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L'appropriation de l'arbre, un nouveau front pour la cacaoculture ivoirienne ? Contraintes techniques, environnementales et foncières
Les producteurs de cacao ivoiriens font face à une nouvelle donne environnementale : en plus de la disparition du couvert forestier sous la progression des fronts pionniers cacaoyers, les systèmes conduits en monoculture montrent leurs limites et les évolutions climatiques récentes sont moins propices à cette culture. La conjonction de ces différents éléments conduit à une situation de blocage structurel. À la croisée de données environnementales et socio-politiques, cet article décrit et interroge les stratégies d'adaptation des producteurs de cacao dans ce contexte " post-forestier ". L'analyse des pratiques indique une dynamique d'introduction d'arbres associés dans les plantations face aux conditions environnementales. Néanmoins, cette stratégie d'adaptation agroforestière et notamment l'introduction de bois d'oeuvre de valeur sont freinées par des obstacles techniques (faible maîtrise de la plantation d'arbres de forêt), environnementaux (composition du recrû spontané) et fonciers (impensé juridique du statut de l'arbre hors forêt)
Seeking for shade, geography of emerging cacao agroforestry systems in post-forest Ivory Coast
En Côte d'Ivoire, où 40% du cacao mondial est produit, la majeure partie des forêts a été convertie en plantations de cacao. Après un siècle d'expansion, cette culture et ses producteurs font face à une nouvelle situation environnementale qualifiée ici de "post-forestière". D'une part, la couverture forestière a presque entièrement disparu avec la progression des fronts pionniers cacaoyers ; d'autre part, les monocultures, caractérisant 90% du verger cacaoyer ivoirien au début du XXIème siècle, semblent aujourd'hui atteindre leurs limites (attaques de parasites, réduction de la durée de vie productive) ; enfin les évolutions climatiques récentes sont moins favorables à cette culture (Bigot et al., 2005). La conjonction de ces différents éléments conduit à un "blocage structurel" (Léonard et Oswald, 1996) de la cacaoculture. Dans l'histoire de la cacaoculture, un autre pays ou une autre région prennent le relais de la région en crise (Ruf, 1995). Ce doctorat étudie ainsi les stratégies d'adaptation, notamment agroforestières, des producteurs de cacao et dresse le tableau d'une bifurcation post-forestière possible au modèle universel d'alternance entre booms et crises cacaoyères. Il est basé sur des inventaires botaniques en plantation de cacao, des entretiens avec les producteurs, une cartographie multichronique d'usage des sols et deux monographies. Les pratiques agroforestières des producteurs sont ainsi étudiées à la croisée de données environnementales et socio-économiques sur quatre sites représentatifs des différents stades de progression de la cacaoculture (à savoir d'Est en Ouest : Akoupé, Divo, Guéyo et Méagui). Les principaux résultats sont les suivants : 1. Les plantations de cacao étudiées sont très diverses allant de systèmes proches de la monoculture jusqu'aux agroforêts denses et pluri-stratifiées. Dans l'échantillon étudié, 22% des 137 parcelles étudiées présentent des caractéristiques agroforestières. 2. Les contributions environnementales évaluées (biodiversité, stockage de carbone, bois d'oeuvre, usages alimentaires, usages médicinaux et contributions agronomiques pour les cacaoyers) sont généralement différentes de celles d'un écosystème forestier. Il apparaît toutefois que la gestion de l'origine des arbres (rémanent, recrû spontané ou planté) par les producteurs modèle la capacité de ces systèmes à fournir différentes contributions environnementales. 3. Depuis une décennie, une tendance à la densification et la diversification des arbres associés se dessine dans les parcelles de cacao. En confrontant discours et pratiques des producteurs, il apparaît que 67% d'entre eux ont une attitude favorable aux arbres associés. 4. Les stratégies "post-forestières" des producteurs sont diverses, de l'abandon de la cacaoculture au recours aux intrants chimiques ou à l'intensification écologique ; elles incluent une variété de systèmes agroforestiers et témoignent d'une vélléité de poursuivre la cacaoculture dans des conditions post-forestières. 5. La mise en place de stratégies agroforestières apparaît comme une réponse à une situation de précarité foncière, à l'échelle du ménage et du finage. 6. Enfin, ces évolutions de la cacaoculture font émerger de nouvelles ressources. Des conflits de gouvernance autour de leur appropriation aux échelles locales, régionales et nationale restent le principal obstacle à l'adoption et au succès de stratégies agroforestières. A travers une approche transdisciplinaire, ce doctorat de géographie, à l’interface nature-sociétés, illustre les relations particulières qui se tissent entre producteurs de cacao et environnement post-forestier.In Ivory Coast, where 40% of world cocoa beans are produced, most forests have been converted into cocoa plantations. After a century of expansion, this crop and its producers are facing with a new environmental situation, here called « post-forest conditions ». Firstly, forest cover has almost completely disappeared ; secondly, monocultures are showing their limits (pests attacks, productive lifelenght shortened) ; and finally recent climatic evolutions are less suitable to this crop (Bigot et al., 2005). The conjunction of these different elements has led to a « structural blockage » (Leonard and Oswald, 1996). In cocoa history, when such situation occurs another country or region would take over the area in crisis for cocoa production (Ruf, 1995). This PhD studies adaptation strategies, especially agroforestry ones, of cocoa farmers and depicts a possible bifurcation from the universal boom and busts model. It is based on botanic inventories, farmers interviews, multichronic land use maps (1956-2017) and two monographies. Farmers agroforestry practices are analysed at environmental and socio-political data crossroads on four sites representative of different stages of cocoa history (from East to West : Akoupé, Divo, Guéyo and Méagui). Main results are the following : 1.Studied cocoa plantations are very diverse from systems close to monocropping to dense and multi-stratified agroforests. In the sample studied, 22 % of the 137 studied plots have agroforestry caracteristics. 2.The assessed environmental contributions (biodiversity, aboveground carbon stocks, timber, food use, medicinal use and agronomic contributions to cocoa trees) differ from forest ones. However, farmers management of trees origins (remnant, recruited or planted) shapes agroforests capacity to provide these contributions. 3.Since a decade, there is a trend of densification and diversification of associated trees in cocoa plots. Through the comparison between speeches and practices one can consider that 67% of farmers have an attitude favorable to associated trees. 4.Farmers « post-forest » strategies are diverse, from abandoning cocoa to chemical inputs use or ecological intensification, they include several agroforestry systems and are witnesses of a general will to maintain cocoa production activities in post-forest conditions. 5.Adopting agroforestry strategies appears as an answer to land scarcity situation at household and village scale. 6.Finally, these evolutions of cocoa growing open the needs for new ressources. Governance conflicts about these ressources appropriation at local, regional and national scale are the main obstacle to agroforestry adoption and success. Through a transdisciplinary approach, this geography PhD illustrates the relationships that bounds cocoa producers and post-forest environment
Local farmers shape ecosystems service provisioning in West African cocoa agroforests
International audienc
Local farmers shape ecosystems service provisioning in West African cocoa agroforests
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Local farmers shape ecosystems service provisioning in West African cocoa agroforests
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L’agroforesterie en contexte post-forestier : perspectives et controverses d’une mise à l’agenda politique en Côte d’Ivoire
International audienceIn the Republic of Côte d’Ivoire, agroforestry has emerged as a key concept following extensive deforestation for plantation agriculture. Since the 2010s, this term has gained prominence in political discourse, international sustainability standards, and advertisements by chocolate companies. This article delves into the establishment of agroforestry in the Ivorian political landscape. Employing a comprehensive approach grounded in approximately sixty interviews and political documents, it analyzes the mobilization of the agroforestry concept in the Republic of Côte d’Ivoire, delves into the strategies employed for its promotion, and unveils the controversies it sparks. To begin, this study highlights that the integration of agroforestry into Côte d’Ivoire’s agenda occurs through diverse avenues. A myriad of instruments to promote agroforestry coexist, encompassing private certification standards, the regional African sustainability standard for cocoa, compensation for environmental services, and a domestic initiative named «Agro-Forêt» originating from the newly enacted Forestry Code. Moreover, notwithstanding the consensus surrounding agroforestry promotion, its broad definition permits stakeholders with varying interests to appropriate the concept. This study also sheds light on the multitude of objectives and perspectives embedded within the concept’s interpretation in the Republic of Côte d’Ivoire. It identifies controversies regarding the criteria of the agroforestry framework, its underlying purpose, the role of farmers, the scope of analysis, and the temporal dimensions to be considered. In conclusion, this note contributes to clarifying the diverse political translations of a concept originating from scientific studies. The intricate connections between biophysical research and political practice highlight the significance of considering this interface for an enhanced understanding of agroforestry and a successful transition.En Côte d’Ivoire, l’agroforesterie devient une notion incontournable après une déforestation massive pour les cultures de plantation. Depuis les années 2010, le terme se généralise dans le vocabulaire politique, les normes internationales de durabilité et la communication des entreprises chocolatières. Cette note examine comment l'agroforesterie s’est imposée dans l'agenda politique ivoirien. Adoptant une approche compréhensive et à partir d’une soixantaine d’entretiens et des documents politiques, elle analyse la manière dont la notion d’agroforesterie est mobilisée en Côte d’Ivoire, les instruments de sa promotion et les controverses qu’elle suscite. D’abord, ce travail montre que la mise à l’agenda de l’agroforesterie en Côte d’Ivoire se fait suivant des canaux pluriels. Différents instruments de promotion de l’agroforesterie se côtoient, tels que les normes de certification privée, la norme africaine régionale de durabilité pour le cacao, les paiements pour services environnementaux ou encore un dispositif national dit « Agro-Forêt », issu du nouveau Code forestier. Ensuite, malgré le consensus sur la promotion de l'agroforesterie, sa définition large permet à des acteurs aux intérêts divergents de s'approprier le concept. Ce travail met par ailleurs en évidence la pluralité des objectifs et des perspectives que recouvre la notion en Côte d’Ivoire. Il identifie ainsi des controverses concernant les critères du système agroforestier, sa finalité, la place des agriculteurs, l’échelle d’analyse et la temporalité à considérer. En définitive, cette note contribue à expliciter les traductions politiques plurielles d’une notion issue des sciences. Les liens complexes entre les recherches biophysiques et la pratique politique soulignent l'importance de prendre en compte cette interface pour une meilleure conception de l'agroforesterie et une transition efficace
Local farmers shape ecosystems service provisioning in West African cocoa agroforests
International audienc
Local farmers shape ecosystems service provisioning in West African cocoa agroforests
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