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Géographies de la catastrophe. Ordre et désordres dans la gestion des catastrophes “naturelles”
Les catastrophes dites “naturelles ” sont devenues l’objet d’une attention croissante de la part des
acteurs internationaux depuis quelques décennies, tant au niveau de leur prise en charge que de
leur prévention. Le monde international des catastrophes a élaboré un ensemble de dispositifs qui
tentent de remettre de l’ordre dans le chaos anticipé de la catastrophe. Cette remise en ordre passe
notamment par le fait d’essayer de faire coïncider des espaces, des rôles et des identités. Sur les
territoires frappés par les catastrophes, les habitants deviennent des “sinistrés” quand ils passent
par la tente dans laquelle ce statut leur est octroyé, puis des “déplacés” quand ils montent dans le
camion qui les emmène vers de nouveaux lieux de vie. Ces dispositifs se construisent sur des
représentations des identités en situation de crise fortement liées à un rapport à l’espace. Or,
l’enquête ethnographique menée sur différents sites où des dispositifs de gestion des catastrophes
sont mis en place en Amérique latine, montre que ces coïncidences sont loin de se produire
systématiquement et que les personnes ont la possibilité de réintroduire de la critique, en sortant
notamment de la géographie de l’ordre et en prenant une certaine distance avec les rôles qui leur
sont conférés. L’article s’intéresse aux moments où cette critique est formulée, que ce soit lors
d’exercices de préparation aux catastrophes, ou au cours de situations réelles.Geographies of disasters. Order and disorders in the management of “natural” disasters“Natural” disasters, their prevention and their management have been raised as an object of
international attention since the 1970’s. The international social world of disasters has elaborated
dispositives in order to put in order the anticipated chaos generated by disasters. This ordering
process notably consists in trying to match spaces, roles and identities. When a disaster strikes on a
territory, inhabitants become “affected people” when they pass through the tent where there are
given this status, and then “displaced people” when there are conveyed in the truck that drives
them to their new places. These dispositives are elaborated on ways of thinking identities in
situation of crisis strongly linked to spatial representations. The ethnographic inquiry realized on
different sites where dispositives of disaster management are put in place in Latin America shows
that the coincidence between spaces, roles and identities are far from systematic and that people
often have the possibility to reintroduce a certain level of critique, taking their distance with the
roles they were attributed and discussing the geography of order. The paper focuses on these
moments when this critique is formulated, during disaster simulation exercises or real disasters.GeografĂas del desastre. Orden y desĂłrdenes en la gestiĂłn de desastres "naturales"Desde hace algunas dĂ©cadas, los desastres llamados “naturales” se han convertido en un objeto de atenciĂłn creciente por parte de actores internacionales en relaciĂłn tanto con su gestiĂłn como con su prevenciĂłn. El mundo internacional de los desastres ha elaborado un conjunto de dispositivos que buscan ordenar el caos anticipado que el desastre producirá. Esta ordenaciĂłn pasa principalmente por intentar hacer coincidir los espacios, los roles y las identidades. En los territorios tocados por un desastre, los habitantes se convierten en “damnificados” cuando pasan por la tienda de campaña en la que ese estatus les es concedido, luego se convierten en “desplazados” cuando se suben al camiĂłn que les llevará a un nuevo lugar de vida. Estos dispositivos se construyen apoyándose en representaciones de identidades en situaciĂłn de crisis estrechamente ligadas a un espacio. Ahora bien, la investigaciĂłn etnográfica llevada a cabo en diferentes lugares en los que los dispositivos de gestiĂłn de desastres son puestos en marcha en AmĂ©rica Latina, muestra que esas coincidencias no se producen sistemáticamente y que las personas tienen posibilidad de formular crĂticas, principalmente saliendo de la geografĂa del orden y tomando una cierta distancia con los roles que les son atribuidos. El artĂculo se interesa por esos momentos en los que la crĂtica es formulada bien durante los ejercicios de preparaciĂłn de los desastres bien durante situaciones reales
Le risque négocié:Conflits et ajustements autour de la reconstruction de Vargas (Venezuela)
A partir des matériaux ethnographiques récoltés à Vargas (Venezuela) à la suite des coulées de boue de 1999, cet article se propose d'analyser l'émergence, la diffusion et les usages de la notion de risque dans le contexte de l'après-catastrophe. En se situant successivement au niveau des habitants, d'une association de quartier et de l'institution chargée de reconstruire, l'objectif est de comprendre les enjeux qui accompagnent la reconstruction et les différentes représentations que chacun de ces acteurs se fait du risque
Penser et affronter les désastres : un panorama des recherches en sciences sociales et des politiques internationales
Séismes, ouragans, tsunamis, éruptions volcaniques, inondations… Ces catastrophes que l’on dit « naturelles », parce qu’elles sont provoquées par des aléas d’origine naturelle, ont été pendant longtemps et sont encore aujourd’hui, pour la plupart, analysées par les sciences dites « dures », en l’occurrence les sciences de la terre et les sciences de l’ingénieur. Pourtant, au cours du XXe siècle, elles sont également devenues un objet de recherche pour les sciences sociales, objet qui a lui-même bénéficié d’un regain
d’intérêt après le tsunami de 2004 en Asie du Sud-Est et le passage de l’ouragan Katrina en Louisiane en 2005. La géographie, la sociologie, la psychologie, l’histoire, l’anthropologie et la science politique ont donc contribué, ensemble, à constituer le champ des sciences sociales sur les catastrophes et les risques « naturels ». La généalogie de ce champ comporte deux branches principales – prioritairement centrées, l’une, sur les conséquences des catastrophes « naturelles », l’autre, sur leurs causes –, qui donnent à leur tour naissance à de nombreuses ramifications. Nous tenterons ici de retracer les parcours et les détours de la seconde branche, durant la période qui va des années 1970 au début des années 2000, en mettant en lien la façon dont les catastrophes ont été travaillées par les sciences sociales, d’une part, par les acteurs chargés de mettre en place des politiques ad hoc à l’échelle internationale, d’autre part. Il est en effet pertinent de mettre ces deux aspects en regard, tant sont nombreuses les circulations des acteurs entre le monde de la science et celui de la décision via l’expertise. Analyser la façon dont les sciences sociales ont imprégné les politiques internationales nous instruit notamment, si ce n’est sur la nature, du moins sur les conséquences de ces circulations. [Premier paragraphe
Les organisations internationales et la gestion des risques et des catastrophes « naturels »
Depuis le début des années 1990, la thématique des risques et des catastrophes « naturels » a émergé sur la scène internationale. Un véritable « monde » des catastrophes « naturelles » s'est constitué au niveau international et s’est peu à peu institutionnalisé. Comment ses acteurs en légitiment-ils la nécessité ? Que nous révèle-t-il de la façon dont le monde contemporain gère ses peurs au niveau global ? Une approche diachronique de ce processus d’internationalisation et d’institutionnalisation permet de resituer ce phénomène dans un contexte historique et mondial, notamment de transformation de la notion de sécurité. L’analyse sociologique des principales organisations intergouvernementales, qui jouent un rôle central dans cette dynamique, invite à saisir les différentes lignes de tension qui la traversent et à entrevoir sa complexité. En effet, malgré les tentatives visant à faire apparaître cet espace comme une « communauté » de sens et de pratiques, de fortes disparités caractérisent les approches des différents acteurs.“Natural” risks and catastrophes appeared in the international arena in the early 1990s. A real « world » of “natural” catastrophes has emerged internationally and has become more and more institutionalized. This study raises questions such as: how has this space been built? How do actors legitimize its necessity? What does it tell us about the way the contemporary world manages fears globally? A diachronic approach of this double process of internationalization and institutionalization allows the author to situate the phenomenon in the historical and global context, and notably of a context of transformation of the notion of security. The sociological analysis of the main multilateral organizations that contribute to forming this space invites us to apprehend the various lines of tension that cross over, and to foresee its complexity. Despite the many attempts to make this space appear as a “community” of sense and practices, strong disparities characterize the actors’ approaches
Le principe de précaution entre l’épistémologie et le droit
En dépit des justifications que l’on a pu donner de la logique du principe, il subsiste une difficulté de taille au niveau de son application. En effet, il n’est pas certain que l’on puisse savoir qu’un risque possible (mais inconnu) est associé à une action donnée. Cette difficulté épistémologique pourrait fonder deux critiques juridiques au principe de précaution : la critique selon laquelle le principe implique un renversement inacceptable de la charge de la preuve ; et la critique qui tient à l’imprécision indépassable des tentatives de formulations
juridiques du principe. Notre examen de la pratique du principe de précaution par le Conseil d’Etat relèvera que les décisions juridiques réussissent à délimiter un champ d’application acceptable pour le principe en question. C’est en fin de compte l’analyse des motivations sociales pour la traduction juridique du principe de précaution qui nous permettra de trouver les fondements de son application correcte
« Vivre dans un monde plus sûr »
L’article analyse les grammaires de légitimation utilisées par les organisations internationales qui s’inscrivent dans le champ de la gestion des risques et des catastrophes « naturelles ». Après avoir décrit l’espace constitué depuis les années 1980 par les organisations internationales autour de cette thématique, il met en lumière les différentes grammaires de légitimation et d’action mises en concurrence au sein de cet espace. Il montre l’importance croissante dans ce domaine de la notion de « sécurité » et l’impact de ses transformations récentes.The paper analyzes the legitimation grammars used by international organizations working on the field of “natural” risks and disasters management. It first describes the space that international organizations have constructed, since the 1980’s, on this outlook. The paper then highlights the different grammars of legitimation and action competing in this space. It shows the growing importance in this field on the notion of “security” and the impact of its recent transformations
La tempête au tribunal:Trajectoires de victimes et de prévenus au cours du procès de la tempête Xynthia en France
Cet article, qui se base sur l’ethnographie des deux
procès qui ont eu lieu après la tempête Xynthia en France
en 2010, appréhende le procès comme l’un des dispositifs
du gouvernement des catastrophes. Un dispositif
dont l’une des caractéristiques est de transformer la catastrophe
et ses protagonistes, mais aussi de transformer
la tempĂŞte elle-mĂŞme pour la rendre saisissable par la justice
pénale. Ce processus de transformation impose aux
acteurs – victimes et prévenus – un important travail, qui
s’ajoute à celui des acteurs judiciaires dans la longue trajectoire
que constitue le procès. Les acteurs du procès,
de même que la tempête, sont au cours du procès pris
dans des jeux d’échelles et des processus d’identification
multiples.A storm before the court. Trajectories of victims and defendants
during the Xynthia trial in France
Based on an ethnographic study of the two trials that
took place in France after Xynthia, the storm that devastated
part of the French Atlantic coast in 2010, this paper
considers the trial as one of the many dispositifs of
the government of disasters. This particular dispositif is
intensely characterized by transformation: it transforms
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Abstracts
a disaster and its protagonists, but it also transforms the
storm itself to make it “graspable” by criminal justice. This
transformation process forces the actors – both victims and
defendants – to play an important role that accompanies
that of judicial actors during the lengthy legal proceedings.
This paper will also show that, during the trial, the various
actors involved are engaged in a “game of scales” and multiple
identification processes.Una tempesta in tribunale. Traiettorie di vittime e imputati
durante il processo Xynthia in Francia
Sulla base di uno studio etnografico dei due processi che
hanno avuto luogo in Francia nel dopo-Xynthia, la tempesta
che ha devastato una parte della costa atlantica francese
nel 2010, questo articolo considera il processo come uno
dei tanti dispositivi di governo dei disastri. Si tratta di un
dispositivo particolare, intensamente caratterizzato dalla
trasformazione: trasforma un disastro e i suoi protagonisti,
ma trasforma anche la tempesta per renderla “afferrabile”
dalla giustizia penale. Questa esperienza di trasformazione
costringe gli attori – entrambi vittime e imputati – a
svolgere un ruolo altrettanto importante di quello giocato
dagli attori giudiziari durante i lunghi procedimenti legali.
L’articolo mostrerà inoltre come in aula di tribunale, i vari
soggetti coinvolti siano impegnati in un “gioco di scala”
e mettano in atto complessi processi di identificazione,
anch’essi sfaccettati
Christian Delécraz & Laurie Durussel, eds, Scénario catastrophe
Comment les hommes interprètent-ils les catastrophes en fonction de leur conception du monde ? Comment s’en protègent-ils ou s’en relèvent-ils ? Ces questions sont au cœur du projet Scénario catastrophe, à la fois titre d’un ouvrage collectif et d’une exposition organisée par le Musée d’ethnographie de Genève, de mars 2007 à janvier 2008. Ce livre, qui rassemble quinze articles et une très belle introduction de Christian Delécraz, Laurie Durussel et Alessia Fondrini, tente donc un exercice co..
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