9 research outputs found

    Quand la présence doit se penser absence : l’exemple du Liberia

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    Nos actions n’ont de sens que celui que nous voulons bien leur donner. Dans le feu de l’action des urgences humanitaires, la question ne se pose presque pas, pris que nous sommes dans l’évidente finalité humanitaire : sauver des vies. Les choses deviennent plus complexes dans les contextes de développement : le pourquoi et le comment deviennent des interrogations ontologiques presque tyranniques. Au Liberia, pays meurtri par quatorze ans de guerre civile et en pleine reconstruction progressive depuis 2003, plusieurs questions se posent aux acteurs internationaux : quelle place prendre dans cette période de transition lente ? Comment se positionner entre ingérence-apport et respect des particularités et des responsabilités de chacun 

    Expatriés et nationaux: les deux faces d’un même projet

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    Le « sans frontiérisme » de l’action humanitaire est relativement jeune : quarante ans environ. C’est l’âge de la maturité et de la remise en cause. Depuis plusieurs années, les interrogations portent sur la question des bénéficiaires, des moyens, des modalités et des buts de l’action. Les travailleurs humanitaires, expatriés et nationaux, sont également objets de ces réflexions. De nouvelles études et une récente évolution de la gestion des ressources humaines au sein des ONG (organisations non gouvernementales) prennent en compte une des composantes principales des projets humanitaires : ceux qui les mettent en œuvre sur le terrain. À travers mon expérience avec Médecins du Monde, voilà ce que j’en ai vu : des expatriés et des nationaux qui se donnent rendez-vous, malgré leurs différences. Dans l’équilibre et les tensions d’une équipe humanitaire, ils contribuent à un objectif commun : apporter leur savoir-faire au profit des plus vulnérables

    La sécurité des humanitaires en question

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    La sécurité est devenue une donnée incontournable dans la mise en place des missions d’aide internationale. Mais lorsque l’action humanitaire est empêchée ou menacée, comment assurer son efficacité et sa qualité ? Comment répondre à ce dilemme de l’éthique humanitaire ? Longtemps volontaire sur le terrain puis salarié au siège de Médecins du Monde, Stéphane Vinhas partage ici ses expériences et réflexions personnelles sur ce sujet. Nombre de penseurs ont théorisé une vision pessimiste de l’Ho..

    La désoccidentalisation, vue du terrain

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    En lettres rouges, le titre du livre de Pierre Micheletti interpelle : Humanitaire, s’adapter ou renoncer. Ce dilemme, ce choix darwinien est posé comme une affirmation, non une interrogation. Renoncer, cela signifie la mort de l’action – et la tranquillité de l’âme ? –... S’adapter alors, oui, mais comment ? Pierre Micheletti, qui a consacré sa vie à l’humanitaire, sait de quoi il parle. Il a résumé fort bien, à mon sens, les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les humanitaires d’aujourd’hui, ainsi que les diverses voies à prendre. Pour ma part, je souhaiterais revenir sur certains points de son livre qui ont fait écho à mon expérience de terrain

    L’accès à la santé pour les migrants à la frontière du Mexique et des Etats-Unis

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    En 2006, les sources officielles faisaient état de plus de 250 millions de passages officiels par la frontière la plus traversée au monde ainsi que plus de 514 000 expulsions de Mexicains. Depuis 2005, Médecins du Monde mène à Tijuana et Mexicali, en Basse-Californie, une action de promotion de l’accès aux soins pour les migrants

    Zoé l'équation fatale

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    Si l’affaire de l’Arche de Zoé a connu un tel retentissement, c’est bien sûr parce que les faits sont graves, tout simplement. Mais c’est aussi parce qu’elle sert de révélateur à un ensemble de représentations que nourrissent les médias, les acteurs humanitaires, le grand public ou les « élites politiques » à l’égard des ONG, de l’Afrique ou encore de la figure de l’enfant, des « victimes » en général. Tous ces éléments, habituellement disparates, se sont retrouvés ici tellement concentrés qu’ils ont « cristallisé » en quelque sorte au point de donner à cette affaire l’intensité que l’on connaît. Une intensité qui n’est sans doute pas sans rapport avec les stratégies que développent les uns et les autres (médias, humanitaires, politiques, grand public) pour se défendre ou s’affranchir des représentations qu’ils portent malgré eux et qui, d’une certaine manière, ont participé d’une telle affaire. L’objet de ce numéro de la revue n’est pas de revenir sur les éléments pratiques de l’affaire, mais d’aborder certaines des représentations qu’elle révèle. En filigrane, il s’agit pour la revue d’affirmer que si cette affaire ne doit pas aboutir à une mise en cause des acteurs humanitaires dans leur ensemble, pour autant, le monde des ONG ne peut s’exonérer d’une réflexion sur lui-même

    Faut-il « désoccidentaliser » l’humanitaire ?

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    L’action humanitaire non gouvernementale est de fait aujourd'hui portée par des acteurs issus très largement des pays occidentaux. Ce constat n'est pas satisfaisant pour de multiples raisons. D’abord il ne correspond plus à « l'état du monde » au plan politique et économique, comme du point de vue de ce que sont aujourd'hui les autres lieux de savoir et de pouvoir. Ensuite, il nie une certaine forme d'altérité entre « celui qui donne » et « celui qui reçoit ». Il véhicule également un modèle technique, managérial et gestionnaire situé. Enfin il génère des réactions négatives qui vont de la méfiance à la violence délibérée à l'égard des acteurs humanitaires. Alors, est-il possible de sortir de cette forme d’ethnocentrisme que les humanitaires eux-mêmes contestent de plus en plus ou cette question n’est-elle qu’un avatar de l’éternelle mauvaise conscience de l’Occident

    Sahel : danger de désert humanitaire ?

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    Le monde humanitaire français a ses familles. Il y eut ces médecins, pionniers d’une nouvelle forme d’action, qui s’engagèrent auprès des sécessionnistes du Biafra au Nigéria : on les appelait – on les nomme encore ainsi les « Biafrais ». Et puis il y eut les « Afghans », les « Ethiopiens », les « Bosniaques », les « Rwandais »… Mais durant ces quarante années, il existât presque sans discontinuer une zone du monde qui appelât à elle aussi bien humanitaires qu’acteurs du développement : c’est le Sahel. Et cette « bande sahélienne » est en pleines turbulences, frappée d’une insécurité croissante, provoquée par la montée conjointe de l’action terroriste d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’une économie mafieuse. Cette insécurité s’est concrétisée fortement aux yeux des Français par l’enlèvement de personnels d’une entreprise privée et a en quelques sorte atteint son acmé avec la mort de deux jeunes hommes, dont un travaillait pour une ONG française, même si Antoine, c’est son prénom, n’a certainement pas été enlevé en cette qualité. Les touristes se font rares, les coopérants techniques sont rappelés dans leurs capitales. Qu’en est-il de l’action humanitaire dans cette zone qui représente une forme de mythe dans l’histoire des French doctors ? Celle qui aura été une « terre d’humanitaire » ne risque t-elle pas de devenir un « désert humanitaire

    Migration : une chance Ă  saisir

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    Le discours général présente les migrants comme un « problème ». Or une autre lecture du phénomène migratoire est possible. Le migrant représente d’abord une plus-value en termes économique, démographique ou financier, que ce soit pour les pays d’arrivée ou pour les pays d’origine. De même, les migrants interrogent et interpellent nos sociétés : ils favorisent en effet les changements dans les pratiques de soins, suscitent des adaptations thérapeutiques ou questionnent les syndicats. Ils mettent aussi en lumière les blocages et les clivages que « nos » sociétés instaurent autour du migrant, créant ainsi le « problème » qu’elles se mettent en devoir de régler. Parce qu’elles sont au contact et aux côtés des migrants, les ONG peuvent aujourd’hui prendre la parole pour désamorcer les fantasmes, expliquer les effets néfastes et déconstruire ces discours « idéologiques » et enfin participer du changement de regard sur les migrants en proposant un nouveau modèle : celui du migrant vu comme une chance pour l’Europe, de la migration vue comme un fait historique et social ordinaire auquel nous avons tous à gagner
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