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Chapitre 11. Plaute et le bain : y a-t-il un balneum « originel » ?
Sans doute sera-t-il utile, de manière à affiner les résultats disponibles, de confronter davantage les renseignements archéologiques aux sources littéraires. Plusieurs auteurs doivent ainsi être privilégiés ; il semble en particulier que Plaute – l’un des plus anciens connus – fournisse un ensemble de sources irremplaçables. C’est une fois seulement que l’on se sera servi de ces textes que les apports issus de l’archéologie prendront une réelle signification. On se propose aussi de démontrer..
Chapitre 13. Balneum, chaleur et sudation
Ces éléments étant indiqués, reste à préciser les manières concrètes dont les Romains procèdent au nettoyage corporel. La première d’entre elles passe par l’utilisation de la chaleur à fin de soin. Le balneum est en effet, et avant tout, conçu comme un lieu où il fait chaud, et ce dès le début de la période considérée. On l’a entrevu à travers le récit que fait Tite-Live de la mort des Romains retenus prisonniers de la ville de Capoue au moment où celle-ci se range du côté d’Hannibal : enferm..
Conclusion : y a-t-il un « fond commun » de saleté ?
L’étude de la liste de termes qu’on s’est fixée montre que, à s’en tenir à ces derniers, on ne peut pas caractériser la saleté par un critère matériel unique. Tous ces termes ne sont pas strictement équivalents. Ainsi, ce qui est décrit par inquinare s’applique plutôt au contact à la terre ou à la boue, et par extension aux cadavres, au sang, au poison. De leur côté, les sordes, comme on l’a vu, sont le terme peut-être le plus générique pour désigner la saleté, mais concernent plus précisémen..
Chapitre 8. Saleté affichée et « bonne » saleté
Ces points étant posés, il faut maintenant tenir compte de situations dans lesquelles, de façon paradoxale, il faut être sale et où, à l’inverse, ne pas se recouvrir de saleté peut signaler un comportement inconvenant. Ces situations permettent de comprendre a contrario les enjeux généraux de la propreté tels qu’on les a décrits jusqu’à présent. On en retiendra deux en particulier : la première – déjà entrevue dans la partie précédente – est la saleté dont on se couvre en contexte de deuil st..
La femme romaine est-elle impure ? Impurus : Ă©tude de cas
This article analyzes the range of meanings attached to the adjective impurus. This word appears in the whole corpus, but Cicero, who uses it to dismiss his enemies, represents most of its occurrences. A man is “ impure” if he lives in— mostly oral— debauchery, and it is difficult to distinguish whether the denunciation of his “ impurity” refers to the use of his mouth to perform sexual acts or to speak insanities. Impurus can also be a mere insult, then aimed at the “ revolting” human being. The word also applies to individuals whose behavior creates a situation of sacrilege, impiety, or civic disorder. All these meanings are porous. Finally,
impurus— the use of which, in many respects, confirms Mary Douglas’ analysis of the concept of pollution— seems to mainly concern men, and more precisely degraded men : women almost never bear the insult.Cette contribution analyse l’univers des significations attachées à l’adjectif impurus. S’il est employé dans l’ensemble du corpus, plus de la moitié de ses occurrences se trouve chez Cicéron, qui l’utilise pour dévaloriser ses ennemis. Un homme peut être «impur » s’il se livre à la débauche, surtout orale ; et, dans ce dernier cas, est «impur » d’une manière équivalente celui qui livre sa bouche à des pratiques sexuelles et celui qui s’en sert pour parler méchamment. Le terme peut aussi être une simple insulte et désigne alors un «sale individu » , dont il faut s’éloigner. Il peut encore concerner des individus dont le comportement crée une situation de sacrilège ou d’impiété. Toutes ces significations sont perméables : c’est souvent le même individu qui est concerné. Enfin, ce terme – dont les modalités d’application confirment la grille d’analyse de la souillure proposée par Mary Douglas – semble s’appliquer prioritairement aux hommes, surtout dégradés ; on peut se demander s’il ne leur est pas réservé, car les femmes ne sont presque pas concernées.Blonski Michel. La femme romaine est-elle impure ? Impurus : étude de cas. In: Ktèma : civilisations de l'Orient, de la Grèce et de Rome antiques, N°41, 2016. pp. 311-322
Se Nettoyer à Rome (IIe siècle av. J.-C.- IIe siècle ap. J.-C.)
Comment les Romains de la fin de la République et du début de l’Empire envisagent-ils les opérations de nettoyage corporel ? La réponse à cette interrogation doit passer par la délimitation de leurs catégories du sale, du soin corporel et de la juste présentation de soi, en mobilisant des analyses anthropologiques, lexicologiques et archéologiques. Le vocabulaire de la saleté, en particulier, permet de circonscrire un ensemble varié de réalités indésirables : il n’y a pas « une » mais « des » saletés – tout est fonction de contextes – et le lexique reflète cette diversité. La justification de la propreté, au contraire, se fonde sur des prescriptions morales remarquables par leur permanence et leur cohérence tout au long de la période. La propreté doit être entendue comme la traduction concrète de la notion plus large de soin ; et, réciproquement, la saleté traduit celle de négligence. Par conséquent, être un bon citoyen, et au-delà , un être humain véritable, passe par la propreté – avec une insistance telle qu’elle fait de cet état un marqueur de reconnaissance sociale. Plus on est propre et « brillant », plus on se situe en haut des hiérarchies civiques. Ces prescriptions morales aboutissent à l’émergence de cette réalité bien romaine qu’est le balneum : le lieu privilégié de l’entretien de ce modèle civique, croisement d’univers moraux, cosmétiques et médicaux. Elles sont appuyées par un ensemble de techniques spécifiques accordant une place privilégiée au frottement du corps, à l’aide d’huile ou de détergents
Conclusion
On a cherché ici à répondre à plusieurs questionnements liés : celui du lieu du nettoyage, d’abord, et ensuite celui de la manière dont ce nettoyage se fait. Dans un premier temps, on s’est demandé quelle était la marge de réflexion s’agissant des origines du bain romain, en particulier dans ses relations éventuelles avec le balaneion grec et hellénistique. Le monde grec en effet a développé sa propre culture balnéaire, dès l’époque classique, avec son propre type d’installations de bains pub..
Chapitre 2. Spurcus et la spurcitia : fluides et dégoût
L’adjectif spurcus ainsi que les termes de la famille dont il provient (spurcitia, conspurcare, etc.) renvoient directement à un ensemble de choses, de substances, rejetées par un ensemble donné, par exemple aux excréments rejetés par le corps. En établissant une liste de ces substances, on aura un regard plus précis ; on verra que certaines d’entre elles seules sont concernées ; et l’on verra aussi que le propre de ce qui est spurcus est de susciter une réaction violente de dégoût et de répu..
Introduction
Il y a quelques années, la Cité des Sciences de la Villette proposait au public enfantin une exposition, « Crad’expo », consacrée à un sujet original : expliquer la manière dont se forment les résidus jugés habituellement sales du corps humain. La présentation eut assez de succès pour donner lieu à une suite. Mais elle eut aussi la chance d’être présentée par un ensemble d’affiches particulièrement éloquentes. L’une d’elles en l’occurrence, visible dans le métro parisien représentait une peti..
Chapitre 9. La question des « origines » et le monde hellénique
Se demander quelle peut être « l’origine » des bains dans le monde romain et de ce qui a été à la « source » de leur pratique, c’est passer nécessairement par le rappel des études de cette autre civilisation méditerranéenne contemporaine dont la culture balnéaire ait été bien établie : le monde grec. Ce dernier a fait l’objet d’études qui se sont peu à peu multipliées depuis les années 1950 : si l’on met de côté les monographies archéologiques, la synthèse la plus connue, et l’une des plus an..