Politique du paysage et mutations socio-spatiales dans la montagne pyrénéenne au moment de l’essor de l’hydroélectricité

Abstract

Cet article propose un examen des enjeux socio-spatiaux sous-jacents, dans la première moitié du XX° siècle, à la protection et à l’aménagement du cirque et de la haute vallée de Gavarnie. Ici se révèle en effet de façon privilégiée la convergence entre l’avènement d’une politique de préservation des beautés naturelles et les mutations profondes du rapport social aux territoires de la montagne pyrénéenne, à une époque où s’accélère la « mise en tourisme » de la chaîne et où se déploie l’aménagement hydroélectrique des vallées.L'article analyse du processus qui conduit, en 1921, au classement du cirque de Gavarnie — événement qui marque plus que tout autre l’émergence, dans les Pyrénées, d’une protection de la nature fondée sur l’argument paysager et esthétique. Cette mesure de classement, prise pour s’opposer à différents projets d’exploitation hydroélectrique des gaves et cascades de la haute vallée du Gave de Pau, ne met pas fin aux projets d’aménagement du site, qu’ils soient portés par les développeurs de l’hydroélectricité, ou par ceux du tourisme. Si ces derniers peuvent être considérés comme les principaux promoteurs de la protection des paysages, celle-ci apparaît surtout à leurs yeux comme la condition d’une mise en valeur touristique qui passe, à Gavarnie notamment, par des projets d’aménagement de grande ampleur,auxquels la préservation du site permet de s’imposer, au détriment d’autres usages et d’autres manières de regarder, d’aménager ou d’exploiter le territoire

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