International audienceLes morphologies liées aux conflits armés ou « polémoformes »déterminent potentiellement des zones humides sous la forme de mares ou d’étangs sur d’anciens champs de bataille. Ces milieux, fortement modifiés par la pédoturbation, et la bombturbation voire par des contaminations (ETM), constituent pourtant des ilots de biodiversité à forte valeur patrimoniale (Forêt d’exception, Réserves dirigées, ZNIEFF). C’est le cas de la Montagne de Reims, terminaison orientale de la côte d’Ile de France dominant la Champagne et coiffée par la formation des Argiles à meulières.L’objectif de cette contribution est de caractériser les polémoformes de la Montagne de Reims, située en arrière de la 4ème position de défense française durant la Grande Guerre. Cette position trop souvent assimilée à la « ligne des observatoires » est a priori pauvre en polémoformes.A l’hiver 2018, une campagne LiDAR aéroportée menée sur le massif forestier de la Montagne de Reims (Marne - 51) a révélé les traces d’un réseau de positions de batteries pour l’artillerie lourde (ALVF et affuts fixes) construit par l’armée française entre 1916 et 1918. L’utilisation d’une approche pluridisciplinaire à partir d’une analyse historique et géographique a permis de mieux comprendre l’étendue de ce système défensif et d’évaluer son empreinte sur le paysage. En effet, le croisement de documents textuels, de plans et de photographies aériennes anciennes aux données LiDAR, et leur intégration dans un système d’information géographique a permis de mettre en valeur ces vestiges de guerre de manière inédite. Ces derniers se présentent sous la forme d’un réseau ferrée complexe (rampe, voie de desserte, épis de tirs) pour l’artillerie lourde et de nombreuses positions de batterie d’artillerie de gros calibre sur affut fixe. Ces structures d’artillerie forment un géosystème, avec non seulement des observatoires camouflés au sommet de la cote d’ile de France permettant d’observer les réseaux de défense en contrebas dans la plaine de Reims mais aussi d’autres vestiges logistiques (boyaux, tranchées, abris, cantonnement).Une analyse de la rugosité à partir du modèle numérique de terrain, ainsi que des campagnes de prospection pédestre montrent une forte hétérogénéité de la lisibilité morphologique des polémoformes dépendant notamment de la nature géologique des terrains et du contexte géomorphologique mais aussi de la typologie des formes. Les premiers résultats témoignent d’un polyphasage des polémoformes qui représentent des marqueurs morphologiques des deux guerres mondiales et des opérations de déminage post-conflits.Ces résultats sont le fruit d’un partenariat inédit entre l’Université de Reims Champagne-Ardenne, l’Office National des Forêts et le Parc Naturel Régional de la Montagne de Reims