Les meubles médiévaux aux xviiie et xixe siècles : entre dédain et vision romantique

Abstract

Le Moyen Âge, depuis son rejet par la pensée humaniste lors la Renaissance, souffre de son image sombre, pauvre et diminuée. Les meubles médiévaux ont ainsi d’abord été jugés frustes, sans finesse et donc sans intérêt. Le manque de qualités esthétiques des meubles est particulièrement mis en avant par les menuisiers du xviiie s., en opposition avec les meubles plus tardifs, jugés « beaux ». Le xixe s. et la mode médiévaliste ont eu tendance à redorer l’image du Moyen Âge et de ses éléments mobiliers. Les meubles présentant des décors sont en particulier favorisés, jugés « charmants » par les architectes chargés de la sauvegarde des monuments auxquels les meubles sont souvent associés. Leur analyse se limite toutefois à une approche stylistique, généralisant à partir de l’observation, parfois erronée, de quelques cas isolés et simplifiant les principes techniques de fabrication. Ces études mènent alors à des représentations peu renseignées, dépeignant un Moyen Âge anachronique et imaginaire. Le traitement des meubles médiévaux aux époques modernes et contemporaines, en particulier aux xviiie et xixe siècles, oscille ainsi entre dédain méprisant et vision romantique attendrie.The Middle Ages has, since the Renaissance period, been considered a poor, dark and uninteresting time. Pieces of furniture have thus been judged boorish, without delicacy or interest. 18th c. joiners have especially singled out the lack of aesthetic qualities of medieval furniture, as opposed to more recent elements, thought «beautiful». The 19th c. medievalist fashion has improved that image of the Middle Ages and its furniture. Decorated pieces have been favoured and put forward, deemed « charming » by the architects in charge of the conservation of the monuments in which they are often kept. However, their analysis is limited to a stylistic interest, often extrapolating from a handful of examples and simplifying the technical aspects of furniture conception. These studies then lead to badly informed representations, depicting an anachronistic and imaginary Middle Ages. The treatment of medieval furniture during the Modern and Contemporary periods, especially during the 18th and 19th c., thus oscillates from a condescending disdain to a patronising romantic vision

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