Les élèves à besoin éducatifs particuliers exposés au risque du backlash

Abstract

International audienceMalgré son inscription dans les réformes consécutives pour l’égalité des droits et des chances, l’inclusion des élèves « à besoins éducatifs particuliers » (BEP) reste encore difficile (Lambert & Frederickson, 2015). En effet, puisqu’elle nécessite de prendre en compte les « spécificités » des élèves dans leur scolarité, elle apparait comme incompatible avec les normes de méritocratie et d’égalité des chances en vigueur (Khamzina et al., 2021). Par exemple, lorsqu’un élève à BEP réussit à une évaluation et qu’il a bénéficié d’aménagements pédagogiques (par ex., un tiers-temps), il pourrait être particulièrement exposé à un mécanisme de protection ou justification du statu quo : le phénomène de « backlash » (Rudman et al., 2012). Dans nos études, nous faisions l’hypothèse que la compétence d'un élève à BEP sera évaluée plus sévèrement par rapport à celle d’un élève « ordinaire » avec un même niveau de performance (Rohmer & Louvet, 2012). Nous nous attendions également à ce que ce jugement puisse varier selon le type d’aménagements proposés (c.-à-d., des aménagements levant plus ou moins les barrières associées aux difficultés). Pour tester cette hypothèse, un pré-test et une étude pré-enregistrée ont été réalisées. Dans le pré-test, 86 individus tout-venant ont été invités à juger la compétence d’un élève ayant bien réussi une dictée de l’épreuve du brevet (c.-à-d., 17/20). Cet élève était soit présenté·e comme ayant des BEP (c.-à- d., souffrant d’une dyspraxie), soit pas. Les résultats ont montré qu’indépendamment du type d’aménagements reçus (un scripteur ou un tiers-temps), l’élève à BEP était jugé·e moins compétent que l’élève ordinaire. Dans notre étude principale, 104 enseignant·es en formation ont été invité·es à corriger consécutivement deux dictées : une produite par un élève « ordinaire » et l’autre par un élève à BEP (ayant réalisé soit la dictée par ordinateur, soit seulement la moitié). Ils devaient ensuite la noter puis juger de la compétence des élèves. Les résultats n’indiquent pas de différences sur la notation mais une tendance suggérant que l’élève à BEP ayant bien réussi la dictée, mais n’en ayant fait que la moitié, est perçu comme moins compétent que son pair ordinaire, à note équivalente. Ces résultats, bien que préliminaires, mettent en exergue l’importance de la question de l’évaluation lorsque l’on s’intéresse à l’école inclusive et nous invitent à poursuivre nos investigations (en recrutant plus largement, notamment) afin de mieux comprendre les dynamiques de jugements des élèves à BEP

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