118 research outputs found
May Timothy, The Mongol art of War. Chinggis khan and the Mongol Military System
Assurément, le titre est signe. Celui de l’ouvrage (en partie tiré de sa thèse de doctorat) - publié par Timothy May est on ne peut plus explicite : il y eut bien un « art de la guerre » et un « système militaire » propres aux Mongols, qui ne formaient pas les hordes armées indisciplinées et adeptes d’une violence désincarnée que si souvent l’on s’est plu à décrire. Non qu’une telle image soit toujours prégnante, au moins parmi les spécialistes du fait militaire médiéval. L’on sait cependant ..
Daniella Talmon-Heller, Islamic Piety in Medieval Syria. Mosques, Cemeteries and Sermons under the Zangids and Ayyūbids (1146-1260)
L’une des difficultés majeures que l’historien médiéviste doit surmonter est de reconstituer le passé à partir de données partielles et souvent partiales. Il lui appartient de les regrouper et de les analyser avec le plus grand soin, car elles seules lui permettent d’imaginer le monde mouvant et lointain qu’il s’est choisi comme objet d’étude. À tout instant, il jongle plus ou moins habilement entre la déduction et l’imagination. Déduire donc d’autant plus lorsque l’histoire qu’il s’attache à..
Les croisades en Orient. Histoire, mémoires
Cet article se penche sur la façon dont le phénomène croisade fut perçu, en Orient, et sur les traces qu’il y laissa dans la conscience collective. Au cours du XIIe siècle, la croisade fut progressivement comprise dans sa singularité. Mais elle fut aussi interprétée comme un épisode de l’affrontement séculaire entre l’islam et la chrétienté. Une mémoire de la croisade se diffusa, qui mêlait sentiment d’agression et fierté d’y avoir résisté grâce à un recentrage sur la piété et le djihad, et au respect du pouvoir établi. Après la fin des États latins d’Orient, cette mémoire s’enrichit d’autres épisodes de la lutte entre les chrétiens et les musulmans. À l’époque ottomane, elle resurgit avec force chaque fois que les tensions entre des musulmans et des Européens furent vives.This paper aims at studying how the Crusade phenomenon was seen in the East, and its mark on the collective memory. During the twelfth century, the Crusades were gradually understood in its singular way. But it was also considered as an episode of an old confrontation between Islam and Christendom. A memory of the Crusades spread. This memory was mixed with a feeling of aggression and the pride of having resisted through a refocusing on piety and djihad, and through the respect for the established power. After the end of the Crusader states, this memory was enriched with other episodes of the struggle between the Christians and the Muslims. During the Ottoman period, this memory was revived each time the tensions between the Muslims and the Europeans were strong.Questo articolo prende in esame il modo in cui in Oriente il fenomeno crociato fu percepito, e le tracce che ha lasciato nella coscienza collettiva. Durante il sec. XII, la Crociata fu progressivamente compresa nella sua singolarità. Ma essa fu interpretata anche come un episodio dello scontro secolare tra l’Islam e la Cristianità. Si diffuse così una memoria della Crociata che mescolava sentimenti di ostilità e la fierezza di avervi rinunziato grazie a un ritorno alla pietà e alla jihad, e al rispetto del potere stabilito. Dopo la fine degli Stati latini d’Oriente, questa memoria si arricchisce di ulteriori episodi della lotta tra musulmani e cristiani. In epoca poi ottomana, essa torna con forza tutte le volte che si inasprivano le tensioni tra musulmani ed Europei
John France, Hattin
Les travaux de John France sur l’histoire militaire des croisades font aujourd’hui largement autorité. Il était donc particulièrement qualifié pour rédiger cette histoire de la célèbre bataille de Ḥaṭṭīn (4 juillet 1187), à l’issue de laquelle les armées de Saladin défirent celles du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan. La victoire du sultan musulman fut totale. Il en profita pour, en quelques mois, réduire le royaume de Jérusalem à peau de chagrin. Le 2 octobre 1187, il s’emparait même de Jéru..
Niall Christie (éd.), The Book of the Jihad of ‘Ali ibn Tahir al-Sulami (d. 1106)
L’édition et la traduction commentée par Niall Christie du Kitāb al-ǧihād d’al-Sulamī (m. 1106) vient combler un manque qu’assurément tous les historiens des croisades ressentaient. En effet, tous avaient conscience de l’importance du traité rédigé par ce contemporain de la première croisade. Depuis un demi-siècle déjà, Emmanuel Sivan en avait exhumé, édité et traduit quelques extraits (« La genèse de la contre-croisade : un traité damasquin du début du xiie s. », Journal Asiatique, 254, 1966..
L’ordalie au Proche-Orient, à l’époque des croisades
Cet article vise à étudier la place de l’ordalie au Proche-Orient, à l’époque des croisades, et à s’interroger sur les transferts de pratiques judiciaires occasionnés par la création des États latins d’Orient. Pratiquées par les croisés lors de leur marche vers Jérusalem, les ordalies unilatérale et bilatérale sont adoptées ensuite par les Latins d’Orient, qui mettent en place un arsenal juridique où elles apparaissent très codifiées. Peu disertes, les sources narratives permettent de cependant de confirmer l’utilisation régulière de l’ordalie, au XIIe siècle, dans le royaume de Jérusalem. Au siècle suivant, il semble bien que l’ordalie unilatérale décline. Au XIIIe siècle, la pratique de l’ordalie se répand dans l’empire byzantin conquis en 1204 par les chrétiens d’Occident, mais non sans susciter des réticences puis un rejet de la part de l’élite politique et religieuse. En revanche, l’islam n’a pas recours à l’ordalie, que les auteurs arabes connaissent de longue date, puisqu’elle semble avoir été pratiquée par les Arabes à l’époque préislamique. À l’époque contemporaine, le recours à l’ordalie par le fer rouge, nommée al-biš’a, étant attesté, l’on peut se demander s’ils n’ont pas perpétué une pratique ancestrale tue par les sources arabo-musulmanes médiévales du fait de sa condamnation par l’islam. Quelle que soit la réponse apportée à cette question, les Latins d’Orient n’ont probablement joué aucun rôle dans cette hypothétique perpétuation.This article aims to analyse the use of ordeals in the Near East during the Crusades, and to question the transfer of judicial practices caused by the creation of the Latin states. The crusaders used unilateral and bilateral ordeals during their march to Jerusalem. Their Latin successors did the same. They set up a legal arsenal in which the ordeal was highly codified. Narrative sources, which are relatively quiet on this topic, nonetheless confirm the regular use of ordeals in the Kingdom of Jerusalem in the twelfth century, whereas the unilateral ordeal seems to have declined in the thirteenth century. During this century, the ordeal was adopted in the Byzantine Empire, which was conquered in 1204 by the Crusaders, but not without provoking a certain reluctance towards and later a positive rejection of the practice by the religious and political elites. On the other hand, Islam made no use of ordeals. Arab writers knew of it, since it seems to have been practised by Arabs in preislamic times. In modern times, ordeal by hot iron, al-biš’a, is in evidence, which leads us to wonder whether an ancient practice ignored by medieval muslim sources has been continued. Whatever the answer to this question, the Latin of the East probably played no role in this hypothetical continuation of an earlier practice
May Timothy, The Mongol art of War. Chinggis khan and the Mongol Military System
Assurément, le titre est signe. Celui de l’ouvrage (en partie tiré de sa thèse de doctorat) - publié par Timothy May est on ne peut plus explicite : il y eut bien un « art de la guerre » et un « système militaire » propres aux Mongols, qui ne formaient pas les hordes armées indisciplinées et adeptes d’une violence désincarnée que si souvent l’on s’est plu à décrire. Non qu’une telle image soit toujours prégnante, au moins parmi les spécialistes du fait militaire médiéval. L’on sait cependant ..
L’ordalie au Proche-Orient, à l’époque des croisades
Cet article vise à étudier la place de l’ordalie au Proche-Orient, à l’époque des croisades, et à s’interroger sur les transferts de pratiques judiciaires occasionnés par la création des États latins d’Orient. Pratiquées par les croisés lors de leur marche vers Jérusalem, les ordalies unilatérale et bilatérale sont adoptées ensuite par les Latins d’Orient, qui mettent en place un arsenal juridique où elles apparaissent très codifiées. Peu disertes, les sources narratives permettent de cependant de confirmer l’utilisation régulière de l’ordalie, au XIIe siècle, dans le royaume de Jérusalem. Au siècle suivant, il semble bien que l’ordalie unilatérale décline. Au XIIIe siècle, la pratique de l’ordalie se répand dans l’empire byzantin conquis en 1204 par les chrétiens d’Occident, mais non sans susciter des réticences puis un rejet de la part de l’élite politique et religieuse. En revanche, l’islam n’a pas recours à l’ordalie, que les auteurs arabes connaissent de longue date, puisqu’elle semble avoir été pratiquée par les Arabes à l’époque préislamique. À l’époque contemporaine, le recours à l’ordalie par le fer rouge, nommée al-biš’a, étant attesté, l’on peut se demander s’ils n’ont pas perpétué une pratique ancestrale tue par les sources arabo-musulmanes médiévales du fait de sa condamnation par l’islam. Quelle que soit la réponse apportée à cette question, les Latins d’Orient n’ont probablement joué aucun rôle dans cette hypothétique perpétuation.This article aims to analyse the use of ordeals in the Near East during the Crusades, and to question the transfer of judicial practices caused by the creation of the Latin states. The crusaders used unilateral and bilateral ordeals during their march to Jerusalem. Their Latin successors did the same. They set up a legal arsenal in which the ordeal was highly codified. Narrative sources, which are relatively quiet on this topic, nonetheless confirm the regular use of ordeals in the Kingdom of Jerusalem in the twelfth century, whereas the unilateral ordeal seems to have declined in the thirteenth century. During this century, the ordeal was adopted in the Byzantine Empire, which was conquered in 1204 by the Crusaders, but not without provoking a certain reluctance towards and later a positive rejection of the practice by the religious and political elites. On the other hand, Islam made no use of ordeals. Arab writers knew of it, since it seems to have been practised by Arabs in preislamic times. In modern times, ordeal by hot iron, al-biš’a, is in evidence, which leads us to wonder whether an ancient practice ignored by medieval muslim sources has been continued. Whatever the answer to this question, the Latin of the East probably played no role in this hypothetical continuation of an earlier practice
Dubays B. Ṣadaqa (m. 529/1135), aventurier de légende. Histoire et fiction dans l’historiographie arabe médiévale (vie/xiie-viie/xiiie siècles)
Selon K. Pomian, la frontière entre l’histoire et la fable n’a jamais été réellement abolie. Cette étude vise à s’interroger sur cette frontière dans les sources médiévales– chroniques et dictionnaires biographiques arabes des vie-viie/xiie-xiiie siècles pour l’essentiel. Elle est centrée sur le parcours de Dubays b. Ṣadaqa (m. 529/1135), Arabe chiite qui menaça le calife abbasside et/ou le sultan seldjouqide et affirma ses prétentions au pouvoir. A bien des égards, Dubays symbolise un monde en voie de disparition, qui faisait la part belle à des héros arabes supplantés, au vie/xiie siècle, par des puissants turcs et/ou kurdes. Les auteurs arabes médiévaux font de Dubays un homme généreux et/ou puissant, magnanime et/ou violent, selon leurs objectifs informatifs, esthétiques et idéologiques. Ces auteurs savent faire usage de ce qu’on nomme aujourd’hui « fiction ». Pour eux, la distinction entre fable et histoire n’a pas forcément lieu d’être.الحدود بين التاريخ والحكاية لم تضمحل. في هذه الدراسة تساؤل حول الحدود هذه، في المراجع الوسيطية، من أخبار وفهارس سير عربية، من القرنين السادس عشر-السابع عشر/الثاني عشر-الثالث عشر بشكل رئيس. تركز على مسار دبيس بن صدقة)توفي عام ٥٢٩/١١٣٥ (، عربي شيعي تحدّى الخليفة العباسي و/أو السلطان السلجوقي، مؤكداً على مطالبته بالسلطة. من وجوه عديدة، يرمز دبيس إلى عالم في طور الزوال، كان يجمّل أبطالاً من العرب، أخذ يحلّ محلّهم، في القرن السادس/الثاني عشر، وجوه تركية أو كردية. كان المؤلفون العرب الوسيطيون يصفون دبيس على أنه كريم و/أو قوي، شهم و/أو عنيف، حسب أغراضهم الإخبارية، أن الجمالية أو الإيديولوجية. هؤلاء المؤلفون أجادوا الخوض ما نسمّيه اليوم »الخيال. «فالفرق بين الحكاية والتاريخ، لا ضرورة للاهتمام به، عند هؤلاء.According to K. Pomian, the border between history and fable has never really been abolished. This study aims at examining this border in the medieval sources (mainly Arabic chronicles and biographical dictionaries of the VIth-VIIth/XIIth-XIIIth centuries). It focuses on Dubays b. Ṣadaqa (d. 529/1135), a Shiite Arab who threatened the Abbasid caliph and/or the Seljuqid Sultan and who asserted his claims to power. In many ways, Dubais is a symbol of a world in process of disappearing: Arabic heroes are supplanted by powerful Turkish and/or Kurdish in the VIth/XIIth century. Arabic authors make Dubais a generous and/or a powerful man, magnanimous and/or violent, according to their informing, aesthetic and ideological purposes. They make use of what is today called «fiction». For them, the distinction between fable and history is not necessarily relevant
Les ethnies
Dans la lignée d’une vision négative du Moyen Âge, on a longtemps cru que les armées médiévales, à rebours naturellement du magnifique instrument que des siècles d’affrontement et un génie propre avaient permis aux Romains de mettre sur pied, n’étaient qu’agrégats d’hommes aux possibilités très limitées. Sans forcément tomber dans le travers inverse, et comparer, ainsi que cela a été fait, Richard Cœur de Lion à Bernard Law Montgomery, il faut au moins convenir que la guerre n’était pas – ou ..
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