Programme européen AVER, Alcotra – Interreg IV. Les châteaux médiévaux de la Haute-Savoie (Arrondissements d’Annecy et de Bonneville): Rapport de prospection archéologique 2011
Au cœur du projet triennal franco-italien A.V.E.R. – des montagnes de châteaux (2010-2012), développé entre la Haute-Savoie, la Région Autonome de la Vallée d’Aoste et différentes collectivités locales, se trouve une réflexion sur la méthodologie nécessaire à la réhabilitation et la mise en valeur des vestiges des châteaux médiévaux, prenant en compte les impératifs d’étude, de conservation et de restauration des monuments. Le projet a pour objectif d’aboutir à la rédaction et à l’édition d’un guide méthodologique de mise en valeur, à destination des collectivités locales ou des propriétaires privés, comme des professionnels ou des associations. Il permettra d’envisager les questions de la mise en œuvre des recherches archéologiques sur de tels sites et de la gestion des projets de valorisation ou encore de la conservation des vestiges en milieu montagnard, mais aussi de proposer des solutions techniques et une méthodologie éprouvée aux différents acteurs de la recherche, de la restauration et de la mise en valeur des châteaux médiévaux.La mise en œuvre des recherches archéologiques de terrain a été déléguée par le Conseil général de la Haute-Savoie au bureau d’études Hadès et sont codirigées par Christophe Guffond (Service départemental d’archéologie de la Haute-Savoie, responsable administratif du projet européen) et Laurent D’Agostino (Hadès, responsable d’opération). Le projet réunit ainsi des équipes de recherche des deux institutions.Parallèlement aux recherches conduites sur le site pilote des châteaux d’Allinges, un état des lieux des châteaux du Département de la Haute-Savoie et la constitution d’un corpus de sites servant à l’établissement de la réflexion méthodologique. Au printemps 2011, les mois de mai et juin ont été consacrés à une seconde campagne de prospection sur les sites castraux des arrondissements d'Annecy et de Bonneville.Un état des lieux globalBien que la majorité des sites soient déjà connus par les services patrimoniaux des collectivités ou de l’État, aucun bilan complet n’avait été réalisé depuis les années 1950 et la publication des travaux de Louis Blondel, archéologue cantonal de Genève, sur les châteaux de l’ancien diocèse de Genève.Près de cinquante sites ont été visités en accord avec leurs propriétaires, publics ou privés. Cette démarche permet parfois de renouer un dialogue entre les scientifiques et les instances publiques chargées de la conservation des sites et les acteurs sur le terrain, dont les préoccupations et les priorités diffèrent souvent.Une campagne photographique générale a été réalisée, réunissant près de 3000 clichés, fournissant un état des lieux détaillé. Appuyé sur la base de données développée pour le projet, l’inventaire de terrain a aussi permis de recueillir des renseignements sur l’architecture, les dimensions des édifices, les matériaux employés pour la construction ou encore les éléments de datation.Un bilan provisoireLes travaux de l’équipe de recherche ont permis de faire le point sur la documentation écrite et les publications existantes, mais aussi sur l’état de conservation des édifices et les différentes campagnes de travaux qu’ils ont parfois subi, avec ou sans étude archéologique. Si certains sites ont été complètement oubliés et sont noyés dans la végétation, d’autres ont connu de profonds bouleversements ou se dégradent très rapidement, nécessitant des prises de décision pour assurer leur conservation à long terme.Les recherches visent aussi à revenir sur les travaux récents de restauration ou de valorisation des châteaux. Un retour critique sur les expériences menées ces dernières années permet de faire le bilan des méthodes, des systèmes de protection patrimoniale existants, de la durabilité des restaurations.Enfin, la confrontation des données du terrain et de l’iconographie (gravures et peintures des XVIIIe et XIXe siècles, cartes postales de la première moitié du XXe siècle, photographies issues de collections privées) permet d’estimer l’évolution des sites et la rapidité de leur dégradation ou de leurs transformations. Les soixante dernières années apparaissent bien comme une période d’accélération pour les châteaux en ruine, menacés par l’urbanisation, la mécanisation des travaux, la volonté parfois mal canalisée d’entretenir ou de restaurer des sites fragiles