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L’Écho des jeunes  : Une avant‑garde inachevée
La fin du XIXe siècle a connu, au Canada comme en Europe, une floraison de revues littéraires, parmi lesquelles L'Écho des Jeunes, publié à Montréal, se distingue par son éclectisme et sa modernité. Cette revue est la création d'un groupe de jeunes qui, depuis la petite municipalité de Sainte-Cunégonde, noue des rapports étroits avec une partie de l'avant-garde française contemporaine. Elle s'efforcera pendant quelques années d'imposer un ton nouveau, entre décadence et symbolisme, parmi les jeunes poètes canadiens-français, juste avant la création de l'École littéraire de Montréal, dont beaucoup de ses collaborateurs deviendront membres. L'écho des Jeunes réussit à donner une expression convaincante de l'esprit fin de siècle répandu dans de petits milieux montréalais très originaux, trop négligés par l'histoire littéraire
« L’Écho des jeunes » : une avant-garde inachevée
La fin du XIXe siècle a connu, au Canada comme en Europe, une floraison de revues littéraires, parmi lesquelles « L'Écho des Jeunes », publié à Montréal, se distingue par son éclectisme et sa modernité. Cette revue est la création d'un groupe de jeunes qui, depuis la petite municipalité de Sainte-Cunégonde, noue des rapports étroits avec une partie de l'avant-garde française contemporaine. Elle s'efforcera pendant quelques années d'imposer un ton nouveau, entre décadence et symbolisme, parmi les jeunes poètes canadiens-français, juste avant la création de l'École littéraire de Montréal, dont beaucoup de ses collaborateurs deviendront membres. « L'écho des Jeunes » réussit à donner une expression convaincante de l'esprit fin-de-siècle répandu dans de petits milieux montréalais très originaux, trop négligés par l'histoire littéraire
Les études littéraires et la fin de l’Histoire
La critique américaine a produit, ces dernières années, un genre nouveau, que les convenances fondamentales qui règlent la discipline depuis ses débuts auraient dû interdire. Un genre où s'entremêlent, d 'une façon qui ne va pas sans scandale pour
beaucoup, l'analyse des textes et l 'autobiographie, parfois assez impudique. Cependant, disent certains, la littérature - occasion
de ces anamnèses - n'est-elle pas elle-même issue d 'une plongée comparable et tout lecteur n 'est-il pas appelé par elle à retrouver le
lieu privé où repose, selon Proust, son propre livre intérieur? Et nombre d'universitaires de s'en autoriser pour travailler à leurs
mémoires ou pour livrer les détails de leur OEdipe, par où ils croient ressembler à Flaubert. Parallèlement, la critique française,
si longtemps insuffisante et frivole, mais qui s'était convertie non sans arrogance dans les années soixante à la théorie et à la
scientificité, semble s'être faite depuis quelques années toute modestie et humilité. La voilà qui maintenant s'ensevelit volontiers
dans les tâches ingrates de l'érudition, arpentant les austères et parfois désolants chantiers de la génétique ou de l'histoire, férue
tout à coup de biographie et de bibliométrie, éditant à qui mieux mieux des textes de plus en plus lointains. Là où la critique américaine, entichée de « cultural studies », parcourt l'archive de façon très personnelle, à la recherche de toutes les étrangetés tout en rêvant de subversion, la critique française affecte l'air absorbé des comptables balzaciens dont tes minuties font un monde. Le divorce va s'accentuant de saison en saison. C'est de cette incompréhension réciproque croissante que je m'autoriserai pour introduire à mon
tour dans les réflexions qui vont suivre une légère touche d'autobiographie, nécessaire pour saisir en quoi les évolutions séparées
des deux traditions critiques posent problème à ceux qui, comme je le fais, ont beaucoup voyagé entre elles, tout en pensant longtemps les rapprocher. [Introduction
Lautréamont
Passionné d’éthique et de littérature, Ducasse avait tout du bon élève qui en sait déjà trop pour pouvoir croire longtemps ses maîtres, mais pas encore assez pour ne plus croire les livres. Les maîtres sont des « sceptiques » à la mode du Second Empire, tandis que les livres veulent, disent-ils, lutter contre le Mal. Ils le dépeignent avec ardeur ? Certes, mais c’est par « méthode », pour mieux vanter le Bien. Excellente tactique, pense d’abord Ducasse, qui veut lui aussi contribuer à cette noble croisade où il voit l’avenir : peignons le Mal sous ses couleurs les plus horribles, et les âmes oppressées ne pourront que se jeter dans les bras du Bien. Voilà , au rebours de ce que l’on a longtemps cru, tout le programme des Chants de Maldoror. Mais des doutes naissent,-peu à peu. Quelle est-elle donc cette « morale » dont chacun se réclame et que les Chants veulent servir par leurs propres moyens ? Quels sont ces moyens ? Pourquoi ont-ils échoué, nous laissant confondre leur subtil utilisateur avec ce qu’il vomissait : ces « hurleurs maniaques », ces anges du Mal, ces « farceurs au quarteron » dont il voulait précisément la fin ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles ce livre s’efforce de répondre, en relisant pas à pas les Chants
La fiction en partie double
Le quatrième chant, auquel nous arrivons maintenant, esquisse dans le travail de Ducasse un tournant qui deviendra manifeste dans le chant suivant. Texte de transition donc, et qui pour cela, logiquement, participe à la fois des deux grands moments qu’il articule. De la première partie du livre, ce que nous retrouvons dans ce chant, c’est évidemment la critique de l’homme et la mise en accusation de Dieu, la démonstration des puissances du mal. De la seconde partie, ce qui s’annonce au contra..
Ethique et fiction
Le quatrième chant amorçait une transition – plus de noirceur mais plus d’humour, plus de cruauté, mais plus d’appel aux forces du bien, plus de discours sur la raison mais aussi plus de thèses sur l’écriture, moins de spectacle et plus de logique. La narration tendait à laisser paraître les complexités annexes de ses implications dans toutes les directions : la « structure profonde » commençait à envahir la surface, la ligne du récit. Le chant V va approfondir ce tournant, en faisant de plus..
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