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Fictions humanitaires
L’action humanitaire et son apparent potentiel romanesque ont bien été saisis par la fiction. Mais ont-ils pour autant été dépassés, transcendés, sublimés, puisque telle doit être, en théorie, la vertu première de la fiction ? La fiction humanitaire – employer cette expression induisant qu’un tel « genre » aurait vu le jour apparaît pour le moins osé ‑ a-t-elle réussi à sortir l’action du même nom de l’image stéréotypée construite par les spécialistes du marketing et de la communication et qui pourrait se résumer dans l’axiome suivant : « Le volontaire humanitaire s’interpose entre le Mal et la victime et tout cela finit bien… » ? Oui, qu’il s’agisse du roman, du cinéma, du théâtre ou pourquoi pas, plus récemment, de la bande dessinée, quelles images de l’action humanitaire renvoient les œuvres de fiction ? Comment la fiction a-t-elle réussi – ou échoué – à prendre à bras le corps les ressorts iconographiques de l’humanitaire, ses codes, ses images-valises et à les transformer ? Que de questions auxquelles ce numéro tente d’aborder, modestement, une amorce de réponse ! « Amorce de réponse », car cela n’a pas été sans peine de trouver les intervenants et auteurs prêts à se confronter à cette problématique originale. Pas si facile de s’arracher à la boue de la réalité afin de pousser les portes de la création
Par delà le théâtre européen de 14-18 : L’autre grande guerre dans le monde musulman
Le présent dossier propose de s’interroger sur la pertinence, pour les mondes musulman et méditerranéen, du cadre chronologique de « 14-18 » généralement appliqué à l’Europe occidentale pour caractériser la Grande Guerre. En considérant les crises d’avant 1914 liées aux impérialismes – guerre russo-japonaise, guerres balkaniques, guerre italo-turque – comme facteurs de déstabilisation et signes annonciateurs de la conflagration mondiale à venir, les articles du dossier insistent sur les transformations administratives et territoriales, les évolutions sociétales que traversent les grands empires, ottoman et russe notamment, durant une période s’étendant de 1904 à 1924. Les différents articles insistent donc sur la longue et difficile sortie de guerre de ces territoires occupés ou divisés (les espaces mandataires), terrains de nouveaux conflits – guerre de libération ou guerre civile dans les anciens espaces impériaux ottoman et russe – qui ne s’achèvent ni en 1918, ni en 1919 avec la paix de Versailles, mais plutôt dans le milieu des années 1920. En mettant en valeur le poids des marges impériales, le dossier porte un autre regard sur la géographie de la guerre au Moyen-Orient, des Balkans à la Méditerranée, de la Syrie au golfe Persique, en passant par l’Asie centrale, et éclaire très largement les enjeux contemporains. Il présente donc une vision originale et plurielle de la Première Guerre mondiale dans les mondes musulman et méditerranéen
Cinémas arabes du XXIe siècle. Nouveaux territoires, nouveaux enjeux
Loin des feux qui ont fait jadis sa gloire, le cinéma des pays arabes se réinvente sous l’effet de dynamiques de production et d’exposition des films, dans des expérimentations visuelles inédites et dans un nouveau rapport à la prise et à la consommation d’images. Ce sont ces mutations et ce qu’elles disent de ce territoire, qui va de l’Atlantique au Golfe, que ce recueil explore. Par l’étude des œuvres, des conditions de production des films, de leur circulation et de leur réception, le cinéma permet en effet aussi d’interroger les évolutions sociales et politiques à l’œuvre dans cette région du monde. La première partie de cet ensemble est construite autour des notions de territoire et de frontière. Celles-ci concernent aussi bien les nouvelles logiques de production et d’exposition de films dans les festivals que l’effacement des frontières entre champs artistiques, et bien entendu la façon dont les films eux-mêmes prennent en charge de multiples manières les questions de représentation territoriale. La seconde partie s’attache à la représentation du pouvoir dans les films et aux liens tissés entre pouvoirs et cinéma au cours de ces dix dernières années. A travers les bouleversements filmés et mis en scène durant les Printemps arabes (voire même avant), cette partie traite bien évidemment du rapport entre cinéma et révolution, mais elle questionne aussi les rapports de pouvoir quand celui-ci se situe à d’autres niveaux, entre les hommes et les femmes, entre les producteurs et les réalisateurs, entre les spectateurs et le film. Elle interroge tout autant la façon dont des partis politiques ou des médias utilisent le film pour accroître leur influence qu’à l’inverse, l’action du cinéma lui-même sur les pouvoirs politiques et sur leurs évolutions. Cette partie s’achève sur une réflexion qui, partant des territoires arabes et des contestations politiques avec et par l’image, interroge de façon plus ample ce qui définit le cinéma au regard des autres images au xxiesiècle