17 research outputs found

    La raison du complot

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    Cet article propose de s’interroger, à partir d’un cas historique, sur la figure du complot dans la production des bureaucraties sécuritaires contemporaines. L’objectif est de se dégager des interprétations pathologiques dominantes – qui voient d’abord dans leur complotisme tendanciel le stigmate de dérèglements idéologique, psychologique ou bureaucratique – pour montrer, à partir d’une description très précise des opérations intellectuelles et matérielles de production de ces savoirs singuliers, que l’explication par le complot est une proposition ordinaire que l’ensemble du dispositif sollicite, encourage, nourrit, conforte même, et éprouve aussi, en fonction des conceptions transitoires de la menace. Il s’agit ainsi de montrer que l’hypothèse conspiratoire s’inscrit ainsi, en quelque sorte dès l’origine, au plus profond du dispositif du renseignement de sécurité, au cœur de l’espace ouvert par la contradiction fondamentale entre dire le vrai et penser les possibles.Through a historical case study, this article is addressing the question of the widespread presence of the conspiracy scheme in the production of contemporary security bureaucracies. The existing scholarship primarily sees conspiratorial tendencies as the stigmas of ideological, psychological or bureaucratic malfunction. A precise description of the intellectual and material operations involved in producing this peculiar form of knowledge reveals another story: that such speculations are actually requested, encouraged, nurtured, and even confirmed to a certain extent by the entire system, while constantly being put to the test by current conceptions of threat. We therefore argue that the ‘conspiracy hypothesis’ has been deeply embedded into the discourses and practices of counterintelligence from the outset. Conspiracies are therefore at the heart of the fundamental contradiction between telling the accurate and anticipating the possible

    John, Hoover et J. Edgar : notes sur le(s) portrait(s) d’une légende

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    « Believe what you will from historians. Most write from a present perspective, forgetting context ». « [What] determines a man’s legacy is often what isn’t seen ». (propos attribués à J. E. Hoover dans J. Edgar) « Clint Eastwood plonge au cœur du FBI ». L’une des affiches françaises du dernier film du réalisateur américain, J. Edgar, met en avant la portée historique du film en utilisant, à des fins publicitaires, un sous-titre emprunté à une critique du quotidien Le Figaro. Cependant, comme..

    John, Hoover et J. Edgar : notes sur le(s) portrait(s) d’une légende

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    « Believe what you will from historians. Most write from a present perspective, forgetting context ». « [What] determines a man’s legacy is often what isn’t seen ». (propos attribués à J. E. Hoover dans J. Edgar) « Clint Eastwood plonge au cœur du FBI ». L’une des affiches françaises du dernier film du réalisateur américain, J. Edgar, met en avant la portée historique du film en utilisant, à des fins publicitaires, un sous-titre emprunté à une critique du quotidien Le Figaro. Cependant, comme..

    MASCIPO – Centre d’études nord-américaines (CENA)

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    Nicolas Barreyre, maître de conférences à l’Université Paris-Ouest/Nanterre La DéfenseRomain Huret, maître de conférences à l’Université Lyon-II/LumièreAlexandre Rios-Bordes, ATER L’État américain à la période contemporaine (XIXe-XXe siècles). Perspectives historiographiques, analyse comparée, modalités d’écriture Ce séminaire avait pour premier objectif de reprendre à nouveaux frais la question de l’État aux États-Unis, à la fois surinvestie par la mythologie nationale et relativement margin..

    MASCIPO – Centre d’études nord-américaines (CENA)

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    Nicolas Barreyre, maître de conférences à l’Université Paris-Ouest/Nanterre La DéfenseRomain Huret, maître de conférences à l’Université Lyon-II/LumièreAlexandre Rios-Bordes, ATER L’État américain à la période contemporaine (XIXe-XXe siècles). Perspectives historiographiques, analyse comparée, modalités d’écriture Ce séminaire avait pour premier objectif de reprendre à nouveaux frais la question de l’État aux États-Unis, à la fois surinvestie par la mythologie nationale et relativement margin..

    Quand les services de renseignement repensent la guerre.: Elément d'une archéologie de la « sécurité nationale » (Etats-Unis, 1919-1941)

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    International audienceD’où vient la « sécurité nationale » ? De la genèse de ce concept extraordinairement équivoque, on ne sait pas grand-chose, sinon ce que la littérature historique a établi depuis longtemps, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un produit américain des premiers temps de Guerre froide, inspiré par l’expérience du conflit mondial et dicté par la confrontation avec l’Union soviétique, accompagnant l’intégration de ce qu’on allait justement appeler l’« appareil de sécurité nationale ». Sans rien nier de l’importance de ce moment charnière, le présent article se propose d’ouvrir une nouvelle piste, en s’intéressant à ce qui se joue discrètement, un quart de siècle plus tôt, au sein des deux modestes services de renseignement des forces armées, la Military Intelligence Division (MID) et l’Office of Naval Intelligence (ONI). À partir de leçons spécifiques tirées de l’expérience de la « guerre moderne », on y opère la rupture définitive, théorique et pratique, avec quatre distinctions centrales dans la pensée militaire : la guerre et la paix, le militaire et le civil, l’intérieur et l’extérieur, l’ami et l’ennemi. Notre hypothèse est que, ce faisant, les services de renseignement ouvrent silencieusement mais concrètement la voie à cette forme de rationalité gouvernementale que l’on désignera bientôt par le concept de « sécurité nationale »

    Quand les services de renseignement repensent la guerre.: Elément d'une archéologie de la « sécurité nationale » (Etats-Unis, 1919-1941)

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    International audienceD’où vient la « sécurité nationale » ? De la genèse de ce concept extraordinairement équivoque, on ne sait pas grand-chose, sinon ce que la littérature historique a établi depuis longtemps, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un produit américain des premiers temps de Guerre froide, inspiré par l’expérience du conflit mondial et dicté par la confrontation avec l’Union soviétique, accompagnant l’intégration de ce qu’on allait justement appeler l’« appareil de sécurité nationale ». Sans rien nier de l’importance de ce moment charnière, le présent article se propose d’ouvrir une nouvelle piste, en s’intéressant à ce qui se joue discrètement, un quart de siècle plus tôt, au sein des deux modestes services de renseignement des forces armées, la Military Intelligence Division (MID) et l’Office of Naval Intelligence (ONI). À partir de leçons spécifiques tirées de l’expérience de la « guerre moderne », on y opère la rupture définitive, théorique et pratique, avec quatre distinctions centrales dans la pensée militaire : la guerre et la paix, le militaire et le civil, l’intérieur et l’extérieur, l’ami et l’ennemi. Notre hypothèse est que, ce faisant, les services de renseignement ouvrent silencieusement mais concrètement la voie à cette forme de rationalité gouvernementale que l’on désignera bientôt par le concept de « sécurité nationale »

    Une surveillance sous tensions. Sociohistoire d’un arrangement sécuritaire en contexte démocratique

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    L’article se propose, à partir d’un cas historique, de déployer sur quel arrangement à la fois intellectuel, institutionnel et pratique a pu reposer l’émergence, puis la première perpétuation d’une forme a priori hautement problématique de curiosité étatique : la surveillance politique opérée par les administrations clandestines de l’État. Le cas des services de renseignement militaire étatsuniens montre que cette entreprise de surveillance n’est jamais allée de soi ; qu’elle est prise dès l’origine dans une contradiction fondamentale qui enserre son dispositif. Elle est, d’une part, institutionnellement légitime, portée par un raisonnement sur la menace formulé au sortir du premier conflit mondial qui fait du suivi de la situation intérieure un impératif guerrier. Dans le même temps, cette vigilance se révèle être politiquement illégitime, au nom du double stigmate de son association à une possible répression politique et de l’intolérable ingérence des militaires qu’elle suppose. Première transaction : elle ne se poursuit donc que sous conditions d’ambiguïté instituée, y compris au sein des forces armées et jusqu’au sein même des services. Cette situation d’incertitude s’y décline en une série de tensions logique, éthique et pratique que les premiers spécialistes de la surveillance ne surmontent qu’en engageant un intense travail normatif sur les finalités spécifiques de leurs organisations, en esquissant les contours d’une déontologie singulière et en développant une culture de la transgression dont la limite est toujours – seconde transaction – le caractère passif de leur vigilance.This article describes the kind of intellectual, institutional, and practical arrangement that proved historically necessary for a purportedly highly problematic form of surveillance to emerge and to perpetuate in modern societies, that is political surveillance by clandestine governmental agencies. The case of the American military intelligence services shows that such surveillance never seemed evident. From the outset, it was characterized by a fundamental contradiction: on the one hand, internal vigilance was institutionally deemed legitimate within the framework of a new conception of war put forward within the armed forces at the end of World War I that made domestic vigilance a military imperative; on the other hand, it was regarded as publicly illegitimate, both because it was linked to potential political repression and because it meant an intolerable military interference in civilian affairs. Transaction n° 1: this type of surveillance could therefore only endure in a state of institutionalized ambiguity, even within the armed forces and the intelligence services themselves. This uncertain status engendered a series of logical, ethical, and practical tensions, which could only be overcome by these early professionals through intense normative work on the specific purpose of their organizations, the development of a peculiar professional code of ethics, and the development of a culture of transgression always limited – transaction n° 2 – by the fundamentally passive character of their vigilance

    When Military Intelligence Reconsiders the Nature of War: Elements for an Archeology of " National Security " (United States, 1919–1941)

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    International audienceWhere does the notion of " national security " come from? The genesis of this extraordinarily ambiguous concept is largely unknown, besides what a few historical works have long established, i.e., that national security is an offspring of the early Cold War inspired by the experience of the Second World War, dictated by the confrontation with the Soviet Union, and accompanying the integration of what was to be called the " National Security State. " While not denying the importance of this turning point, this paper offers a new perspective by focusing on what was discreetly happening a quarter of a century earlier within two modest military intelligence services, the Military Intelligence Division (MID), and the Office of Naval Intelligence (ONI). Based on lessons drawn from the experience of modern warfare, a theoretical and practical break took place in relation to the four distinctions that had been traditionally central to military thinking, namely war and peace, military and civilian, front and rear, and friend and foe. Our hypothesis is that this silent but concrete and definite break paved the way for the formation of governmental rationality that came to be referred to as " national security.
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