Dans les récits d’ambassade marocain du 17° et 18° siècles, il est question de représenter une image de l’Autre. Si la validation de cette image est établie, l’ambassadeur arrive également à faire parvenir un message qu’il ne peut exprimer ouvertement à son récepteur, qui est le roi. L’image disqualifiée de l’Infidèle, surtout au niveau éthique, est facile à forger, disons même qu’elle existe déjà dans l’imaginaire collectif musulman et n’a nul besoin d’être esquissée, précisée ou même transmise. Mais lorsqu’il s’agit de présenter l’autre revers inattendu de cette image – disons pour l’instant redoutable – la tâche sera difficile. Il n’est pas aisé, en effet, de reconnaître à l’Infidèle une quelconque suprématie, ni de lui témoigner un quelconque mérite auprès du commandeur des croyants. Nous allons nous interroger sur les procédés d’authentifications et donc de validation mis en œuvre dans ce type de récits qui favorisent cette transition d’un regard négateur vers un regard qui tente prudemment de reconnaître à l’Autre une certaine puissance