5 research outputs found
Lâart-thĂ©rapie au secours de la communication.
Lâutilisation de lâart en psychiatrie recouvre actuellement une multitude de pratiques dont les visions entrent souvent en conflit. Ces pratiques impliquent nĂ©anmoins une conception commune de lâart comme outil de communication. Une perspective selon laquelle la crĂ©ation se voit investie du rĂŽle de « mĂ©diateur », capable de rĂ©tablir le contact entre, par exemple, le malade et le personnel soignant, ou entre lâaliĂ©nĂ© mental, lâaliĂ©nĂ© social quâa fait de lui lâinternement, et « lâextĂ©rieur ». Approcher lâart-thĂ©rapie Ă travers le prisme de la communication ne revient pas seulement Ă ouvrir un angle de recherche nouveau, mais conduit sur tout Ă interroger ce dispositif dans ses fondements et donc Ă le mettre en question.The use of art in psychiatry currently covers numerous practices which often reflect conflicting underlying visions. We hypothesise that they nonetheless imply a common conception of art as a tool for communication. According to this perspective, creativity is attributed a role as a « mediator » which is capable of re-establishing contact between, for example, the mentally ill person and nursing staff, or between the mental patient in the state of social alienation resulting from commitment to an institution, and « the outside world ». Approaching art therapy through the prism of communication opens up a new line of research, but more importantly entails an examination of art therapyâs foundations, the latter thus being put into question
Observer et interpréter la médiation culturelle en psychiatrie : vers une « cadre-analyse » des dispositifs
Câest au travers de lâapproche ethnographique dâun atelier dâart-thĂ©rapie que nous proposons dâanalyser un cas de public atypique : celui des patients des institutions psychiatriques, en nous inspirant de la cadre-analyse goffmanienne afin de rendre compte des phĂ©nomĂšnes de coconstruction inhĂ©rents Ă lâexpĂ©rience vĂ©cue. Par le choix de cet objet dâĂ©tude et de cette mĂ©thode dâapproche, il sâagira de dĂ©crire une action de mĂ©diation culturelle qui se dĂ©place en dehors des lieux cultivĂ©s pour atteindre des publics dits « empĂȘchĂ©s » ou « éloignĂ©s ». La particularitĂ© de cet article se veut dâordre mĂ©thodologique : nous entendons montrer comment lâobservation ethnographique permet de mettre en relief le point de vue des bĂ©nĂ©ficiaires dâun dispositif trop souvent rĂ©duit aux intentions de ses concepteurs.Building on the Goffman frame analysis to account for the co-construction phenomenon inherent to the experience, we have been examining here a case of âatypicalâ audience via the ethnographic approach of an art-therapy workshop : that of patients of psychiatric institutions. The choice of subject and the approach method aim to describe an act of cultural mediation that moves outside the cultured circles to reach audiences that are labeled âpreventedâ or âdistancedâ.The specific nature of this article is to be found in the methodology : we intend to show how the ethnographic observation brings out the beneficiariesâ standpoint on the device, too often reduced to the intention of its producers.Proponemos analizar un caso de pĂșblico atĂpico mediante el enfoque etnogrĂĄfico de un taller de arte-terapia, el de los pacientes de las instituciones psiquiĂĄtricas, inspirĂĄndonos en el anĂĄlisis goffmaniano de los marcos, con el fin de dar cuenta de los fenĂłmenos de co-construcciĂłn inherentes a la experiencia vivida.Por la elecciĂłn de este objeto de estudio y de este mĂ©todo de enfoque, se tratarĂĄ de describir una acciĂłn de mediaciĂłn cultural que se desplace por fuera de los ĂĄmbitos cultivados para alcanzar visitantes denominados impedidos o alejados. Este artĂculo pretende ser de tipo metodolĂłgico : nuestra intenciĂłn es mostrar cĂłmo la observaciĂłn etnogrĂĄfica permite destacar el punto de vista de los beneficiaros de un dispositivo demasiado frecuentemente reducido a las intenciones de sus diseñadores
Devenir art-thérapeute
Les professionnels qui animent des ateliers artistiques en psychiatrie â et que beaucoup appellent aujourd'hui « art-thĂ©rapeutes » sont loin de constituer une profession telle quâon se la reprĂ©sente. Ces travailleurs partageant une « occupation » commune â lâanimation dâateliers artistiques dans des institutions de santĂ© mentale â ne sont pas analysables comme une « profession » telle que la conçoivent les sociologues fonctionnalistes et interactionnistes. MĂȘme la sociologie des groupes professionnels nâapparait pas comme une clĂ© dâentrĂ©e Ă©vidente tant ces travailleurs en constitueraient une sorte de « cas limite » puisquâils ne partagent mĂȘme pas un nom, une appellation. Aborder leur activitĂ© sous lâangle de la « professionnalisation » apparait dĂšs lors comme la seule voie pertinente pour dĂ©gager ce qui rassemble ces professionnels au-delĂ de ce que lâon peut appeler leur « dissĂ©mination ». Lâanalyse en terme de « professionnalisation » ouvre une voie nouvelle en sociologie des professions en ce quâelle permet de prendre en compte le processus de fabrication par la formation, lâorganisation et lâexpĂ©rience dâun membre sâintĂ©grant Ă un collectif de travail et devenant reconnu par tous ses partenaires. En suivant cette voie, il sâagira de placer la question de la « reconnaissance », collective et subjective, au cĆur de lâanalyse de la constitution des identitĂ©s professionnelles des art-thĂ©rapeutes.In the field of mental health workers, a new profession is emerging: animators of art workshops in psychiatry, also called "art therapists". Our paper reveals the results of a survey conducted in Belgium among these new professionals. In portraying this new group of "distributed" workers, we will discuss the reasons for their difficult process of professionalization.Ser artista-terapeutaLos profesionales que desarrollan actividades artĂsticas para los pacientes de las salas de psiquiatrĂa â calificadas generalmente hoy dĂa de « artistas-terapeutas » â no constituyen una profesiĂłn tal como nos la representamos. Estos profesionales comparten una « tarea » comĂșn âla de animar talleres artĂsticos en las estructuras de salud mental â pero no son analizables en tanto que « profesiĂłn » tal como la perciben los sociĂłlogos funcionalistas e interaccionistas. Incluso la sociologĂa de los grupos profesionales no puede proveer una clave de anĂĄlisis ya que esos trabajadores constituirĂan una especie de « casĂł lĂmite » ya que carecen de denominaciĂłn profesional. Abordar ese tipo de actividad bajo el prisma de la « profesionalizaciĂłn » y no la « diseminaciĂłn » es la Ășnica vĂa pertinente para subrayar el nexo comĂșn de todos ellos. El anĂĄlisis conceptual de la « profesionalizaciĂłn » abre un nuevo camino en la sociologĂa de las profesiones porque nos permite de tener en cuenta el proceso de fabricaciĂłn de la formaciĂłn, la organizaciĂłn y la experiencia de un miembro integrado en un colectivo laboral y que es reconocido y aceptado como tal por todos sus miembros. Dentro de este encaminamiento se trata de situar la cuestiĂłn del « reconocimiento », subjetivo y colectivo en el centro del anĂĄlisis de la constituciĂłn de las identidades profesionales de los artistas terapeutas
Entre les murs / Hors les murs
Depuis plus de trois dĂ©cennies, les musĂ©es ont connu de profondes Ă©volutions dans le regard portĂ© sur le public. Celui-ci se dĂ©cline aujourdâhui au pluriel, est analysĂ© au travers de ses attentes, de ses motivations, de ses traits spĂ©cifiques. Les institutions ont pourtant depuis longtemps conscience quâune part importante de la population ne les frĂ©quente pas et nâenvisage pas de les frĂ©quenter. Depuis la dĂ©nonciation des « non-publics » en 1968 jusquâĂ lâattention rĂ©cente pour les publics les plus Ă©loignĂ©s de la culture institutionnelle (publics Ă©loignĂ©s, empĂȘchĂ©s, en difficultĂ©, dĂ©favorisĂ©s, etc.), une dialectique complexe, Ă propos de ces publics atypiques, se redĂ©finit sans cesse sur lâart comme Ă©cart et la dimension inclusive de lâaction culturelle, sur les lieux de lâaction culturelle, entre les murs et hors les murs. Ces murs sont ceux de lâinstitution mais aussi ceux, subis et intĂ©riorisĂ©s, qui rendent impossible lâexercice dâun droit fondamental : lâaccĂšs Ă la culture. Ce numĂ©ro est consacrĂ© aux publics dits « empĂȘchĂ©s », notamment aux nouvelles cibles de lâaction culturelle, dans les prisons, les centres fermĂ©s et les hĂŽpitaux. Comment ces publics sont-ils qualifiĂ©s, construits par les actions artistiques et culturelles proÂposĂ©es par les institutions ? Quels sont les enjeux de ces actions ? Comment la recherche peut-elle sâen saisir pour repenser les logiques de dĂ©mocratisation et de dĂ©mocratie culturelles ? For over three decades, museums have undergone a profound transformation in its attitude towards its audience. These days, this term is used in the plural and analyzed according to their expectations, motivations and specific traits. Institutions have nonetheless been long aware that an important section of the population is not amongst its visitors and has no plans to be. From the naming of ânon-audiencesâ in 1968 to the recent attention given to audiences the most far removed from cultural institutions (geographically distant, impeded or hindered in their visit, disabled visitors, etc.), a complex reasoning concerning these atypical audiences is constantly being redefined in terms of art as difference and the inclusive nature of cultural action on institutions, both on site and off site. These are both the sites of institutions, but also, in a figurative sense, those, for reasons imposed or internalized, that prevent audiences from exercising their fundamental right to have access to culture. This issue is devoted to audiences referred to as âhinderedâ, especially those that are the targets of cultural action, in prisons, closed centers and hospitals. How are these audiences defined and constructed by the cultural and artistic initiatives undertaken by institutions? What issues are being tackled in these initiatives? In what ways can research take hold of these initiatives in order to rethink certain mechanisms of the democratization, and democracy, of culture