175 research outputs found

    De la sépulture individuelle à l'espace funéraire. L'ancienneté du regroupement des morts en Eurasie, du fait à l'interprétation.

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    International audiencePour les périodes les plus anciennes de la Préhistoire, il demeure difficile, à partir de la documentationrassemblée, d’identifier différents degrés dans le traitement des défunts. Traditionnellement, on datel’apparition des pratiques funéraires avec les premières sépultures, même si l’éventualité d’autres gestesfunéraires n’est pas à exclure

    L’enfant de Mezmaiskaya (Caucase) examiné dans une double perspective paléogénétique et paléoanthropologique

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    Dans la grotte de Mezmaiskaya située au Nord du Caucase, un squelette d’enfant a été mis au jour en 1993 et son état de conservation remarquable a permis une datation directe du fossile (29195 ± 965 ans BP) et une analyse paléogénétique portant sur l’ADN mitochondrial (Golovanova et al., 1999 ; Ovchinnikov et al., 2000). L’interprétation paléogénétique est examinée dans le présent article à la lumière des données disponibles pour les hommes actuels (Anderson et al. 1981 ; HvrBase http://www.hvrbase.de), et pour trois fossiles du Paléolithique moyen d’Allemagne (Feildhofer 1 et 2 ; Krings et al., 1997, 1999 ; Schmitz et al., 2002) et de Croatie (Vindija-75-G3/h-203 ; Krings et al., 2000), tous attribués à la lignée néanderthalienne et de celles de Pan paniscus et des quatre de sous-espèces de Pan troglodytes (EMBL et GenBank). La question du statut phylogénétique de l’enfant de Mezmaiskaya est abordée à partir des informations génétiques et anthropologiques.In 1993 a child skeleton was recovered from the Mezmaiskaya cave in the northern Caucasus. The excellent bone preservation has allowed direct absolute dating and mitochondrial DNA extraction (Golovanova et al. 1999; Ovchinnikov et al. 2000). The palaeogenetic interpretation is examined in the present article based on data available for modern humans (Anderson et al. 1981; HvrBase; http://www.hvrbase.de) and for three Middle Palaeolithic fossils from Germany (Feildhofer 1 and 2 ; Krings et al. 1997; Krings et al. 1999; Schmitz et al. 2002) and Croatia (Vindija-75-G3/h-203; Krings et al. 2000), which are attributed to the Neanderthal line and those of Pan paniscus and the four sub-species of Pan troglodytes (EMBL and GenBank). The question of the phylogenetic status of the Mezmaiskaya child is examined using both molecular analysis and anthropological arguments

    À propos de vestiges humains immatures inédits provenant des niveaux moustériens de Qafzeh

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    Le site moustérien de Qafzeh a livré au cours de nombreuses campagnes de fouilles les vestiges d’enfants et d’adultes (Vandermeersch 1981 ; Tillier 1999). Quatre os ont été récemment inventoriés à l’Institut de Paléontologie Humaine : leur référence QH 3 (c’est-à-dire Qafzeh 3) pourrait laisser supposer qu’ils proviennent des premières découvertes de R. Neuville. Il s’agit en fait d’os immatures et leur éventuelle appartenance à des sujets déjà reconnus est discutée. Un processus coracoïde pourrait compléter le sujet Qafzeh 21. La reconnaissance d’une phalange moyenne de la main (appartenant probablement à l’enfant Qafzeh 22) ne modifie pas non plus l’effectif des enfants connu (NMI = 8, Tillier ibidem). Les deux derniers os, deux métatarsiens (deuxième et troisième rayons du pied gauche) sont comparés aux os de l’enfant Qafzeh 21 (âgé d’environ 3 ans) qui composent un métatarse gauche complet et les rayons I, II et V pour le côté droit. Les métatarsiens nouvellement décrits proviendraient d’un sujet légèrement plus âgé, peut-être plus jeune que l’enfant Qafzeh 4 (âgé d’environ 7 ans).Several seasons of excavations at the Mousterian site of Qafzeh have produced many human remains, of both adults and children (Vandermeersch 1981, Tillier 1999). Four human bones were recently inventoried in the collections at the Institut de Paléontologie Humaine in Paris. Their inventory reference QH3 (i.e. Qafzeh 3) could lead to the supposition that they came from Neuville’s first discoveries. This material consists in fact of immature bones and their possible attribution to individuals already known is discussed. The immature bone sample already known (MNI = 8, Tillier ibidem) might incorporate two of the newly inventoried bones: a coracoid process (part of the Qafzeh 21 child) and a middle hand phalanx (probably belonging to Qafzeh 22). By contrast two left metatarsi (second and third) could represent an additional individual, older than Qafzeh 21 (ca. 3 yrs old at death) and younger than Qafzeh 4 (ca. 7 yrs old)

    L’enfant Qafzeh 10 (Israël) daté du Paléolithique moyen et le diagnostic d’un chondroblastome de l’épiphyse fémorale distale

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    L’identification de lésions pathologiques sur les os de sujets non-adultes datés du Paléolithique moyen en Eurasie est de loin moins documentée que celle intéressant les adultes. Dans ce contexte, la fréquence et la nature des altérations pathologiques identifiées sur des sujets immatures dans le site de Qafzeh en Basse Galilée prend toute sa valeur, allant des lésions mineures aux anomalies congénitales et traumatiques. Nous présentons sur un fémur d’enfant de ce site un cas de tumeur épiphysaire qui est décrite comme rare chez les enfants actuels et discutons son diagnostic différentiel.By far, identification of pathological lesions in the skeletal remains of non-adults from Eurasia dated to Middle Palaeolithic is less documented than in adult skeletons. In this context the Qafzeh site in Lower Galilee has to be considered with respect to the frequency and nature of pathological alterations documented from minor lesions to congenital abnormalities and trauma documented from immature individuals. We report a case of epiphyseal bone tumor present on a child femur, known for its scarcity in recent children and discuss its differential diagnosis

    La dent humaine de Pradayrol (Caniac-du-Causse, Lot) dans son contexte stratigraphique et paléontologique

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    Nous présentons dans cette note les premiers résultats d’un sondage réalisé par l’un d’entre nous (M.R.S-V.) dans la grotte de Pradayrol (Caniac-du-Causse, Lot) ainsi que la description d’une dent humaine qui y a été trouvée en 1998. Plusieurs arguments faisant appel à la stratigraphie et à la faune suggèrent que cette dent provient de niveaux antérieurs au stade isotopique 6. L’étude détaillée de la dent, une incisive permanente supérieure, ainsi que la première comparaison avec d’autres fossiles permettent d’inclure cette dent dans la variabilité des premiers représentants de la lignée néanderthalienne. La dent de Pradayrol présente une hypoplasie linéaire de l’émail.The preliminary results on the excavations conducted by Marie-Roger Séronie-Vivien in the Pradayrol cave (Caniac-du-Causse, Lot) and a description of a human tooth discovered in 1998 are presented in this article. Several arguments based on stratigraphy and fauna support the assignment of the tooth to a time period prior to isotopic stage 6. Detailed morphological description of this tooth, an upper permanent incisor, and comparative analysis with other fossil teeth indicate that the Pradayrol specimen can be included among the early representatives of the Neanderthal population. The Pradayrol tooth represents an early case of linear enamel hypoplasia

    Identité biologique des artisans moustériens de Kebara (Mont Carmel, Israël) Réflexions sur le concept de néanderthalien au Levant méditerranéen

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    Dès les premières découvertes de fossiles humains provenant du Bassin Méditerranéen oriental et datés du Pléistocène supérieur, il est apparu évident que la documentation anthropologique illustrait une hétérogénéité biologique, suscitant des interprétations différentes. Par la suite, l’enrichissement de la documentation avec de nouvelles fouilles est venu alimenter, au sein de la communauté scientifique, les discussions portant aussi bien sur les affinités phylogénétiques des fossiles que sur leur position chronologique. La prise en compte, sur ces fossiles proche-orientaux, de l’originalité de l’assemblage de caractères anatomiques présents ne doit pas être sous-estimée pour une meilleure évaluation des composantes régionales. C’est ce qui est proposé à propos de Kebara, l’objectif étant de favoriser une approche cohérente de la diversité biologique des hommes du Paléolithique moyen dans la région, qui n’exclut pas les influences extra-européennes.The southern Mediterranean Levant has attracted the attention of the scientific community since the early excavations conducted at the beginning of the 20th century on several sites, which provided a significant sample of Upper Pleistocene hominids. Additional skeletal material, circumscribed geographically and chronologically, raises several questions concerning the biological differences and similarities between the hominid samples represented, and their geographical position at the crossroads of Africa and Eurasia. The excellent state of preservation of the hominid remains enables a new insight into the anatomy of Levantine Middle Palaeolithic populations and provides important data for reconstructing the pattern of human evolution in the Near East. With this in view, re-examination of some skeletal remains recovered at Kebara Cave suggests. that biological differences and similarities may have existed between Neanderthals and Levantine Middle Palaeolithic hominids, strengthening the existence of regional variation

    A brief note on the human visceral skeleton - An evolutionary perspective

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    A review of the visceral skeleton whose origin is in the branchial arches is reported here. It refers to bones, muscles and ligaments of relevant anatomical areas (ear ossicles, basicranium and mandible). The phylogenetic role of visceral skeleton components in the classification of prehistoric human remains has been analyzed by many scholars. It seems that the large morphological variation of these components among human groups makes their taxonomic significance questionable.Cette contribution porte sur le squelette viscéral qui, trouvant son origine dans les arcs branchiaux, concerne os, muscles et ligaments de différentes régions anatomiques (osselets de l’oreille moyenne, basicranium et mandibule). Le rôle phylogénétique de ces différents composants dans la classification des fossiles humains a été analysé par plusieurs auteurs. La grande variation morphologique qui affecte ces composants interpelle quant à leur utilisation à des fins d’analyse taxinomique

    Perikymata number and spacing on early modern human teeth: evidence from Qafzeh cave, Israel

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    The microscopic anatomy of dental enamel has been employed in numerous studies of fossil hominin teeth. This research has focused on the use of microstructure, primarily perikymata and, when available, their internal manifestations, in the construction of phylogenetic relationships as well as in the reconstruction of hominin patterns of growth and development. The literature on perikymata numbers and packing as reported over the last 20 years, shows a huge range of variation within modern humans. The variation is so large in fact that virtually every fossil hominin species can be encompassed within the range except for some but not most of the robust australopithecines. The sample of Mousterian level hominins from the site of Qafzeh, in northern Israel represents some of the earliest recognized members of Homo sapiens sapiens. Included in this sample are a number of immature individuals (N = 5) whose permanent incisor crowns have observable perikymata. The number of perikymata on complete and unworn teeth is within the range of variation of other hominins and does not provide specific evidence for attributing these specimens to one hominin taxon or another. Similarly, the pattern of perikymata compaction toward the cemento-enamel junction of the Qafzeh specimens is compared to published sources.La structure microscopique de l’émail dentaire est employée dans de nombreuses études des dents des Homininés fossiles. Cette recherche se concentre sur l’emploi de la microstructure et, en premier, celui des périkymaties et de leur disposition interne quand cela est possible, pour traiter des relations phylogénétiques et reconstruire des processus de croissance et de développement au sein du groupe. Depuis une vingtaine d’années, les travaux publiés sur le nombre et la distribution des périkymaties permettent de dégager une variation importante dans les populations actuelles, qui intègre pratiquement toutes les espèces d’Homininés fossiles, à l’exception peut-être de quelques-uns des Australopithèques robustes. Les niveaux moustériens du site de Qafzeh au Nord d’Israël ont livré un large échantillon des plus anciens représentants des Homo sapiens sapiens, dont un grand nombre de sujets non adultes. Parmi ces derniers, se trouvent des individus (N = 5) dont les germes d’incisives permanentes portent des périkymaties observables. Le nombre de périkymaties sur les couronnes complètes et non usées s’intègre dans la variation connue des Homininés. La distribution, sur ces quelques dents, des périkymaties le long de la couronne jusqu’à la jonction cémento-énamélaire, est comparée aux données publiées

    The Maglemosian skeleton from Koelbjerg, Denmark revisited: identifying sex and provenance

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    The Koelbjerg individual, dated c. 8500 cal BC, represents the earliest human skeletal remains described from Scandinavia. Based on ancient DNA, strontium isotope and statistical anthropological analyses the individual’s sex, haplogroup and geographical provenance are here analysed and discussed. In contrast to previous claims, our genetic and anthropological analyses show that this individual was a male. Additionally, the strontium isotope ratio of one of his first molars indicates that he most likely grew up locally

    Lattara (Lattes, Hérault). La zone 1 : Rapport de fouille programmée 2015

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    Dans la partie nord-est du site, la fouille de la zone 1 (délimitée par un caisson de palplanches destiné à pouvoir travailler sous le niveau de la nappe phréatique) a débuté en 1983 avec pour objectif d’atteindre les niveaux de fondation de Lat¬tara, dont la chronologie est à ce jour fixée au tout début du Ve s. av. J.-C. Les travaux ont été menés à terme en 2015, et le substrat atteint sur l’ensemble de la zone, permettant de disposer d’une nouvelle fenêtre sur les niveaux de la première moitié du Ve s. av. J.-C., période qui se décompose ici en trois phases distinctes, couvrant respectivement les environs de -500 (phase 1T), le premier quart du Ve s. av. n. ère (phase 1S) et le deuxième quart de ce même siècle (phase 1R). La phase 1S, partiellement entrevue en 2014 où elle apparaissait comme l’état le plus ancien, s’est en fait avérée faire suite à une phase antérieure (1T) qui renouvelle sensiblement la problématique liée aux premiers temps de Lattara. En effet, les résultats inédits obtenus à l’issue de ce programme complètent ceux obtenus jusque là par les travaux menés dans la zone 27, dans la partie méri¬dionale du site et publiés dans le tome 22 de la série Lattara (Lebeaupin 2014). La problématique relative aux origines du comptoir protohistorique de Lattara et du rôle joué par les Étrusques s’avère en effet centrale pour pouvoir comprendre les mécanismes ayant conduit à la création de ce point d’interface avec la Méditer-ranée, ses liens avec l’établissement voisin de La Cougourlude et son évolution dans un contexte d’intégration rapide à la sphère d’influence massaliète. La phase la plus ancienne (v. 500-480 av. J.-C.) témoigne d’une implantation sur ce qui se présentait alors comme une étroite langue de sable limoneux issue d’une progradation du delta du Lez, émergeant d’à peine quelques dizaines de centimètres au-dessus du niveau marin. Sur ce paléosol, une division de l’espace est opérée, via la délimitation de parcelles, matérialisées dans un premier par des structures légères de type palissade ou enclos. Rapidement, des apports de matériaux sont réalisés afin d’aménager des axes de circulation parfaitement orthonormés (N/S-E/O) qui reprennent les tracés antérieurs. Dans l’un de ces lots ainsi constitués, une maison en torchis de plan monoabsidial précédée d’un auvent a été mise au jour. Strictement orientée E-O, son état de conservation exceptionnel, dû notamment à la préservation des bases poteaux en bois imbibés d’eau, a permis de restituer un plan original dans le contexte du Midi de la Gaule. Avec une mise en oeuvre et une division de l’espace très régulières, cet édifice appelle la comparaison avec des modèles connus à la même époque en Étrurie, dans des contextes d’habitat rural. Le mobilier céramique associé à cette phase affiche une consonance étrusque très forte. La céramique non tournée indigène, bien que présente, est néanmoins largement minoritaire face aux productions tournées. Parmi celles-ci, on note à la fois la part importante des céramiques communes étrusques (vases à cuire et mortiers) et celle du bucchero nero. Les amphores, qui représentent de loin la plus grande partie du mobilier, sont presque exclusivement étrusques. Cette division régulière de l’espace, qui témoigne d’un schéma d’organisation préétabli qui renvoie à des mécanismes connus dans le contexte d’une entreprise coloniale, synonyme de fondation ex nihilo, est reprise et modifiée durant la phase suivante (v. 480-470 av. J.-C). Il est possible que le rempart archaïque, daté de manière lâche dans le premier quart du Ve s. av. J.-C. et considéré jusque-là comme ayant été construit dès l’origine, n’ait en fait été édifié que durant cette deuxième phase. À ce moment, un chantier de construction est mis en oeuvre, avec un quartier d’habitation dont le schéma, partiellement restitué à partir des mesures observées dans notre fenêtre d’étude, semble montrer qu’il était alors bien adossé au rempart, côté Est, ou séparé de ce dernier par une venelle. Des maisons à plusieurs pièces sont édifiées sur des soubassements en pierre avec des élévations en terre massive ou en adobe. Le fait singulier est que ce chantier de construction soit resté inachevé, un abandon soudain assorti d’un incendie partiel marquant en effet la fin de cette séquence. Chronologiquement, cette rupture est contemporaine de celle observée dans la zone 27 (incendie du quartier étrusque situé de ce côté), autrement dit aux environs de -475. Le tracé incomplet des murs, la présence d’amas de matériaux de construction, la présence de banquettes en bauge inachevées ou encore l’ab¬sence de niveaux de sols bien définis et associés à des structures domestiques, témoignent de l’état d’inachèvement de ce chantier, de fait initié peu de temps auparavant. Dans la partie orientale de la zone de fouille, un appentis en matériaux légers interprété comme un « campement » au milieu de la zone en construction a été incendié, piégeant ainsi un ensemble mobilier où, à côté d’amphores vinaires, l’on retrouve une batterie de vaisselle étrusque particulièrement abondante (bucchero nero et céramique commune) parmi laquelle plusieurs vases servent de support à des graffites en langue étrusque interprétés comme des marques de propriété. L’ensemble de ces observations ne laisse a priori guère de doute quant à l’identité des bâtisseurs. Plus généralement, la place éventuelle accordée à une composante indigène reste difficile à évaluer. Le seul critère de la présence de céramique non tournée est, en effet, à lui seul insuffisant pour autoriser l’hypothèse d’une population mixte. Le mobilier de cette phase montre cependant des évolutions sensibles au regard de celui de la phase précédente. Les céramiques non tournées sont ainsi bien plus nombreuses, représentant près de la moitié d’un répertoire de vaisselle qui tend par ailleurs à se diversifier, avec notamment une proportion désormais significative de céramiques à pâte claire. Autant l’abondance d’une vaisselle de table et de cuisine importées (bucchero nero et céramique commune) semble donc caractéristique des premiers temps de l’installation, autant rapide¬ment une partie des besoins (notamment en termes de préparation et de cuisson des aliments) se voit assurée par des productions locales, sans que cela ne pré¬juge a priori d’une réelle évolution de la population établie sur place. La relative abondance des pâtes claires, principalement représentées par des vases liés à la boisson, conjuguée à une présence significative de vases attiques, est également caractéristique de cette phase. Si un plan d’urbanisme a été conçu dès le départ, les différents quartiers de Lattara n’ont été que progressivement bâtis. Ce chantier a pu s’étaler sur plu¬sieurs mois ou années, expliquant l’apparent décalage observé entre la zone 1 et la zone 27. Ceci étant, dans cette dernière, les fouilleurs avaient déjà émis l’hypothèse d’une occupation de courte durée, soulignant le fait que « il y a bien eu une vie dans ces bâtiments, mais elle a pu ne durer que quelques années, voire quelques mois ; la prolonger sur un quart de siècle paraît excessif » (Lebeaupin, p. 326). On note à ce propos que le faciès mobilier défini de ce côté (phase 27 I1-12) s’apparente bien plus à celui de la phase 1S (de fait calée sur l’intervalle 480-470 av. J.-C.) qu’à celui de la phase 1T. Plus encore, dans cette même zone 27, un paléosol anthropisé (phase 27I3) a été entrevu sous les bâtiments étrusques bâtis à cet endroit. La rareté du mobilier recueilli, conjuguée à l’absence de structures, n’avait toutefois pas alors permis d’individualiser une phase d’occupation réellement antérieure. Il apparaît désormais que, non seulement ce premier état est bel et bien dé¬fini, mais également qu’il semble recouvrir une plage de temps significative, de l’ordre de plusieurs années. La maison absidiale mise au jour dans la zone 1 a ainsi livré une succession de sols associée à plusieurs réfections du foyer central qui, a minima, témoignent d’une certaine durée d’occupation. Les données fournies par la zone 1 nous donnent ainsi l’image d’un site pleinement investi durant les premières années du Ve s. av. J.-C., période durant laquelle est donc opérée une division de l’espace habitable et l’installation d’édifices conçus comme étant à la fois temporaires et non soumis à la contrainte d’un bâti mitoyen. Ce n’est que dans un second temps qu’un vaste programme de construction de tradition méditerranéenne est initié, avec des îlots implantés selon une trame orthonormée. En l’état, laissant de côté la question indigène, l’hypothèse envisagée un temps d’un site mixte caractéristique d’un emporion, où différents quartiers auraient pu abriter des populations différentes, et notamment des marchands méditerranéens autres que des Étrusques (en l’occurrence des Grecs), tend à s’estomper devant celle d’une installation fondamentalement tyrrhénienne (Gailledrat 2015). Plusieurs questions demeurent néanmoins en suspens. Il s’agit en premier lieu des variations de faciès céramique observées entre les deux zones, car en dépit du faciès très «étrusque» de l’ensemble lié à l’un des ensembles fouillés, le mobilier de cette zone pris dans sa globalité accuse un certain nombre d’originalités, liées notamment à une représentation significative de la vaisselle grecque (céramiques à pâte claire et attique). Par ailleurs, les différences architecturales observées entre les zones 1 et 27 s’expliquent peut-être par un simple décalage chronologique ou des fonctionnalités différentes, mais elles invitent également à envisager l’existence de modèles urbanistiques et culturels distincts. Aucun argument ne permet toutefois d’exclure le bâti de la zone 1 des référents tyrrhéniens en la matière. L’autre question non résolue concerne l’éventualité d’une installation encore plus ancienne, déjà envisagée depuis longtemps au vu des mobiliers - encore une fois étrusques - plus anciens (VIe s. av. J.-C.) trouvés de manière erratique en différents points du site (Py 2009, p. 49). L’endroit consistait-il alors en un simple débarcadère précédant géographiquement l’important site indigène sis à La Cougourlude, ou bien abritait-il déjà un habitat permanent ? À l’image de la zone 27, la zone 1 n’a pas livré de niveaux archéologiques antérieurs à -500, mais dans un cas comme dans l’autre, force est de reconnaître que l’on se trouve en périphérie du site, pour ainsi dire au contact de la lagune. L’hypothèse d’une occupation antérieure, dans ce cas plutôt localisée vers le centre de ce qui se présentait alors comme une presqu’île, demeure d’autant plus à vérifier que plusieurs indices, révélés en particulier par le schéma d’implantation mis en place durant la phase 1T, semblent aller dans ce sens
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