18 research outputs found

    L’attente, un temps féminin ? Pandora, Déméter et les passages secrets du temps

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    Stendhal-Lampedusa: écrire l'entre-deux

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    International audienceA la mémoire heureuse de Philippe Chardin Stendhal-Lampedusa : Ecrire l'entre-deux Il y a presque 50 ans, Aragon était le premier écrivain de renommée internationale à voir en Lampedusa un grand romancier, et dans Le Guépard, un chef-d'oeuvre. Peut-on imaginer la provocation, sacrer ainsi une bluette posthume mal ficelée, à peine sortie en librairie ? Un livre doublement réactionnaire, qui plus est : en plein débat sur le nouveau roman, l'auteur recourt à une narration traditionnelle, et, au moment où l'Italie fête le centenaire de son unité, il en raconte l'histoire comme un bête marché de dupes, une simple transaction entre puissants, au-dessus des illusions des idéalistes. Bien entendu, on peut voir dans le sacre de Lampedusa une rouerie politique de la part du poète, en plein débat sur les errements du stalinisme. Mais Aragon n'en reste pas à un cri du coeur, sa louange du Guépard court sur deux longs articles publiés dans les Lettres françaises. Le premier, paru en décembre 1959 et intitulé « Un grand fauve se lève sur la littérature : Le Guépard », présente le roman comme un chef-d'oeuvre pouvant se dispenser de participer à la littérature engagée parce que sa valeur en fait une oeuvre « dégagée » et singulière, trônant au-dessus de la littérature qui l'entoure : « Le Guépard est un peu plus qu'un très beau livre, c'est un des grands romans de ce siècle, un des grands romans de toujours et peut-être (comme on pourrait le dire pour le roman français d'un roman de Stendhal aux clameurs des balzaciens, pour le roman russe d'un roman de Tolstoï à la fureur des dostoïevskiens) le seul roman italien. » Dans son deuxième article, Aragon développe le parallèle entre les deux romanciers, qui dépasse la simple analogie de position dans le « champs » : c'est en ressemblant à son maître que l'auteur italien est lui aussi unique. Il y a là une contradiction-comment une recette de singularité pourrait-elle opérer pour un autre ?-que résoudra peut-être le rapprochement entre les romanciers. Jusqu'en leur mode de vie, ils partagent une même attitude. Homme de tous temps, par leur souhait d'échapper au présent et de parler à l'avenir, de tous bords, par leur refus d'une assignation à un parti ou une idéologie, de tous pays par leur figure d'européen voyageur, journaliste polyglotte et polygraphe, vivant la scission entre des mondes, les beautés abêties d'une aristocratie fin de race qui doit céder le pouvoir à la brutale énergie du peuple, chacun d'eux trouve dans l'écriture un monde rêvé où formuler les contradictions sans en souffrir. Car au-delà des choix de vie, c'est bien une commune pratique de l'écriture romanesque qui les rapproche 1. Elle se caractérise d'abord par la présence d'une voix, chez Stendhal celle de la dictée, chez Lampedusa, celle du conteur de salon, dont parle Francesco Orlando en rapportant leurs séances de lectures : « c'était encore sa voix, et donc, après tout, un discours privé, que j'avais la sensation d'entendre à chacune de ses pages 2. » Dans leurs textes se donne à entendre un sujet, moins le Moi boursouflé des solipsistes que celui de l'ironiste. Pourtant, il n'y a rien du causeur caustique dans le style de nos romanciers. Leur ironie est d'abord une pratique d'écriture. Elliptique et élusif, leur style appelle son lecteur à singulariser le texte, à lui assigner une forme de subjectivité, en lui attribuant des traits précis, 1 Le parallèle a été esquissé par René Servoise (« De La Chartreuse de Parme au Guépard », in Revue des Deux mondes, Juillet-Août 2003), et développé par Jeffrey Meyers (« The influence of La Chartreuse de Parme on Il Gattopardo », Italica, vol. 44, n°3, septembre 1967, pp. 314-325). 2 « Era ancora la sua voce, e quindi dopo tutto un discorso privato, che avevo la sensazione di udire », Francesco Orlando, Ricordo di Lampedusa, All'Insegna del Pesce d'Oro, 1985, p. 89 ; Un souvenir de Lampedusa, trad. M. Balzamo, L'inventaire, 1996, p. 78

    Subjectivation politique et énonciation littéraire

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    L’apport de Rancière au débat contemporain pourrait s’énoncer comme une redéfinition de la politique. Dans cette entreprise théorique, un point résiste particulièrement à la compréhension : le mode d’existence concrète du sujet politique. Une lecture d’influence peut permettre, sinon de résoudre la question, du moins d’en cerner l’inspiration, en jetant un éclairage oblique sur la pensée de Rancière. Dans La Mésentente, le philosophe reprend la définition aristotélicienne de « l’animal politi..

    La théorie des règles: objet absent, objet impropre

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    International audienceMenstruation is not present in literature, nor in arts, before the XIX th century. Yet, its blossoming in XX th century representations does not rely on a new attention that it would have gained from the Feminist movement. Indeed, in Feminist writings, menstruation remains an absent topic. This silence has been passed on to the Gender studies. One is still waiting for a deconstruction of this motive, that would emphasize a key notion that has been forgotten among the elements of the deconstructed body : time. Is there a feminine time ? Is time experienced in a gendered way ? Is gender linked to a peculiar vision of time ?Les règles sont un objet absent de la représentation artistique jusqu'au XIX e siècle, qui prolifère dans les arts de la fin du XX e siècle. Mais ce changement ne s'est pas fait sur la base d'une réappropriation de la notion de règles par le militantisme féministe. Les règles figurent rarement dans les textes des féministes, qu'elles soient différentialistes ou matérialistes. Cette absence se poursuit aujourd'hui, puisqu'elle figure dans le legs que les études de genre héritent du féminisme. Ainsi, en s'intéressant aux règles, on voit apparaître un impensé qui marque le corps féminin non seulement dans le discours positiviste qui l'évoque, mais également dans la déconstruction de ses représentations : sa dimension temporelle, considérée non sous l'aspect des seuils ou du changement, mais sous l'angle de la régularité, du retour et du cycle. A travers cette approche, on en viendra à s'interroger sur l'existence d'un temps féminin, d'un temps genré

    La jarre et la maison: l'inquiétante intimité des femmes

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    Stendhal-Lampedusa: écrire l'entre-deux

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    International audienceA la mémoire heureuse de Philippe Chardin Stendhal-Lampedusa : Ecrire l'entre-deux Il y a presque 50 ans, Aragon était le premier écrivain de renommée internationale à voir en Lampedusa un grand romancier, et dans Le Guépard, un chef-d'oeuvre. Peut-on imaginer la provocation, sacrer ainsi une bluette posthume mal ficelée, à peine sortie en librairie ? Un livre doublement réactionnaire, qui plus est : en plein débat sur le nouveau roman, l'auteur recourt à une narration traditionnelle, et, au moment où l'Italie fête le centenaire de son unité, il en raconte l'histoire comme un bête marché de dupes, une simple transaction entre puissants, au-dessus des illusions des idéalistes. Bien entendu, on peut voir dans le sacre de Lampedusa une rouerie politique de la part du poète, en plein débat sur les errements du stalinisme. Mais Aragon n'en reste pas à un cri du coeur, sa louange du Guépard court sur deux longs articles publiés dans les Lettres françaises. Le premier, paru en décembre 1959 et intitulé « Un grand fauve se lève sur la littérature : Le Guépard », présente le roman comme un chef-d'oeuvre pouvant se dispenser de participer à la littérature engagée parce que sa valeur en fait une oeuvre « dégagée » et singulière, trônant au-dessus de la littérature qui l'entoure : « Le Guépard est un peu plus qu'un très beau livre, c'est un des grands romans de ce siècle, un des grands romans de toujours et peut-être (comme on pourrait le dire pour le roman français d'un roman de Stendhal aux clameurs des balzaciens, pour le roman russe d'un roman de Tolstoï à la fureur des dostoïevskiens) le seul roman italien. » Dans son deuxième article, Aragon développe le parallèle entre les deux romanciers, qui dépasse la simple analogie de position dans le « champs » : c'est en ressemblant à son maître que l'auteur italien est lui aussi unique. Il y a là une contradiction-comment une recette de singularité pourrait-elle opérer pour un autre ?-que résoudra peut-être le rapprochement entre les romanciers. Jusqu'en leur mode de vie, ils partagent une même attitude. Homme de tous temps, par leur souhait d'échapper au présent et de parler à l'avenir, de tous bords, par leur refus d'une assignation à un parti ou une idéologie, de tous pays par leur figure d'européen voyageur, journaliste polyglotte et polygraphe, vivant la scission entre des mondes, les beautés abêties d'une aristocratie fin de race qui doit céder le pouvoir à la brutale énergie du peuple, chacun d'eux trouve dans l'écriture un monde rêvé où formuler les contradictions sans en souffrir. Car au-delà des choix de vie, c'est bien une commune pratique de l'écriture romanesque qui les rapproche 1. Elle se caractérise d'abord par la présence d'une voix, chez Stendhal celle de la dictée, chez Lampedusa, celle du conteur de salon, dont parle Francesco Orlando en rapportant leurs séances de lectures : « c'était encore sa voix, et donc, après tout, un discours privé, que j'avais la sensation d'entendre à chacune de ses pages 2. » Dans leurs textes se donne à entendre un sujet, moins le Moi boursouflé des solipsistes que celui de l'ironiste. Pourtant, il n'y a rien du causeur caustique dans le style de nos romanciers. Leur ironie est d'abord une pratique d'écriture. Elliptique et élusif, leur style appelle son lecteur à singulariser le texte, à lui assigner une forme de subjectivité, en lui attribuant des traits précis, 1 Le parallèle a été esquissé par René Servoise (« De La Chartreuse de Parme au Guépard », in Revue des Deux mondes, Juillet-Août 2003), et développé par Jeffrey Meyers (« The influence of La Chartreuse de Parme on Il Gattopardo », Italica, vol. 44, n°3, septembre 1967, pp. 314-325). 2 « Era ancora la sua voce, e quindi dopo tutto un discorso privato, che avevo la sensazione di udire », Francesco Orlando, Ricordo di Lampedusa, All'Insegna del Pesce d'Oro, 1985, p. 89 ; Un souvenir de Lampedusa, trad. M. Balzamo, L'inventaire, 1996, p. 78

    Le signe au xixe siècle, entre littérature et économie

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    Le xixe siècle connaît un changement de paradigme du signe monétaire. La forme concrète de la monnaie se modifie et avec elle, la conception du signe s’en trouve changée. La représentation du signe monétaire dans la littérature du premier xixe siècle révèle la distance qui sépare l’usage de la monnaie de sa représentation symbolique. Si l’argent est omniprésent dans la production romanesque du siècle, de La Fille d’or à L’Argent, la critique s’est plus intéressée à son omniprésence symbolique..

    Xanthippe, l’anti-logos

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    International audienceNous savons tous ce qu'est un Don Quichotte, plus rares sont ceux qui savent ce qu'est une Xanthippe. L'épouse de Socrate est l'une des rares femmes de la Grèce antique à être passée à la postérité. Malgré son caractère réel, historique, dont attestent les textes philosophiques de Platon et de Xénophon, sa figure a gagné une dimension allégorique au fil des siècles dans les différents ouvrages qui retraçaient la vie de Socrate, et qui, tous, lui attribuent un trait de caractère particulier : la mauvaise humeur envers son mari. Aujourd'hui, son nom est passé dans le langage courant : une « Xanthippe » désigne une épouse acariâtre. Derrière la banalité de ce mauvais caractère, que savons-nous d'elle ? Enquêter sur Xanthippe, c'est rouvrir notre conception de la raison telle qu'elle a été définie depuis Socrate, c'est voir l'envers féminin du Logos, de cette rationalité discursive, que Socrate incarne pour la pensée occidentale. C'est s'interroger sur la répartition genrée que ce Logos recouvre, chercher ce qui a été situé hors de la raison dès sa définition originaire, en explorant le reliquat féminin pour repenser les formes mêmes dans lesquelles nous pensons. L'effacement de Xanthippe dans l'histoire de la philosophie Dans Le Banquet de Xénophon, Socrate s'étonne que les hommes ne cherchent pas à éduquer leur épouse. Antisthène lui répond alors : «-Comment se fait-il qu'avec de telles idées, tu ne cherches pas toi-même à former Xanthippe au lieu de supporter de vivre (chrèsimai) avec une femme qui est la plus désagréable des femmes d'aujourd'hui, et même à mon avis, d'hier et de demain ?-C'est parce que je vois que ceux qui veulent devenir d'habiles © Les Lettres de la SPF, n°38, 2017, p. 00-00

    "Carson McCullers" in Solitude et Communauté dans le roman, dir. N. Reniers-Cossart, Ellipses, 2019

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    La théorie des règles: objet absent, objet impropre

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    International audienceMenstruation is not present in literature, nor in arts, before the XIX th century. Yet, its blossoming in XX th century representations does not rely on a new attention that it would have gained from the Feminist movement. Indeed, in Feminist writings, menstruation remains an absent topic. This silence has been passed on to the Gender studies. One is still waiting for a deconstruction of this motive, that would emphasize a key notion that has been forgotten among the elements of the deconstructed body : time. Is there a feminine time ? Is time experienced in a gendered way ? Is gender linked to a peculiar vision of time ?Les règles sont un objet absent de la représentation artistique jusqu'au XIX e siècle, qui prolifère dans les arts de la fin du XX e siècle. Mais ce changement ne s'est pas fait sur la base d'une réappropriation de la notion de règles par le militantisme féministe. Les règles figurent rarement dans les textes des féministes, qu'elles soient différentialistes ou matérialistes. Cette absence se poursuit aujourd'hui, puisqu'elle figure dans le legs que les études de genre héritent du féminisme. Ainsi, en s'intéressant aux règles, on voit apparaître un impensé qui marque le corps féminin non seulement dans le discours positiviste qui l'évoque, mais également dans la déconstruction de ses représentations : sa dimension temporelle, considérée non sous l'aspect des seuils ou du changement, mais sous l'angle de la régularité, du retour et du cycle. A travers cette approche, on en viendra à s'interroger sur l'existence d'un temps féminin, d'un temps genré
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