21 research outputs found

    Utopie et pathologie : le thĂ©Ăątre contemporain Ă  la conquĂȘte l’« espace mental » F. Volchitza Cabrini, Sarah Kane, Martin Crimp, Gildas Milin.

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    La question de l’utopie est apprĂ©hendĂ©e de façon critique dans les textes dramatiques que nous abordons ici. Tout en s’inscrivant dans des perspectives diffĂ©rentes, les piĂšces contemporaines des Britanniques Martin Crimp (Atteintes Ă  sa vie, Face au Mur) et Sarah Kane (PurifiĂ©s, Manque, 4.48 Psychose), celles du Français Gildas Milin (Anthropozoo, L’Homme de FĂ©vrier) et de l’Italienne Francesca Volchitza Cabrini (Si tu me regardes, j’existe) renouvellent l’angle d’approche de l’utopie sur la scĂšne europĂ©enne en interrogeant les ressorts des pathologies qui peuvent dĂ©couler des utopies collectives ou individuelles que notre Ă©poque voit apparaĂźtre. Ecrites entre 1997 et 2008, ces piĂšces nous offrent, par-delĂ  leurs divergences, des tableaux ou des discours utopiques qui donnent lieu Ă  des situations pathologiques, ou bien inversement rĂ©flĂ©chissent des situations pathologiques favorisant des projections utopiques. Sans constituer pour autant des dystopies, elles pointent du doigt notamment les pathologies mentales qui se dĂ©veloppent chez le sujet contemporain, soit en les dĂ©nonçant derriĂšre l’affirmation satirique d’apparences sociales heureuses et prospĂšres (l’harmonie de façade dans les comĂ©dies de menace de Crimp), soit en exposant la tragĂ©die d’idĂ©aux fantasmĂ©s et hors d’atteinte dans un cadre explicitement pathologique (la psychose chez Kane, l’anorexie chez Cabrini), soit encore en proposant d’investiguer « la part d’incertitude, de chaos, d’alĂ©atoire que la science accepte aujourd’hui pour dĂ©crire au mieux la crĂ©ativitĂ© de la nature » Ă  travers des visions futuristes techno-scientifiques du monde qui se rĂ©vĂšlent profondĂ©ment ambivalentes (Milin). Il s’agit avant tout de travailler une Ă©criture rĂ©flexive qui « soulĂšve des questions essentielles sur le monde dans lequel nous vivons » (Martin Crimp) dans des registres allant du satirique au tragique en passant par une vraie poĂ©sie du langage. Au final, le rapport ironique de ces piĂšces Ă  l’utopie reflĂšte essentiellement l’angoisse sous-jacente, caractĂ©ristique de notre Ă©poque, qui est aussi bien la source que le produit des projections mentales et des fantasmes pathologiques qui constituent le motif central de ces textes pour la scĂšne

    Effondrements Ă©cologiques et humains dans les arts plastiques et les arts de la scĂšne : de l’empathie sĂ©lective Ă  l'empathie arborescente

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    International audienceL’instrumentalisation des mots et des images par les plateformes d’information permettent aux mĂ©dias de jouer sur la « corde sensible » de leurs publics (rhĂ©torique du choc et sensationnalisme). Ces procĂ©dĂ©s posent la question des modalitĂ©s journalistiques du voir et du recours au montage (zapping, censure, coupes, diffusion en boucle, direct/live, diffĂ©rĂ©, copier-coller et anachronismes des images...) pour susciter l’émotion Ă  des fins essentiellement idĂ©ologiques, Ă©conomiques et politiques. Face Ă  ces manipulations mĂ©diatiques, nous proposons d’aborder le phĂ©nomĂšne de l’empathie sĂ©lective de maniĂšre plus large en l’interrogeant dans le champ de la crĂ©ation au sein des arts plastiques et des arts de la scĂšne. À partir de questions transversales liĂ©es Ă  la reprĂ©sentation de la crise Ă©cologique, nous interrogerons la place, les formes et les effets du processus empathique dans l’art lorsque celui-ci prend pour objet des Ă©vĂ©nements rĂ©cents, plus ou moins mĂ©diatisĂ©s ou passĂ©s sous silence. Ainsi, l’art peut-il faire contrepoids au silence mĂ©diatique ? Offre-t-il un contrepouvoir, et si oui, Ă  quelles conditions ? À quels types de gestes artistiques l'Ă©motion empathique peut-elle conduire ? Fait-elle de l’Ɠuvre un acte engagĂ© ? Par ailleurs, du cĂŽtĂ© de la rĂ©ception, en quoi l’art, lorsqu’il sollicite notre empathie, propose-t-il une autre forme de mise en relation au monde et nous invite-t-il Ă  agir ? Que peut-on en attendre ? Ces questions nous permettront de nous interroger, au-delĂ  des oppositions binaires (distance vs frontalitĂ©, neutralitĂ© vs manipulation, etc.), sur la crĂ©ation d'Ă©carts critiques en regard des effets de proximitĂ© affective qu'implique l'empathie, et de proposer l’idĂ©e d’une empathie non plus sĂ©lective, mais en arborescence. Dans cette optique, en tant qu’artiste, Elsa Ayache prĂ©sentera son travail sur les mĂ©gafeux en AmĂ©rique, Australie et Europe (textes et sĂ©rie de dessins Ă  l’encre sur papier parfois brĂ»lĂ©, 2018-2021). Ces crĂ©ations offriront le matĂ©riau d’une rĂ©flexion sensible au fondement d’un questionnement sur le fragile et le vulnĂ©rable, envisagĂ©s comme Ă©lĂ©ments fondamentaux de la relation empathique Ă  l’Autre. Dans un mouvement allant du spectaculaire Ă  l’intime, et du collectif Ă  l’individuel, son travail ouvre un espace d’autorisation qui invite le spectateur Ă  se reconnaĂźtre en l’Autre dans un environnement commun, vital et menacĂ© - la forĂȘt - tout en cheminant vers sa propre singularitĂ© et libertĂ© de ressentir. Du cĂŽtĂ© du thĂ©Ăątre, Solange Ayache fera dialoguer ce travail exploratoire avec des crĂ©ations de la scĂšne contemporaine en France et en Angleterre. Deux piĂšces en particulier seront abordĂ©es, qui sollicitent l’empathie des spectateurs pour faire communautĂ© autour d’évĂ©nements liĂ©s aux crises humaine et environnementale. Dans The Encounter (2015), Simon McBurney et son ThĂ©Ăątre de ComplicitĂ© mettent en scĂšne l‘histoire vraie de la rencontre entre un reporter du National Geographic et la tribu des Mayorunas au cƓur de la forĂȘt amazonienne. Dans Mon Corps C’est le Monde (2020), Gildas Milin aborde la question du terrorisme Ă©cologique autour d’un groupe de jeunes activistes atteints de maladies environnementales, qui font le rapprochement entre la destruction de leurs corps et la destruction du monde. Ici, le travail sur les voix et les images (recours Ă  la vidĂ©o et Ă  la technologie binaurale) permettra de rĂ©flĂ©chir Ă  la maniĂšre dont une empathie collective est mobilisĂ©e pour nous inviter Ă  ressentir (dans l’ici et maintenant de la reprĂ©sentation) et Ă  (rĂ©)agir (dans l’aprĂšs-coup du spectacle) contre la rĂ©duction au silence des minoritĂ©s dans les mĂ©dias (populations aborigĂšnes, handicap invisible...). Dans la continuitĂ© d’une dynamique de travail qui s’est naturellement Ă©tablie Ă  partir d’une sensibilitĂ© commune et dans le dialogue entre nos disciplines respectives (arts plastiques et Ă©tudes thĂ©Ăątrales), nous dĂ©velopperons une intervention hybride, « sympoĂŻĂ©tique » . Celle-ci prendra la forme d’un Ă©change performĂ©. Ainsi, cette proposition artistique Ă  deux voix posera Ă©galement la question de la place, des formes et des effets de l’empathie comme levier d’une mĂ©thodologie de recherche et de crĂ©ation dans le champ des humanitĂ©s environnementales et des care studies. Elle abordera la question de l’empathie sĂ©lective et du silence mĂ©diatique en croisant rĂ©flexion (Ă©cocritique) et crĂ©ation (Ă©copoĂ©tique), contribuant ainsi Ă  penser de nouvelles façons de crĂ©er au sein de la recherche en art et littĂ©rature

    L’humain face Ă  l’effondrement dans les arts plastiques et les arts de la scĂšne: de l’empathie sĂ©lective Ă  l’empathie arborescente

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    International audienceIn a dialogue between the visual arts and the theatre, this paper brings together a poetic voice and a critical voice to ask how the place, forms, and effects of empathy work as a catalyst in contemporary art and research practices. It draws on some of Elsa Ayache’s visual and textual work on megafires (2020-2023) alongside a study of British playwright Sarah Kane’s first play, Blasted (1995), which was recently staged at the ComĂ©die-Française for the first time. Exploring what could be called “tentacular empathy” as an ethical position, the article addresses the necessary development of our emotional skills in order to confront the converging crises that we face both individually and collectively. In this context where life on Earth is at stake, this hybrid contribution aims to provide the reader-viewer with a cognitive and embodied experience of our shared vulnerability, as it engages in the “art science worldings as sympoietic practices for living on a damaged planet” which Donna Haraway describes in her 2016 book Staying with the Trouble (p. 67).Dans un dialogue entre arts plastiques et Ă©tudes thĂ©Ăątrales, ce travail unit la voix de l’artiste et celle de la chercheuse pour poser la question de la place, des formes et des effets de l’empathie comme levier au sein de la crĂ©ation et de la recherche. À partir d’une prĂ©sentation du travail plastique et poĂ©tique d’Elsa Ayache sur les mĂ©gafeux (2020-2023) et d’une Ă©tude de la premiĂšre piĂšce de la Britannique Sarah Kane, AnĂ©antis (1995), rĂ©cemment mise en scĂšne Ă  la ComĂ©die-Française, nous avançons l’idĂ©e d’une « empathie en arborescence », fondĂ©e sur un dĂ©ploiement des compĂ©tences Ă©motionnelles devant nos effondrements et proposĂ©e comme posture Ă©thique. Dans le contexte actuel de la convergence des crises qui mettent tout le vivant en danger, ce travail hybride invite le lecteur-spectateur Ă  une expĂ©rience cognitive et sensible d’une vulnĂ©rabilitĂ© partagĂ©e, Ă  l’image de ces « mondes qui se forment Ă  travers les arts et les sciences et qui proposent des pratiques sympoĂŻĂ©tiques permettant de vivre sur une planĂšte abĂźmĂ©e » (Haraway, 2020, p. 133)

    VulnĂ©rabilitĂ©s (au cƓur) de la forĂȘt : pour une empathie arborescente dans les arts plastiques et de la scĂšne

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    À partir de questions transversales liĂ©es Ă  la reprĂ©sentation de la crise Ă©cologique et de l'espace de la forĂȘt dans les arts de la scĂšne et les arts plastiques, nous interrogerons la place, les formes et les effets de l'empathie dans l’art lorsque celui-ci prend pour objet la destruction des poumons de la planĂšte. Au-delĂ  des oppositions binaires (distance vs frontalitĂ©, neutralitĂ© vs manipulation, etc.), nous interrogeons, dans le contexte du rĂ©chauffement climatique, la crĂ©ation d'Ă©carts critiques en regard des effets de proximitĂ© affective qu'implique l'empathie, et proposons de rĂ©flĂ©chir aux modalitĂ©s d'une empathie en arborescence en proposant une intervention-performance au croisement de la recherche et de la crĂ©ation. En tant qu’artiste, Elsa Ayache prĂ©sente son travail sur les mĂ©gafeux en AmĂ©rique, Australie et Europe (textes et sĂ©rie de dessins Ă  l’encre sur papier parfois brĂ»lĂ©, 2018-2021). Ces crĂ©ations offrent le matĂ©riau d’une rĂ©flexion et d'une expĂ©rience sensibles, au fondement d’un questionnement sur le fragile et le vulnĂ©rable, envisagĂ©s comme Ă©lĂ©ments fondamentaux de la relation empathique Ă  l’Autre. Dans un mouvement allant du spectaculaire Ă  l’intime, et du collectif Ă  l’individuel, son travail ouvre un espace d’autorisation qui invite le spectateur Ă  se reconnaĂźtre en l’Autre dans un environnement commun, vital et menacĂ© - la forĂȘt - tout en cheminant vers sa propre singularitĂ© et libertĂ© de ressentir. Du cĂŽtĂ© du thĂ©Ăątre, Solange Ayache fait dialoguer ce travail exploratoire avec une crĂ©ation rĂ©cente de la scĂšne contemporaine en Angleterre. Dans The Encounter (2015), Simon McBurney et son ThĂ©Ăątre de ComplicitĂ© mettent en scĂšne l‘histoire vraie de la rencontre entre un reporter du National Geographic et la tribu des Mayorunas au cƓur de la forĂȘt amazonienne. La piĂšce sollicite l’empathie des spectateurs pour faire communautĂ© autour de la convergence des crises (humaine, morale, environnementale, Ă©conomique). Le travail sur les voix et les images (recours Ă  la vidĂ©o et Ă  la technologie binaurale) permet de rĂ©flĂ©chir Ă  la maniĂšre dont une empathie collective est mobilisĂ©e pour nous inviter Ă  ressentir, dans l’ici et maintenant de la reprĂ©sentation, et Ă  (rĂ©)agir, dans l’aprĂšs-coup du spectacle, Ă  l'invisibilisation de la catastrophe dans les mĂ©dias. Dans un dialogue entre arts plastiques et Ă©tudes thĂ©Ăątrales, cette intervention Ă  deux voix hybride, « sympoĂŻĂ©tique », pose Ă©galement la question de la place, des formes et des effets de l’empathie comme levier d’une mĂ©thodologie de recherche et de crĂ©ation dans le champ des humanitĂ©s environnementales et des care studies

    Dessins-brûlures et spoken word : des arts de la reliance face à la crise écologique

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    Nous proposons de mettre en rĂ©sonnance sensible les arts plastiques et les arts de la scĂšne en rĂ©flĂ©chissant Ă  la maniĂšre dont le geste artistique et sa rĂ©ception sont travaillĂ©s par la crise climatique. A travers son travail sur les mĂ©gafeux en AmĂ©rique et en Europe (textes et sĂ©rie de dessins Ă  l’encre sur papier parfois brĂ»lĂ©, 2018-2022), Elsa Ayache dĂ©fend ainsi l’idĂ©e qu’entre l’évĂ©nement destructeur et sa reprĂ©sentation se trouve un Ă©cart investi par l’art permettant de s’extraire d’une temporalitĂ© de l’urgence. Se rĂ©fĂ©rant Ă  une iconographie qui documente les incendies et les interactions entre nature et humanitĂ© dans le cƓur de la catastrophe, la sĂ©rie des “Feux californiens” se pose comme Ɠuvre-question ouverte sur ce que l’on fait, concrĂštement, de ce que l’on voit et de ce Ă  quoi l’on assiste. Refusant une spectacularisation des Ă©vĂ©nements, ses peintures, dessins et textes s'appliquent Ă  en dĂ©plier, dans l’intime des gestes, une proximitĂ© sensible, signifiante et essentielle. Du cĂŽtĂ© des arts de la performance, Solange Ayache s’intĂ©resse au spoken word et au verbe engagĂ© de Kae Tempest. Avec Let Them Eat Chaos (2016), Ɠuvre-concept au croisement du poĂšme Ă©pique pour la scĂšne et de l’album de hip-hop, l’artiste britannique n'aborde pas uniquement la crise environnementale, mais offre un tableau sans concession de la crise globale dans laquelle nous sommes plongĂ©s. En pointant nos rapports Ă  la Terre, Ă  l’Autre et Ă  nous-mĂȘmes, son Ă©criture et sa voix mettent en mots et en Ă©motion sensible une mise Ă  mal de notre nature et de notre humanitĂ© face Ă  l’individualisme capitaliste de nos sociĂ©tĂ©s nĂ©o-libĂ©rales. A travers le rĂ©cit du quotidien de sept personnages vivant dans la mĂȘme rue du sud de Londres, la souffrance et l’effondrement intimes de notre ĂȘtre-au-monde et de nos relations sont « croquĂ©s » dans une alternance entre focalisation interne et focalisation externe. Il s’agit de montrer que l’alliance du storytelling et du commentaire Ă©claire, plus qu’une correspondance, l’interdĂ©pendance entre la crise du sujet et la crise du monde. La conscience de cet ĂȘtre-ensemble trouve ainsi les moyens d’advenir et de se partager dans le temps de la performance et du concert, mais aussi dans les espaces alternatifs et poreux de la lecture Ă  voix haute et de l’écoute solitaire. Du papier Ă  la scĂšne, du tracĂ© au parlĂ©, ces oeuvres crĂ©ent des espaces-temps oĂč le petit et le grand se donnent en miroir au sein d’un seul et mĂȘme Ă©cosystĂšme, en faisant rĂ©sonner l’individuel et le collectif, l’intemporel et le situĂ©, le domestique et le politique. Elles jouent sur des temporalitĂ©s multiples qui permettent d’explorer des vulnĂ©rabilitĂ©s intimes en travaillant avec un mal-ĂȘtre plus vaste, dont la catastrophe Ă©cologique est un symptĂŽme plus encore qu’une cause, et rendent possibles une reliance collective.Pour aborder ces questions, l'intervention Ă  deux voix proposĂ©e ici fait dialoguer une parole Ă©copoĂ©tique et une parole Ă©cocritique qui interroge la mĂ©thodologie de la recherche-crĂ©ation dans le champ des humanitĂ©s environnementales et des care studies. Cette approche “sympoĂŻĂ©tique” (D. Haraway) nous permet ainsi de mettre en Ɠuvre et Ă  l'Ă©preuve le concept-mĂȘme de reliance au sein de la recherche en art et littĂ©rature

    Traversées en eaux troubles : porosité des frontiÚres, dérives de la langue et croisement des genres dans The Three Birds de Joanna Laurens

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    The Three Birds, Joanna Laurens’ debut play, is a retelling of the Greek myth of Philomela which departs, in some respects, from the ancient story as it is related in Ovid’s Metamorphoses. A dramatic starting point of the play as well as of the fable however is the crossing of the Aegean sea, which remains a central dynamic as the characters come and go between Athens, the civilized polis, and Thrace, the barbarian country, passing by Aulis in Boeotia. Although it marks at first the alliance between the two formerly rival kings, Tereus and Pandion, it then reveals and accompanies the literal and figurative uprooting of all the characters, each of them becoming marginalized and being thrown into some form of exile. The protagonists and the objects of the play thus navigate from one place to another, and, from one journey to the other, identities become blurred and perspectives intersect. A line is crossed when Tereus rapes his sister-in-law and cuts her tongue to keep her from telling the truth, but Lauren’s original twist is to make Tereus deep in love with Philomela and driven by his passion, not a Thracian acting under the influence of his barbarian origins. This is where violence starts permeating the play, causing barbarism to cross over all the boundaries, passing through and impacting on each character regardless of their race, sex and age. Echoes and mirror effects show how it pervades the acts and language of each protagonist until the categories of the inhuman and the subhuman meet into the final transformation into birds, breaking down the last boundary which distinguishes between human barbarity, the most extreme form of exile, and literal bestiality, the ultimate deterritorialization. This article looks at how the collapse of certain principles triggers a contagious becoming-barbarian which evolves into a ‘becoming-animal’ (Deleuze). Following the quote from Heraclitus ‘Panta rhei’ (‘Everything flows’) used by Laurens as epigraph to her play, I propose to see how barbarism goes from one character to another, making ethical postures interchangeable. From transfers to transformations, from alterations to alienation, we will see how the permeability and even vanishing of boundaries is expressed through the poetry of the dramatic language coined by Laurens, resulting in a crossing of genres

    Révolution quantique sur la scÚne britannique : quelle place pour le réalisme dans le théùtre des possibles ?

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    In his book Rewriting the Nation : British Theatre Today (2011), Aleks Sierz underlines the enthusiasm of the British stage of the 2000s for the creation of alternate realities and the exploration of imaginary worlds during the ‘quantum decade’ of the 2000s. The quantum revolution indeed provides counter-intuitive descriptions of the world which contradict our everyday perceptions and our relation to reality as we experience it. This article aims to examine how British theatre uses quantum concepts and theories to address metaphorically the limits of human knowledge and objective reality, and the necessary recourse to the imagination in interpersonal relationships. From Michael Frayn’s Copenhagen (1998) to Nick Payne’s Constellations (2012) and Simon Stephens’s Heisenberg (2015), it aims to show how the paradigm shift induced by this scientific revolution which upsets our classical conception of the laws of nature invites us to question and redefine the notion of theatrical realism within the framework of a ‘theatre of possibilities’, which takes us beyond the limits of the physical world to the edge of human consciousness, in the impenetrable worlds of the psyche

    « Il suffirait de voir qui je suis, ce que je suis : Corps et Voix » : le problĂšme de l’incarnation anorexique dans Si tu me regardes, j’existe (2009) de Francesca Volchitza Cabrini

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    « Il suffirait de voir qui je suis, ce que je suis : Corps et Voix » est l’ultime rĂ©plique de Si tu me regardes, j’existe, la premiĂšre piĂšce de l’auteure et metteuse en scĂšne italienne Francesca Volchitza Cabrini. FormulĂ© par Claire, le personnage principal, cet Ă©noncĂ© ouvre l’horizon d’une rĂ©conciliation entre le corps et la voix de celle qui, Ă  la fin de la piĂšce, s’avance pour la premiĂšre fois au miroir d’elle-mĂȘme. Mais c’est d’abord le problĂšme de leur articulation qu’il rĂ©vĂšle, problĂšme..

    De la mise au silence à la prise de parole : la voix féminine de Martin Crimp à Sarah Kane

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    Le travail sur la voix dans le thĂ©Ăątre de Martin Crimp (Attempts on Her Life, 1997 ; Fewer Emergencies, 2005) et celui de Sarah Kane (Crave, 1998 ; 4.48 Psychosis, 2000) s’inscrit dans le cadre d’une Ă©criture expĂ©rimentale, post-beckettienne, Ă  la recherche de nouvelles contraintes formelles pour le texte et la scĂšne. Si l’espace dramatique, dans un mouvement convergent chez Crimp et Kane, est de moins en moins un espace physique mais devient, selon l’expression de Crimp, « un espace mental », l’espace scĂ©nique se transforme parallĂšlement en un espace essentiellement vocal oĂč le sujet se donne Ă  entendre, ou se donne Ă  dire, comme une ombre ou un vestige de lui-mĂȘme. Le prĂ©sent article propose de considĂ©rer ensemble l’importance de la voix dans les textes des deux auteurs en s’intĂ©ressant Ă  l’espace intervocal, transdramatique, qui s’est tissĂ© entre les piĂšces de Crimp et celles de Kane autour d’une voix de femme Ă  la fois centrale et spectrale. Polyonyme dans Attempts on Her Life, anonyme dans 4.48 Psychosis, « Anne » est d’abord Ă©clipsĂ©e dans un silence post-traumatique chez Crimp avant d’ĂȘtre restituĂ©e sur le devant de la scĂšne sacrificielle chez Kane dans une prise de parole absolue ; sa voix, Ă  la fois pleine, riche et percĂ©e de silences, devient le thĂ©Ăątre mĂȘme du drame : elle se donne comme performance et Ă©vĂ©nement dramatique ultime. Dans ces piĂšces ainsi que dans Crave de Kane et Fewer Emergencies de Crimp, la voix fonde ainsi ce que l’on pourrait appeler une « psychopoĂ©tique » de la scĂšne.Dramatic experiments with the voice in the theatres of Martin Crimp (Attempts on Her Life, 1997; Fewer Emergencies, 2005) and Sarah Kane (Crave, 1998; 4.48 Psychosis, 2000) fall within the scope of a post-Beckettian quest for new formal constraints for the text and the stage. While the dramatic space, for both Crimp and Kane, is no longer a physical space but has become, to use Crimp’s words, “a mental space”, it appears that the scenic space has transformed into a sheer vocal space. This article looks at the importance of the voice in Crimp’s and Kane’s texts, focusing on the intervocal and transdramatic space created between their plays around the voice of a woman both central and spectral. No longer a conventional character, the female subject, whose voice is either heard as a broken embodied token of a disturbed mind, or is silenced and replaced by the alienating narratives of others, is but a mere shadow, vestige or vocal image of herself. Polyonymous in Attempts on Her Life, anonymous in 4.48 Psychosis, “Anne”, as I will argue, is eclipsed in a post-traumatic silence in Crimp’s play, then restored on the front of a sacrificial stage in Kane’s, regaining her own power of speech in a poetic language made of echoes. Her voice, fully expanding in the space although pierced with blanks and holes, is the ultimate dramatic event. In these two plays as well as in Kane’s Crave and Crimp’s Fewer Emergencies, the voice thus appears at the core of what could be called a “psychopoetics” of the stage

    Theatre and Psychoanalysis: or Jung on Martin Crimp's Stage: “100 Words”

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    This article explores Martin Crimp’s use of Jung’s word association test in his masterpiece Attempts on Her Life (1997). In scenario 11, the playwright reproduces the list of one hundred stimulus words devised in 1909 by the psychoanalyst to test a patient’s mental health. Our point is that this “collage” of disarticulated words inserted by Crimp into the dialogue of three anonymous art critics ironically emphasizes the absence of the main character, the suicidal artist, and her refusal to undergo “treatment.” Anne’s posthumous silence both ignores the psychoanalyst’s trigger words and mocks the critics’ conflicting opinions. By foiling these “attempts on her life”, her aphasia reflects the vain pretensions of language and points both at the failure of the scientific purpose of psychoanalysis and at the “pointlessness” of the intellectual debate. Crimp’s collage itself is a criticism of the temptation to make uncompromising statements about one’s life and motives. While the critics’ debate ends in disagreement, the scientific voice faces its own loneliness and becomes a pure dramatic event. A similar resort to psychoanalysis and psychiatry can be found in Sarah Kane’s 4.48 Psychosis (2002): in these “theatres of the mental space,” both authors turn either the clinical voice of the doctor or the neurotic voice of the patient into a self-referential source of vocal stage poetry displaying the bare materiality of words and the disapearance of the subject.Cet article sur la piĂšce majeure de Martin Crimp, Atteintes Ă  sa vie (1997), propose une Ă©tude du scĂ©nario 11 en regard du test d’association de mots crĂ©Ă© par Carl G. Jung en 1909. RĂ©cupĂ©rĂ©e et insĂ©rĂ©e au cours du dialogue qui prend place entre trois critiques d’art anonymes, la liste de cent mots « inducteurs » mise au point par le psychanalyste pour Ă©valuer la santĂ© mentale de ses patients fait ici l’objet d’un « collage » textuel qui souligne ironiquement l’absence du personnage principal, l’artiste suicidaire, et son refus de se soumettre Ă  tout « traitement » psychanalytique. Le silence posthume d’Anne Ă  la fois contrarie les appels lexicaux du mĂ©decin et moque l’affrontement verbeux des critiques. En contrecarrant ces « atteintes Ă  sa vie » par la parole, l’aphasie de l’artiste morte reflĂšte en creux les vaines prĂ©tentions du langage et pointe du doigt l’échec des ambitions scientifiques de la psychanalyse autant que la vanitĂ© du dĂ©bat intellectuel. Ce collage permet Ă  Crimp de critiquer la tentation d’émettre des jugements catĂ©goriques sur la vie et les motifs de « l’Autre ». Tandis que le dĂ©bat des critiques s’achĂšve sur le mĂȘme dĂ©saccord initial, la voix clinique est renvoyĂ©e Ă  sa propre solitude et devient un pur Ă©vĂ©nement dramatique. On trouve le mĂȘme ressort Ă  la psychanalyse et Ă  la psychiatrie dans 4.48 Psychose de Sarah Kane : dans ces « thĂ©Ăątres de l’espace mental », les deux auteurs transforment la voix – que ce soit celle du mĂ©decin ou celle du patient – en un langage auto-rĂ©fĂ©rentiel, source d’une poĂ©sie de la scĂšne qui met Ă  nue la matiĂšre sonore des mots et fait Ă©cho Ă  la dissolution existentielle du sujet
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