Régine Borderie, «Bizarre», «bizarrerie». De Constant à Proust

Les études qui se sont développées depuis une cinquantaine d’années sur des esthétiques non classiques comme le baroque ou le grotesque ou sur des genres comme le fantastique ont ouvert la voie à une réflexion nouvelle qui a permis à Régine Borderie d’aborder pour la première fois aux rives du bizarre, considéré d’abord comme un mot, avant de devenir peut-être une notion. C’est à cet exercice difficile que se livre l’auteur de cet essai qui nous donne à lire une enquête passionnante sur tous ..

La représentation parodique du mal autour de 1830

Comment justifier le choix que fait un écrivain d’écrire sur le mal, de donner à voir le mal, ou encore de se jeter dans le mal pour en tirer la matière même de son art ? Faut-il voir en lui, comme Sartre le dit à propos de Baudelaire, « l’image affaiblie de la grande solitude de l’homme vraiment libre » (cité par Bataille p. 36), c’est-à-dire l’expression de l’homme qui crée ? Allant plus loin encore, et à propos de Genet cette fois, Sartre voit dans le choix du mal la révélation du sacré, r..

Machines à se retrouver

Roland Baladi est égyptien d'origine. Il est né en 1942 au Caire qu'il ne quittera qu'en 1960. Après un passage de deux ans à Beyrouth, il se rend à Paris. Durant les premières années, il organise tant à Beyrouth qu'à Paris plusieurs expositions de photos. Puis il se rend en Allemagne, à Essen, où il étudie pendant quatre ans les arts graphiques. En 1968, il participe à la réalisation d'un long métrage en couleurs : « les Vieilles Lunes », en qualité de directeur de la photographie et d'acteur principal. En 1970, il expose au musée d'Art moderne le « Cinétone », machine à produire des sons et des lumières à partir du mouvement. En 1971, l'E.D.F. le charge de réaliser, pour célébrer son vingt-cinquième anniversaire, une grande partie des attractions de la « Fête électrique » d'abord au plateau Beaubourg, puis itinérante. Il est actuellement assistant à l'Ecole des beaux-arts de Nancy. « Machines à se retrouver », dont parle ici Jean-Pierre Saïdah, est la plus récente des manifestations qu'il a organisées.Saïdah Jean-Pierre. Machines à se retrouver. In: Communication et langages, n°22, 1974. pp. 19-28

Esquisse d’une poétique du vêtement chez Balzac

Il en est de la littérature comme du vêtement : ils semblent tous deux exposés, soumis à la mode et aux fluctuations du goût. La critique littéraire donne de cette règle non écrite et non avouée une illustration frappante, depuis une quarantaine d’années. Sur le seul terrain de la critique balzacienne, malgré les points de vue plus nuancés d’Albert Béguin ou de Gaétan Picon, il était admis que l’auteur de La Comédie humaine était un romancier « réaliste », attaché à écrire l’histoire des mœur..

Présentation

« Peut-on encore parler de magie aujourd’hui ? » Cette interrogation liminaire du bel ouvrage d’Yves Vadé sur L'Enchantement littéraire, nous avons décidé de la reprendre à notre tour en prolongeant la réflexion de notre ami dans ce qui constitue un hommage multiple. Comme en écho à L’Enchantement littéraire, Enchantements regroupe un ensemble de contributions destinées à non seulement rappeler l’importance, la profondeur et la finesse du travail d’Yves Vadé sur les relations entre magie et é..

1830 : Quelle rupture ?

De quoi parle-t-on quand on évoque 1830 ? Dans Timaginaire collectif, cette date a une importance controversée. Mal aimée ou trop aimée, elle évoque pêle-mêle la bataille d’Hernani, le romantisme, le drapeau tricolore, le triomphe de la bourgeoisie... Pour se démarquer d’une tradition qui associe 1830 à une certaine « révolution », quelques universitaires ont récemment poussé la coquetterie jusqu’à parler de cette singulière année, sans dire un mot des événements de juillet. Mais peut-on séri..

L’écriture de la discontinuité autour de 1830

La nouveauté que le bouleversement des formes narratives et poétiques a produite depuis le siècle dernier a rencontré bien des résistances. L’une des prises de positions les plus radicales, même si elle semble aujourd’hui dépassée, est sans conteste celle de Julien Benda, dans la France byzantine. Rien ou presque ne trouve grâce aux yeux du censeur sarcastique. Acharné à fustiger toute une partie de la littérature moderne où il ne décèle que « l’horreur en quelque sorte physique du réel objec..

Les facéties enchantées de Nerval dans La Main de Gloire

À l’image d’un Nerval sérieux, grave, tragique, mystique, un Nerval hanté par l’absolu, par des rêves impossibles et passionné par l’ésotérisme, on voudrait ici non pas substituer, mais ajouter celle d’un « autre » Nerval sur lequel la critique nervalienne n’a que rarement insisté. Cela ne signifie pas que la fantaisie, le jeu, l’humour et même l'excentricité n’aient pas leur place dans les nombreux travaux consacrés à l’auteur d'Aurélia ; d’Aristide Marie à Jacques Bony, on a repéré le maria..

La solitude mode d’emploi : le cas Alphonse Rabbe

S’il est vrai que la figure du solitaire a toujours existé, comme figure de nature, on ne peut nier qu’elle se trouve exacerbée, amplifiée, mise en images, en textes et en postures diverses, au début du xixe siècle, devenant alors figure de culture ou figure historique. C’est que notre Histoire a sans doute connu avec la Révolution française le plus grand bouleversement, la plus grande rupture ! La société a changé, les institutions ont changé, les mentalités ont changé. Comme le dit Aragon d..

Valeur et marginalité : l’exemple des Petits Romantiques

Il est un domaine qui constitue un point de rencontre entre esthétique et sociologie de la littérature, celui des hiérarchies littéraires. On a vu se développer récemment une riche réflexion sur la question de la littérature mineure. D’une manière un peu différente, je voudrais m’interroger sur la marginalité en littérature et la situer par rapport à ce que représentent les valeurs dominantes d’une société. L’exemple des Petits Romantiques, relégués dans la marge de toutes sortes de littératu..