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Sepharad sans cesse réinventée: réécriture de l'Espagne médiévale dans le premier tiers du XXe siÚcle
Dans les annĂ©es 1920-1930, les promoteurs du sĂ©phardisme, courant qui s'inscrit dans le grand mouvement de l'HispanitĂ©, prĂ©tendent rapprocher l'Espagne des descendants des Juifs expulsĂ©s Ă la fin du XVe siĂšcle. C'est pourquoi ils tentent, entre autres, de rĂ©Ă©crire l'histoire de l'Espagne mĂ©diĂ©vale en faisant la part belle Ă l'apport juif dans cet Ăąge d'or de la culture ibĂ©rique. Par ailleurs, la pĂ©riode la plus florissante du sĂ©phardisme (1920-1936) correspond Ă la consolidation du protectorat espagnol au Maroc, ce qui pour certains offre la possibilitĂ© de revenir Ă cette pĂ©riode idĂ©alisĂ©e de cohabitation des Trois Cultures, et ainsi tordre le cou Ă la « LĂ©gende noire » qui pĂšse sur l'historiographie nationale depuis plusieurs siĂšcles.Los aftos veinte y treinta son dei auge dei sefardismo, subcorriente de la Hispanidad, que pretende acercar España a los desoendientes de los judĂźos expulsados en el s. XV. Uno de sus principales alanes es reintegrar el pasado judio en la historia dei pals, ponderando el periodo medieval, aunque sea mediante la reescritura pareial de la realidad. Por otra parte, esos mas corresponden con el desarrollo deI Protectorado espanol en Marruecos, qoe para algunos constituye una oportunidad de regresar a la supuesta Edad de Oro de la convivencia de las Tres Culturas en la PenĂźnsula, y asi modificar radicalmente la « Leyenda negra » que lleva siglos aqoejando la historiografia naciona1.Touboul Tardieu Eva. Sepharad sans cesse rĂ©inventĂ©e: rĂ©Ă©criture de l'Espagne mĂ©diĂ©vale dans le premier tiers du XXe siĂšcle. In: Horizons MaghrĂ©bins - Le droit Ă la mĂ©moire, N°61, 2009. LâhĂ©ritage de lâEspagne des trois cultures - Musulmans, juifs et chrĂ©tiens. pp. 115-121
Ăngel Pulido FernĂĄndez, un rĂ©gĂ©nĂ©rationniste sui generis
International audienceIn the early XXth century, Dr. Pulido initiated Sefardism, a movement that promoted closer relationship between Spain and the descendants of the Jews expelled from Iberian Peninsula in 1492, who used to live in Morocco and the Balkans. Pulido is well-known because of the intense lobbying that he ran between 1905 and the mid-1920âs. The subject represented by his fight, the Judeo-Spanish community, was quite unknown in Spain at the time. Consequently, Pulido is regarded as an exceptional character por that period. Nevertheless, a closer study of his work provides a clearer understanding of his motives. It seems obvious that Ăngel Pulido did belong to a generation that aimed at renewing Spain: the Regenerationists.A principios del siglo XX, el doctor Pulido impele un movimiento, el sefardismo, cuyo objetivo es promover un acercamiento recĂproco entre España y los descendientes de los JudĂos expulsados de la PenĂnsula en 1492, afincados al rededor de la cuenca mediterrĂĄnea. Entre 1905 y los primeros años 1920, Pulido es la figura de proa de esa corriente, y hoydĂa todavĂa se le conoce por la enorme labor de publicista que llevĂł a cabo en aquellos años. Por el objeto del sefardismo, los judeoespañoles, bastante desconocido en la España de entonces, se le suele considerar a Pulido una personalidad aparte en el ambiente intelectual de su Ă©poca. Sin embargo un estudio mĂĄs detenido de sus escritos, y de las motivaciones profundas que revelan, demuestran la inscripciĂłn de Ăngel Pulido en una generaciĂłn de pensadores y polĂticos que desearon, a la vuelta del siglo, renovar a España: los regeneracionistas.Au dĂ©but du XXe siĂšcle, le docteur Pulido impulse un mouvement, le sĂ©phardisme, dont l'objectif est de promouvoir un rapprochement entre l'Espagne et les descendants des Juifs expulsĂ©s de la PĂ©ninsule en 1492, et qui avaient trouvĂ© refuge autour du bassin mĂ©diterranĂ©en. Entre 1905 et le dĂ©but des annĂ©es 1920, Pulido est la figure de proue de ce courant, et il est encore connu aujourd'hui pour l'Ă©norme travail de publiciste qu'il rĂ©alisa alors. Du fait de son intĂ©rĂȘt pour le sĂ©phardisme et les JudĂ©o-espagnols, assez inconnus alors en Espagne, on considĂšre Pulido comme une personnalitĂ© singuliĂšre des milieux intellectuels de l'Ă©poque. Cependant, une Ă©tude approfondie de ses Ă©crits et des motivations qu'ils rĂ©vĂšlent prouve qu'il appartient Ă une gĂ©nĂ©ration de penseurs et de politiciens qui souhaitĂšrent rĂ©nover l'Espagne au tournant du siĂšcle: les "rĂ©gĂ©nĂ©rationnistes"
PionniÚre et discutée : la réforme agraire au Mexique depuis 1917
International audienceThe paper first examines the main inspirations of the Mexican agrarian reform included in the context of the Revolution that began in 1910. Molina Enriquez stated that the hacienda (large property and extensive farming) was the cause of the agricultural backwardness of the country and this became the dominant interpretation scheme. Like the Spanish âregenerativeâ writers of the end of the nineteenth century, he highlighted the role of the community and he added the economic and political role of the rancheroâs small ownership. This small farmer should become the main basis of the Mexican mestizo nation. The revolutionaries followed this scheme and oversimplified the agrarian mosaic. Thus, the 1917 constitution (art. 27) stated that land and water were the Nationâs heritage and planned land allotments to communities. These ejidos, in theory taken from the haciendas, were common ownership but private farming plots. The implementation of the agrarian reform followed different rhythms and modes, ranging from maintaining the haciendas (sometimes seized by generals of the revolutionary army) to the restoration of customary pueblos (villages) with ejidos. It sometimes accelerated, as during Cardenasâs government (1934). Between 1920 and 1964, 53 million haciendas were distributed, i.e. 27 % of the total cultivated area. All in all, the reform strengthened the ejido while ensuring the primacy of the small farmer, who stayed nonetheless under state control.Cet article interroge dâabord les principales sources dâinspiration de la rĂ©forme agraire mexicaine, inscrite Ă la fois dans le contexte de la rĂ©volution entamĂ©e en 1910 et dans la recherche dâun fondement Ă la nation en construction. Le diagnostic dâA. Molina EnrĂquez, selon lequel lâhacienda (grande propriĂ©tĂ© et exploitation extensive de la terre) est la cause du retard agricole du pays, devient le schĂ©ma dâinterprĂ©tation dominant. Ă lâinstar des « rĂ©gĂ©nĂ©rateurs » espagnols de la fin du XIXe siĂšcle, Molina met en relief la communautĂ© mais insiste aussi sur le rĂŽle, y compris politique, de la petite propriĂ©tĂ© du ranchero (le petit paysan) appelĂ© Ă devenir le principal fondement de la nation mĂ©tisse mexicaine. Câest ce modĂšle quâadoptent les rĂ©volutionnaires, en simplifiant outranciĂšrement la mosaĂŻque agraire mexicaine. Ainsi la constitution de 1917 prĂ©cise que les terres et les eaux sont le patrimoine de la nation et prĂ©voit leur distribution en dotant les communautĂ©s de biens (les ejidos) en principe prĂ©levĂ©s sur les haciendas. Il sâagit de biens possĂ©dĂ©s en communs mais exploitĂ©s individuellement. En fait, la mise en Ćuvre de cette rĂ©forme agraire a connu des modalitĂ©s et des rythmes diffĂ©rents, allant du maintien des haciendas (parfois rĂ©cupĂ©rĂ©es par les gĂ©nĂ©raux rĂ©volutionnaires) Ă la reconstitution des pueblos (villages) traditionnels avec leurs ejidos. Elle sâest parfois accĂ©lĂ©rĂ©e, comme sous le gouvernement de L. Cardenas, en 1934. Entre 1920 et 1964, elle a distribuĂ© 53 millions ha (27 % de la superficie agraire du pays). En dĂ©finitive, cette transformation, tout en consolidant lâejido, a assurĂ© la primautĂ© du petit exploitant bien que sous le contrĂŽle de lâĂtat
Le séphardisme, avatar de l'hispanité (1920-1936)
L HispanitĂ© naĂźt au dĂ©but du xxĂšme siĂšcle et aspire Ă la crĂ©ation d un empire culturel hispanique, destinĂ© Ă se substituer aux colonies territoriales perdues. Dans son sillage Ă©merge peu Ă peu un courant tournĂ© vers les SĂ©phardim (descendants des Juifs expulsĂ©s de la PĂ©ninsule IbĂ©rique en 1492) qui vivent, principalement, au Maroc et dans les Balkans. Ce mouvement trouve sa source dans la pensĂ©e libĂ©rale du siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Il s agit, pour les sĂ©phardistes, d arriver Ă un rapprochement entre l Espagne et ses enfants perdus , ce qui implique une modification de la reprĂ©sentation des Juifs dans la PĂ©ninsule, ainsi que la rĂ©habilitation de Sepharad dans la mĂ©moire judĂ©o-espagnole. Il atteint sa pleine maturitĂ© au cours de la quinzaine d annĂ©es qui prĂ©cĂšde la Guerre Civile. Outre la dimension culturelle et humaniste, les promoteurs du mouvement mettent l accent sur les bĂ©nĂ©fices matĂ©riels que leur pays pourrait retirer d un tel rapprochement. MalgrĂ© quelques rĂ©ussites remarquables, le sĂ©phardisme est confrontĂ© Ă un certain nombre d obstacles qui prĂ©cipiteront son Ă©chec : d une part, des circonstances politico-Ă©conomiques dĂ©favorables ; d autre part, un sentiment de rejet des Juifs profondĂ©ment ancrĂ© dans la sociĂ©tĂ© qui se voit, de plus, alimentĂ© par l antisĂ©mitisme qui gagne l Europe Ă l Ă©poque ; enfin, la concurrence du sionisme, mouvement nationaliste juif qui s Ă©panouit Ă la mĂȘme Ă©poque.Hispanidad appeared at the beginning of the XXth century. Its aim was the creation of an hispanic cultural empire, that was supposed to replace lost colonized territories. Another intellectual stream progressivly emerged in its wake, turned on Sephardic Jews (descendants of Jews expelled from Iberian Peninsula in 1492), who used to live in Morocco and the Balkans. This movement originated in liberal thinking of the XIXth century. The sephardists hoped to achieve a rapprochement between Spain and her lost sons . It involved changing Spaniards representation of Jews, together with renewing the image of Sepharad in Judeo-Spanish collective memory. Sephardism got its maturity during the fifteen years preceeding Spanish Civil War. In addition to its cultural and humanist meanings, intellectuals who promoted this movement stressed the material benefits their country could get from this rapprochement. Despite a few remarquable successes, Sephardism had to deal with some difficulties that would hasten its failure: first, unfavourable politic and economic conditions; then, the deep rejection of Jews in Spanish society, that grew at the time when European antisemitism was strengthening; last, rivalry with Sionism, the Jewish nationalist movement that was raising strongly at that time.PARIS3-BU (751052102) / SudocSudocFranceF
La question religieuse en Espagne au 20e siĂšcle
International audienceLa politique d'épuration menée à l'Université par le gouvernement de Franco laissa de nombreuses chaires d'histoire vacantes, nouvellement pourvues entre 1940 et 1951. Les professeurs nommés ajustÚrent leur discours aux valeurs national-catholiques et, à quelques nuances prÚs, apportÚrent leur concours au régime de Franco, en le légitimant par une certaine interprétation de l'histoire. Cependant, ce lien entre discours scientifique et positionnement politique obéit à des modalités diverses. Cet article présente le cas de cinq professeurs nommés dans les années 1940, illustrant la complexité des relations entre le pouvoir politique et l'activité intellectuelle pendant le premier franquisme., Franco's purge of Spanish universities left many chairs vacant across history departments, which were then filled between 1940 and 1951. The new professors adapted their rhetoric to the regime's national and Catholic values and, with the exception of minute nuances, supported Franco's regime and legitimised it by providing a specific historical interpretation. However, the link between scientific discourse and political positioning was governed by a variety of factors. This article presents the cases of five professors appointed during the 1940s, illustrating the complex relationships between political power and intellectual activity during the early years of Franco's regime