National audienceCette communication questionne l'effet des dispositifs de soutien à une mobilisation accrue de la biomasse sur les pratiques sylvicoles des propriétaires privés. Confrontés à des problèmes structurels, nous nous demandons si ces derniers se montrent sensibles à la convergence attendue des objectifs économiques et environnementaux portée par la bioéconomie. Pour éprouver ce questionnement, nous croisons la théorie des pratiques et celle des innovations sociotechniques. Se plaçant à un niveau « méso » du social, ces corpus abordent la problématique du changement de manière complémentaire. Tandis que la théorie des pratiques questionne la manière dont des acteurs réceptionnent de nouvelles pratiques, les approches sociotechniques se focalisent sur le travail d'enrôlement effectué par les prescripteurs. Cette discussion analytique s'appuie sur deux cas d'études. Le premier s'intéresse aux comportements des propriétaires de la forêt des Landes de Gascogne face à l'essor des marchés du bois-énergie et la demande de mobilisation des souches du pin maritime. Le deuxième cas questionne la manière dont un programme d'action visant à mobiliser de la biomasse en améliorant des peuplements dépérissant affecte les pratiques sylvicoles dans une zone forestière « sous-exploitée ». La méthodologie conjugue enquête qualitative auprès d'acteurs de la filière et enquête quantitative auprès d'un échantillon de propriétaires. Nos recherches montrent que si certains propriétaires adaptent leurs pratiques, ils ne le font pas nécessairement au nom de la transition énergétique et écologique. De plus, alors que l'offre sylvicole converge vers des scénarios d'intensification, les propriétaires privilégient des options moins radicales. Longtemps perçue comme une preuve de frilosité, cette résistance au changement pourrait finalement contribuer à inscrire la bio-économie dans une trajectoire soutenabl