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Les approches de la vulnérabilité alimentaire dans le sud de Madagascar
La vulnérabilité alimentaire peut être définie comme la probabilité pour un individu ou un groupe de voir sa sécurité alimentaire menacée par la survenue d'un événement climatique ou économique (sécheresse, chute des prix agricoles etc.) Les individus les plus vulnérables sont ceux qui ont une structure des capacités faible ou peu diversifiée. Cette analyse s'appuie sur une étude empirique de la région du Grand Sud de Madagascar, dont une partie est confrontée régulièrement à des difficultés alimentaires. L'objectif est de comparer les systèmes d'information actuellement en place dans la zone et leur apport dans l'approche par les capabilités. Les niveaux d'observation sont différents selon les méthodologies mises en oeuvre : on passe ainsi du niveau individuel (enquêtes ménages sur les observatoires ruraux) qui permet une approche micro-économique à une approche méso-économique à l'échelle de la commune ou de la région (système d'alerte précoce et enquête communautaire). L'analyse de l'articulation entre les différents niveaux permet de mettre en évidence les synergies et les complémentarités entre les différents systèmes d'information actuellement en place et qui sont destinés à améliorer l'efficacité des interventions de développement et la réduction de la vulnérabilité alimentaire. Food vulnerability can be defined as the probability an individual (or a household) of seeing a decreas its food security when faced with an event such drought. People who are most vulnerable are those who do not have enough capabilities to the risk of falling into chronic food insecurity. This paper describes an empirical analysis of food vulnerability in the South of Madagascar. This area is often facing drought and food security problems. Our aim is to compare three different surveys and their contribution to food vulnerability analysis, using the capability approach. Each survey has a different level of observation, corresponding to its own methodology. The ROR (rural observatories network) survey, which is a household survey can provide individual information allowing micro-economic approach. It is thus well adapted to capability approach. The SAP (early warning system) survey, which is a community survey, provides data on small geographical units, such as village or district. It is also suited for capability approach but better used for understanding social opportunities. In the end, one can see complementarity between different information systems for food vulnerability analysis capability approach, as in this study. (Full text in french)
La régulation des prix du riz à Madagascar : l'action conjointe de l'information et de la concertation
L'expérience de Madagascar, où une Plateforme de concertation de la filière riz a été établie conjointement à un Observatoire du riz, illustre la complémentarité entre l'apport d'un Système d'information de marché (SIM) dans l'aide à la décision publique et un dispositif de gouvernance hybride, basé sur la participation et la concertation. Il ressort des différentes crises ayant touché le marché du riz entre 2004 et 2011 qu'un suivi régulier du marché sur tout le territoire et une amorce de partenariat public-privé autour de la régulation du marché ont permis une gestion plus transparente et raisonnée des interventions. Malgré un contexte perturbé, ces deux dispositifs ont contribué à une plus grande stabilité du marché intérieur et à un accroissement de la production au cours des années où ils ont été conjointement opérationnels. Toutefois, la forte asymétrie entre acteurs, la difficulté de définir l'intérêt commun, ainsi que les biais des interventions publiques en période de crise politique demeurent des limites. (Résumé d'auteur
Historique de la colonisation du milieu de la presqu'île d'Ampasindava : transformations du paysage et système de conservation
In the northwest of Madagascar, the Ampasindava peninsula is home to the essential part of what remains of the forests of the Sambirano phytogeographic domain. The area has great importance in terms of biogeography, ecology, and socio-cultural aspects. The first documented human presence dates back to the tenth century, during the development of the maritime trade in Madagascar, before becoming the first headquarters of the Sakalava kingdom in the northwest of Madagascar. Several facts contributed to the degradation of the landscape, like the practice of the tavy and the war between Bemihisatra and Merina. In the peninsula, the western part was the most affected, on contrary to the eastern part where are located the forest massifs which served as refuges during the tribal wars. After the annexion by France, of an important territory including the peninsula (August 6th, 1 896), the Merina left the region, and these forest massifs acquired a sacred status and as such were protected against destruction, preserving the characteristics of the primary forests of Sambirano. Elsewhere, a process of natural reconstruction of the vegetation started. These historic facts lead us to conclude that the forests of Dypsis spp. (Arecaceae) and Sarcolaenaceae are not primary resulting from a difference in substrate or climate, but are to be interpreted as old secondary forest, deriving from the long-term process of reconstruction of the vegetation. For several years, the analysis of satellite imagery demonstrates that the rhythm of the tavy has dramatically increased in the region. This increase stems not only from a population growth, but also from a growing pressure for land to generate income for the purchase of manufactured products. The practice of the tavy represents a major threat to forests and different types of residual natural habitats. Secondary forests are the most sensitive and most suitable for rice production. Primary sacred forests have remained so far untouched. Their traditional protection is however recently shaken by the influx of immigrants, who show little respect to traditional ban. RÉSUMÉ Dans le Nord-ouest de Madagascar, la presqu’île d’Ampasindava abrite une partie essentielle des restes des forêts du domaine du Sambirano. La région possède une grande importance tant biogéographique et écologique, que socio-culturelle. Elle a connu au Xe siècle sa première implantation humaine et il est vraisemblable que l’Homme l’ait parcourue et utilisée régulièrement à l’époque du développement du réseau maritime à Madagascar, avant que le Sambirano ne devienne le premier siège du royaume Sakalava dans le Nord-ouest de l’île. Plusieurs faits ont contribué à la déstructuration du paysage écologique initial, comme la pratique de l’abattis sur brûlis ou tavy et les guerres entre les Bemihisatra de la région et l’armée du royaume Merina. Si la zone Ouest de la région a été la plus touchée, celle de l’Est où se trouvent les grands massifs forestiers a servi de refuges durant ces guerres. Après l’annexion par la France, le 6 août 1 896, d’un important territoire comprenant la presqu’île, les Merina ont quitté la région, et ces massifs forestiers acquirent un caractère sacré et furent ainsi protégés contre la destruction et le défrichement en conservant les caractéristiques des forêts climaciques intactes du Sambirano. Ailleurs, un processus de reconstitution naturelle de la végétation se mit en route. Ces divers aspects historiques permettent d’avancer que les forêts à Sarcolaenaceae et à Dypsis spp (Arecaceae), avec leurs caractéristiques physionomiques, structurales et floristiques, ne découlent pas tant de caractéristiques du substrat ou du climat, mais seraient plutôt des forêts secondaires âgées, issues du long processus d’évolution progressive du dynamisme de la succession végétale. Depuis quelques années, l’analyse des images satellite montre que le rythme auquel le tavy est pratiqué s’intensifie dans la région. Cet accroissement découle non seulement de la croissance démographique, mais aussi d’un besoin accru en terres pour générer les revenus nécessaires à l’achat de produits manufacturés. La pratique du tavy représente une des principales menaces pour les forêts et les différents types d’habitats naturels résiduels. Les forêts secondaires âgées qui sont situées hors des zones traditionnellement protégées sont les plus sensibles car elles sont les plus propices à la production de riz. Les forêts des massifs sacrés, en revanche, ne semblent pas encore réellement menacées mais leur protection traditionnelle est quelque peu ébranlée depuis par l’arrivée récente et massive d’immigrants qui respectent peu les interdits traditionnels