Biodiversités

Cet article tente de croiser une réflexion épistémologique au sujet de la diversité biologique, à une analyse des conditions sociales dans lesquelles cette notion s'est imposée comme norme de gestion, ainsi que de celles qui président à son évaluation. Si cet examen met en valeur les raisons qui militent en faveur de l'adoption de la biodiversité comme critère d'évaluation des impacts de l'activité humaine, elle en montre aussi les difficultés d'application

L'élevage contemporain en question : demande sociale, préférences des consommateurs ou interrogations citoyennes ?

National audienceThe paper begins by criticizing the notion of the "social request" (a "request" that would justify that one cares for animal well-being and the breeding environment); we never know who expresses this wish nor how. Only the economy suggests a rigorous definition-that is a request that is validated by the market. However, the approach that includes the evaluation of the benefit that is gained by individuals consuming animals who have lived happy lives on farms preoccupied by the quality of their environment asks a question of justice : is it right that the consumer pay so that farms pollute less and animals suffer less? From these two criticisms, the author suggests interpreting the social uneasiness that appears under different forms of modern breeding as an expression of two questions of ethics. The first concerns how the animals make out : to just what point do we have the right to manipulate animals that we have recognised as being weaker ? The second concerns the responsibility of the breeders : in what measure are they responsible for the non-intentional effects of their activity, when these harmful effects (pollutions) are known? These questions are those that should be debated and should make individuals as citizens react.L'article s'ouvre sur une critique de la notion de "demande sociale" (une "demande" qui justifierait de se préoccuper du bien-être des animaux et de l'environnement des élevages) : on ne sait jamais qui l'exprime ni comment. Il faut admettre que seule l'économie en propose une définition rigoureuse, à savoir une demande validée par le marché. Mais la démarche qui revient à évaluer le bénéfice que procure aux individus la consommation d'animaux ayant vécu heureux dans des élevages soucieux de la qualité de leur environnement pose, de fait, une question de justice : est-il juste que ce soit au consommateur de payer pour que des élevages polluent moins et que les animaux souffrent moins ? A l'issue de ces deux critiques, l'auteur propose d'interpréter le malaise social qui se manifeste sous de multiples formes au sujet de l'élevage contemporain comme l'expression de deux questions éthiques. La première concerne le sort des animaux : jusqu'où a-t-on le droit d'instrumentaliser des animaux dès lors que l'on reconnaît en eux des êtres sensibles ? La seconde concerne la responsabilité des éleveurs : dans quelle mesure sont-ils responsables des effets non intentionnels de leur activité, lorsque ces effets nocifs (pollutions) sont connus ? Ces questions sont celles dont doivent débattre et se saisir les individus en tant que citoyens

[Le génie génétique et les problèmes d'éthique]

International audienceLe génie génétique est décrit comme une révolution scientifique et technologique majeure, ce qui le rend légitime aux yeux de ses défenseurs. Les opposants, eux, craignent que le génie génétique soit un danger et une obstruction anormale dans le processus du vivant. Un examen minutieux des controverses scientifiques et du débat sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) révèle que les résultats sur le génie génétique sont sophistiqués mais néanmoins incertains et que loin de se mêler de matière anormale de la vie, il contrôle actuellement le processus naturel. La raison pour laquelle le public est effrayé par la consommation des OGM est le fait qu'il ne comprenne pas tout. Une enquête montre que l'inquiétude provient de l'incapacité des autorités chargées du contrôle des nouvelles technologies à s'opposer aux intérêts puissants des multinationales

Courir les escargots : ethnologie des pratiques de ramassage de l'Helix Pomatia

Ce rapport est le prolongement d'un travail réalisé dans le cadre d'un projet de modification de l'arrêté réglementant la pratique du ramassage des escargots, et plus spécifiquement de l'espèce helix pomatia, en vue de sa protection. L'auteur analyse les pratiques de ramassage de l'escargot sous l'angle des savoir-faire des ramasseurs. Le ramassage des escargots suppose de connaître les lieux privilégiés, il se fait même en période prohibée, ceci alors dans la plus grande discrétion. Très consommé dans la première moitié du 20e siècle, un véritable réseau de commercialisation de l'escargot s'est mis en place. Les pratiques commerciales ayant quasiment disparu, le ramassage de l'escargot a nettement diminué et se fait surtout dans un but d'autoconsommation. La raréfaction de l'espèce est due actuellement à un certain nombre de pratiques liées à la gestion et à l'entretien de l'espace qui ont eu un impact important sur l'évolution de l'helix pomatia, en particulier l'agriculture. Si l'escargot est apprécié sur le plan culinaire, les représentations de l'animal provoquent souvent la répulsion chez ceux qui le préparent

Eléments de réflexion sur l'efficacité sociale d'une réglementation du ramassage : le cas de l'Helix Pomatia

La raréfaction de l'escargot de Bourgogne a conduit à mettre en place une réglementation du ramassage. Mais cette pratique n'est pas la seule raison de la diminution de population de cette espèce : la dégradation des milieux naturels (par la consommation d'engrais et de pesticides...) en est une autre. Le ramassage des escargots est le fait d'une minorité, principalement comme activité de loisirs ou pour satisfaire des besoins familiaux, et il tend à diminuer à cause du travail fastidieux de préparation culinaire. D'autre part l'enquête ethnographique révèle que cette réglementation (interdiction de cueillette d'avril à juin) n'est pas respectée

Les OGM, entre hostilité de principe et principe de précaution

National audienceLes auteurs analysent le principe de précaution avec pour exemple la commercialisation de plantes transgéniques. Ils étudient d'abord les notions de responsabilité, précaution, prévention, associées au risque. Il ne s'agit pas de prouver l'absence de risque mais de réduire l'incertitude. En tant que principe d'action publique, le principe de précaution impose aux organismes de recherche de développer des investigations susceptibles d'évaluer les risques sanitaires et environnementaux. Cela suppose une redéfinition de l'expertise. L'application du principe de précaution invite ainsi à ne s'engager dans une innovation qu'à l'issue d'un débat public, informé par l'état des connaissances et des incertitudes. La transgénèse au lieu de constituer une révolution technologique pourrait n'être qu'une dangereuse artificialisation du vivant et la diffusion massive d'organismes génétiquement modifiés (OGM) est susceptible d'avoir des conséquences désastreuses. L'OGM n'est pas un artifice, mais un organisme dont le patrimoine génétique a été à peine modifié. Les OGM relèvent plus de la précaution que de la prévention car les risques supputés sont encore mal cernés et sujets à caution. S'en tenir au principe de précaution c'est s'assurer que la raison prend le pas sur la peur et c'est prendre le temps, pour chaque proposition de commercialisation d'OGM, d'une expertise informée, au détriment des intérêts des généticiens et des firmes agro-industrielles mais au profit de la recherche scientifique et de la démocratie

Eléments de réflexion sur l'efficacité sociale d'une réglementation du ramassage : le cas de l'Helix Pomatia

La raréfaction de l'escargot de Bourgogne a conduit à mettre en place une réglementation du ramassage. Mais cette pratique n'est pas la seule raison de la diminution de population de cette espèce : la dégradation des milieux naturels (par la consommation d'engrais et de pesticides...) en est une autre. Le ramassage des escargots est le fait d'une minorité, principalement comme activité de loisirs ou pour satisfaire des besoins familiaux, et il tend à diminuer à cause du travail fastidieux de préparation culinaire. D'autre part l'enquête ethnographique révèle que cette réglementation (interdiction de cueillette d'avril à juin) n'est pas respectée

Courir les escargots : ethnologie des pratiques de ramassage de l'Helix Pomatia

Ce rapport est le prolongement d'un travail réalisé dans le cadre d'un projet de modification de l'arrêté réglementant la pratique du ramassage des escargots, et plus spécifiquement de l'espèce helix pomatia, en vue de sa protection. L'auteur analyse les pratiques de ramassage de l'escargot sous l'angle des savoir-faire des ramasseurs. Le ramassage des escargots suppose de connaître les lieux privilégiés, il se fait même en période prohibée, ceci alors dans la plus grande discrétion. Très consommé dans la première moitié du 20e siècle, un véritable réseau de commercialisation de l'escargot s'est mis en place. Les pratiques commerciales ayant quasiment disparu, le ramassage de l'escargot a nettement diminué et se fait surtout dans un but d'autoconsommation. La raréfaction de l'espèce est due actuellement à un certain nombre de pratiques liées à la gestion et à l'entretien de l'espace qui ont eu un impact important sur l'évolution de l'helix pomatia, en particulier l'agriculture. Si l'escargot est apprécié sur le plan culinaire, les représentations de l'animal provoquent souvent la répulsion chez ceux qui le préparent

Le contexte social, éthique et juridique

International audienc

Sciences sociales et espaces protégés

National audienceLes politiques de protection de la nature et les pratiques qui leur sont associées sont un des domaines où peut s'observer l'émergence de nouvelles relations des sociétés à la nature. La politique de la protection de la nature est remise en cause par l'absence de concertation sur les objectifs, les mesures appropriées et les territoires concernés qui sont définis avec les seuls scientifiques et sur le fait que la négociation avec les usagers porte uniquement sur les modalités de mise en oeuvre. Une autre évolution d'ordre scientifique pousse à l'invention de nouvelles procédures en rupture avec la tradition. Ces évolutions posent de nombreuses questions qui mobilisent les sciences de l'homme et de la société. Un réseau de spécialistes susceptibles de développer des recherches en sciences sociales concernant les espaces protégés a été mis en place en 1996. Cette mobilisation des compétences avait pour objectif de confronter des approches disciplinaires diverses et des problématiques différentes sur la question de la protection de la nature et plus spécifiquement les parcs nationaux et à terme d'identifier un certain nombre d'axes de recherche susceptibles de répondre aux attentes des gestionnaires des espaces protégés