travaillé pendant trois ans et économisé de l’argent.N°5  —  Jeunes et Mineurs en Mobilité  —  Young people and Children on the Move 49 -— 67Paroles de Jeunes - 2En diciembre de 2007 me monté en una patera en Dajla rumbo a Las Palmas (Islas Canarias). Yo tenía dieciséis años. Íbamos diecinueve chicos: nueve menores y diez mayores de edad. Pagué 600 euros. Al principio no tenía miedo, pero luego lo pasamos muy mal. Había olas de seis metros de altura. Estuvimos todo el viaje sacando agua con cubos, sesenta horas de travesía. Hasta que nos vio un barco cerca de la costa y vino a rescatarnos la Cruz Roja.En la comisaría nos hicieron una radiografía de la mano para comprobar la edad. En mi caso salió la edad que tengo, pero a otros chicos les dio error. No es un método fiable para saber la edad. Luego me enviaron a un centro de menores, con otros 180 chavales, donde estuve nueve meses. Esos años había muchos chavales como yo, y los centros de menores estaban saturados. Yo quería ir a la Península.Me fui del centro de menores yo solo. Un conocido mayor de edad me compró un billete de avión de Las Palmas a Barcelona y viajé solo. Luego fui un tiempo a Lérida a trabajar en el campo. Un amigo me dijo que en Zaragoza y Bilbao había centros donde ayudaban a los menores. Y decidí venir a Zaragoza, que estaba más cerca.Mi amigo me dio un consejo, que he seguido siempre: „respeta las normas, pórtate bien“. En Zaragoza fui a la Policía y me volvieron a repetir la prueba de la radiografía de la mano. Luego la Policía me llevó al Centro de Observación y Acogida (COA), una residencia para menores que ya cerró, en la que algunos estaban días y otros meses. Depende de cómo te portaras. Yo solo estuve una semana, y me trasladaron a un centro de menores más pequeño, a las afueras de Zaragoza.Éramos quince chicos, de Marruecos, Senegal, Mali y Argelia. De día había dos o tres educadores con nosotros y de noche, uno. Todos íbamos a estudiar a diferentes centros formativos en Zaragoza. La convivencia era buena. Yo hice un curso de jardinería en un Centro Sociolaboral (Ayuntamiento de Zaragoza), luego seguí con las prácticas en una empresa de inserción y después me hicieron un contrato de dos años. Me trataron muy bien y me han ayudado mucho.En décembre 2007, je suis monté dans une patera (embarcation) à Dakhla pour rejoindre Las Palmas dans les îles Canaries. J'avais seize ans. Nous étions dix-neuf personnes, dont neuf mineurs. J’ai payé 600 euros. Au début je n’avais pas peur, mais ensuite la situation s’est dégradée. Il y avait des vagues de six mètres de haut. Nous avons passé tout le voyage à écoper avec des seaux l’eau qui s’infiltrait dans le bateau, soixante heures de traversée. Jusqu’à ce qu’un bateau nous repère près de la côte et que la Croix-Rouge vienne à notre secours.Au poste de police, ils nous ont fait une radiographie de la main pour vérifier notre âge. Dans mon cas la radiographie confirmait bien l’âge que j’avais, mais pas pour les autres enfants. Ce n’est pas une méthode fiable pour connaître l’âge. Ensuite, j’ai été envoyé dans un centre pour mineurs, avec 180 autres gamins, où je suis resté neuf mois. À cette époque il y avait beaucoup de jeunes dans ma situation et les centres pour mineurs étaient saturés. Moi, je voulais rejoindre la péninsule, l’Espagne continentale. J’ai quitté le centre pour mineurs, tout seul. Un adulte que je connaissais m’a acheté un billet d’avion de Las Palmas à destination de Barcelone et j’ai voyagé seul. Ensuite, j’ai passé un moment à Lérida pour travailler dans les champs. Un ami m’a dit qu’il y avait des centres à Saragosse et à Bilbao où ils aidaient les mineurs. Et j’ai décidé de venir à Saragosse, qui était plus proche.Mon ami m’a donné un conseil, que j’ai toujours suivi : « respecte les règles, comporte-toi bien ». À Saragosse, je suis allé à la police et ils ont à nouveau procédé au test de radiographie de la main. Ensuite, la police m’a emmené au Centre d’Observation et d’Accueil (COA), une structure pour mineurs qui n’existe plus aujourd’hui, où certains jeunes ont séjournés quelques jours et d’autres plusieurs mois. Ça dépend de ta façon de te comporter. Je n’y suis resté qu’une semaine, et ils m’ont transféré dans un centre plus petit, dans la banlieue de Saragosse.Nous étions quinze jeunes, originaires du Maroc, du Sénégal, du Mali et de l’Algérie. Le jour, il y avait deux ou trois éducateurs avec nous et le soir, un seul. Nous étudiions tous dans différents centres de formation à Saragosse. La cohabitation se passait bien. J’ai suivi une formation en jardinage dans un centre socio-professionnel (mairie de Saragosse), puis j’ai fait un stage dans une entreprise d’insertion et j’ai obtenu un contrat de deux ans. Ils m’ont très bien traité et m’ont beaucoup aidé.N°5  —  Jeunes et Mineurs en Mobilité  —  Young people and Children on the Move50 — 67Paroles de Jeunes - 2Después de cumplir los 18, a algunos menores no acompañados se les acaba la ayuda y otros seguimos un tiempo más en el programa de emancipación. Yo seguí: primero seis meses en una residencia con otros chavales como yo y luego seis meses en un piso compartido. Ahí teníamos apoyo de los educadores, pero no vivían todo el tiempo con nosotros como en los primeros centros para menores. Tengo muy buena relación con algunos chicos y educadores de esa época. Algunos viven fuera, pero cuando nos reencontramos nos alegramos mucho de vernos.Después vino la parte más dura. Cuando con 19 años tuve que buscarme la vida, como cualquier otra persona. Eran los años malos de la crisis en España y no había muchos trabajos. Estuve unos meses en el paro e iba algunas temporadas a trabajar en el campo. Luego me apunté a un curso de albañilería de un centro de educación de adultos. Me buscaron prácticas y gracias a ellos encontré mi trabajo actual. Llevo cuatro años trabajando en una empresa de construcción, estoy muy contento. Vivo en un piso de alquiler con otros jóvenes. Mando dinero a mi familia en Marruecos y una vez al año voy a verles en vacaciones. Mi hermano pequeño ha podido ir a la universidad.Mi hermano dice que no haría el viaje en patera como hice yo. Yo tampoco lo volvería a hacer. Si volviera atrás en el tiempo, vendría otra vez a España, pero no en patera. Cuando veo las noticias de los chicos que llegan ahora a España, me acuerdo de lo que viví. Escapé de la pobreza y entiendo a los que vienen para mejorar su vida. Les diría que aprovechen las oportunidades y los apoyos. A mí me ayudaron mucho, estoy muy agradecido.À l'âge de 18 ans, certains mineurs non accompagnés ne sont plus du tout aidés et d’autres continuent un peu plus longtemps dans le programme éducatif. Pour moi : d’abord six mois dans une résidence avec d’autres jeunes comme moi, puis six mois dans un appartement en colocation. Là-bas, nous avions le soutien des éducateurs, mais ils ne vivaient pas avec nous en continu comme ça avait été le cas dans les premiers foyers où j’avais été. J’avais de très bonnes relations avec les jeunes et les éducateurs de l’époque. Certains d’entre eux ne vivent plus ici aujourd’hui, mais lorsque nous nous retrouvons, nous sommes très heureux de nous revoir.Ensuite ça a été le passage le plus difficile. À 19 ans, j'ai dû me débrouiller seul dans la vie, comme tout le monde. C’étaient les années difficiles de la crise en Espagne et il n’y avait pas beaucoup de travail. J’ai été au chômage pendant plusieurs mois et j’ai eu quelques emplois saisonniers dans le secteur agricole. Je me suis ensuite inscrit à une formation de maçonnerie dans un centre de formation pour adultes. Ils ont cherché un stage pour moi et grâce à eux j’ai trouvé mon emploi actuel. Je travaille dans une entreprise de construction depuis quatre ans et j’en suis très heureux. Je vis dans un appartement en colocation avec d’autres jeunes. J’envoie de l’argent à ma famille au Maroc et une fois par an je vais les voir pour les vacances. Mon petit frère a pu aller à l’université.Mon frère dit qu’il ne ferait pas le voyage sur une patera comme je l’ai fait. Je ne le referais pas non plus. Si je remontais dans le temps, je reviendrais en Espagne, mais pas sur une patera. Quand je vois dans les médias l’actualité sur les enfants qui viennent en Espagne maintenant, je me souviens de ce que j’ai vécu. J’ai échappé à la pauvreté et je comprends ceux qui viennent pour améliorer leur vie. Je leur dirais de saisir les opportunités et de profiter des soutiens qu’ils trouveront ici. Moi, ils m’ont beaucoup aidé, et je leur en suis très reconnaissant.N°5  —  Jeunes et Mineurs en Mobilité  —  Young people and Children on the Move 51 -— 67Paroles de Jeunes - 2El contexto español de acogida de los menores no acompañadosCHaBier giMeno MonterDeUniversidad de ZaragozaA partir de 2016 la migración de menores a España ha iniciado un segundo ciclo, con un aumento pronunciado de las acogidas. Entre 2000 y 2015 se había producido un primer ciclo, con un máximo de 6.475 acogidas en 2007, en el que los menores marroquís representaban entre un 70 y un 80% de los adolescentes acogidos en el sistema de protección de las regiones o Comunidades Autónomas. Durante los últimos años, estas cifras han sido superadas, llegando en 2009 a 12.303 menores detectados. En el caso de la Comunidad Autónoma de Aragón, de la que procede el relato presentado, actualmente hay unos 300 menores tutelados. De ellos, un 98,7% son varones, entre los que el 75,2% proceden de Marruecos y un 10,3% del África occidental. El 78,3% tienen entre 15 y 17 años y su acogida institucional no supera los 6 meses en el 65,2% de los casos. Esta alta movilidad geográfica entre regiones, junto a la aparición de los discursos de odio, emitidos desde una parte de la prensa y por los nuevos partidos de extrema derecha, han provocado una alarma social que está tensionando las políticas públicas de acogida.Una descripción del contexto regional puede leerse en GIMENO, C. & GUTIERREZ, J.D. (2019), « Fostering unaccompanied migrating minors. A cross-border comparison », in Children and Youth Services Review, vol. 99, pp. 36-42..Le contexte espagnol d’accueil des mineurs non accompagnésCHaBier giMeno MonterDe Université de SaragosseL’année 2016 a marqué le début d’un second cycle de la migration des mineurs vers l’Espagne, avec une augmentation accentuée du nombre de mineurs accueillis sur le territoire. La période de 2000 à 2015 avait marqué un premier cycle, avec un maximum de 6 475 admissions en 2007, parmi lesquelles les mineurs marocains représentaient 70 à 80 % des adolescents admis dans le système de protection des régions ou des communautés autonomes. Ces dernières années, ces chiffres ont fortement augmenté, atteignant 12 303 mineurs détectés en 2009. Dans la Communauté autonome d’Aragon, où a été menée l’analyse, il y a actuellement près de 300 mineurs pris en charge. Parmi eux, 98,7% sont des garçons, dont 75,2% sont originaires du Maroc et 10,3% d’Afrique de l’Ouest. 78,3 % sont âgés de 15 à 17 ans et leur prise en charge institutionnelle ne dépasse pas 6 mois dans 65,2 % des cas. Cette hypermobilité géographique entre les régions, ainsi que l’émergence d’un discours de haineux entretenu par certains médias et par les nouveaux partis d’extrême-droite, provoquent une situation d’alerte sociale qui met fortement à l’épreuve les politiques publiques d’accueil des mineurs non accompagnés en Espagne.Une analyse du contexte régional est à retrouver dans GIMENO, C. & GUTIERREZ, J.D. (2019), « Fostering unaccompanied migrating minors. A cross-border comparison », in Children and Youth Services Review, vol. 99, pp. 36-42.

L’histoire de Hamid

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