8 research outputs found
Penser l’emprise du travail moderne à la lumière des modèles de non-travail « inactuels »
On considère d’un commun accord le XIXe siècle comme « révolutionnaire », dans tous les sens du terme. À cette époque, le concept du travail et sa mise en pratique ont subi plusieurs forces transformatrices d’ordre technique, économique, politique et social. Si les pré-modernes ne sont pas arrivés à un consensus sur la question de la valeur du travail, celle-ci semble définitivement fixée à notre époque. Que ce soit chez les libéraux ou chez les socialistes, le travail s’impose comme un impératif non seulement économique mais aussi social. Ces transformations du monde et de sa représentation ne sont pas sans provoquer des contestations. Cet article discute de deux mises en question de l’emprise moderne du travail salarié, celle qu’entreprend Friedrich Nietzsche dans son œuvre philosophique et celle suggérée par l’œuvre romanesque de Gustave Flaubert. Ces deux auteurs s’apparentent par leur représentation de la contemplation, qu’ils mettent en valeur en célébrant des modèles de non-travail tirés d’un passé révolu, dont on s’éloigne aussi vite qu’avancent nos technologies.Das 19. Jahrhundert war ein Jahrhundert der Revolutionen. Seine technischen, ökonomischen, politischen und sozialen Veränderungen beeinflussten die Art und Weise, wie wir arbeiten und unsere Arbeit bewerten. Obwohl die Denker der Vormoderne zu keinem Konsens über den Stellenwert von Arbeit kamen, steht er heutzutage außer Frage. Ein solcher Arbeitsimperativ ist ökonomisch und sozial in unseren verschiedenen Weltanschauungen verankert, vom Liberalismus zum Sozialismus. Diese Veränderung, die nicht nur unsere Welt sondern auch unsere Weltbilder bestimmt, wurde nicht ohne zahlreiche Gegenbewegungen vollzogen. Dieser Artikel thematisiert, inwieweit die philosophischen Werke Friedrich Nietzsches und die literarischen Werke Gustave Flauberts die zentrale Bedeutung der bezahlten Arbeit hinterfragen. Beide Autoren gleichen sich in ihren Darstellungen der Kontemplation, welche sie einsetzen, um vergangene Formen der Nicht-Arbeit zu zelebrieren und um sich von den Fortschritten der Technik zu distanzieren
L’espace dialogique chez Flaubert : la « cabane de l’Ermite » et le double pupitre des copistes
Cet article développe une réflexion sur la façon dont Flaubert figure le dialogue dans La Tentation de saint Antoine et Bouvard et Pécuchet. Car dans ces deux œuvres le dialogue ne peut pas être réduit à la parole textuelle des personnages ; il conditionne toute la structure esthétique et la portée idéelle des romans. Si Antoine s’adresse à Dieu, Bouvard et Pécuchet s’adressent l’un à l’autre. Alors que les deux copistes entretiennent un long dialogue avec les auteurs qui peuplent leur bibliothèque avant de se remettre à la copie à deux, le saint convoque tout un catalogue de dieux païens et de voix hérétiques avant de se remettre à une prière univoque. C’est que les visions d’Antoine restent fondamentalement réflexives malgré leur grande variété : elles sont engendrées selon la logique du monologue. L’expérience de Bouvard et Pécuchet, en revanche, relève plutôt du dialogique : à la fin de leur errance encyclopédique, ils ne reprennent pas la copie qui les occupait au début mais une copie qui leur permet de perpétuer leur dialogue amical — autant dire un dialogue avec le monde auquel ils sont loin d’avoir renoncé.<br>This article deals primarily with the figuration of dialogue in La Tentation de saint Antoine and in Bouvard et Pécuchet, two novels in which it cannot be reduced to the textually related exchange of words. These are two works whose aesthetic and meaning rest on the idea of dialogue. While Antoine addresses himself to God, Bouvard and Pécuchet speak with one another. While the two copyists sustain a long dialogue with the authors that fill their library, until finally returning to their original profession, the saint conjures an entire catalogue of pagan gods and heretical voices before finally returning to his unequivocal prayers. That is to say that Antoine’s prayers are fundamentally reflexive, despite their apparent variety — they do not transcend the logic of the monologue. Bouvard and Pécuchet’s experience, on the other hand, proceed from a spirit of dialogue. At the end of their encyclopaedic wandering, they do not take up the same copying from which they have retired, but rather a sort of quoting that permits them to conserve their social bond — and a dialogue with the world free of cynicism
La représentation littéraire des animaux : des limites langagières aux possibilités poétiques chez Lamartine et Ponge
En s’arrêtant à la représentation des animaux non humains dans les écrits d’Alphonse de Lamartine et de Francis Ponge, deux poètes dont la production littéraire couvre les deux derniers siècles et qui s’intéressent clairement aux vies animales, cet article cherche à mettre en relief les limites de la représentation littéraire des animaux. Comme dans la plupart des productions culturelles de l’Occident moderne, chez Lamartine et Ponge, les animaux sont généralement réduits au symbolique. Malgré la bonne volonté des poètes, la poésie n’échappe pas à l’anthropocentrisme. Or, plutôt que de signaler la faillite de la poésie en ce qui concerne la représentation des animaux, ces limites constituent un point d’accès à des réalités hybrides dont il faut encore rendre compte
Figures de la « patience » dans la modernité : la recherche proustienne entre l'errance de Bouvard et Pécuchet et le parti pris pongien
Cette étude porte sur la représentation de la « patience » – considérée comme un mode d’être dans le temps et face à l’Autre à la fois actif et passif – dans quelques œuvres modernes, notamment les écrits philosophiques de Friedrich Nietzsche, les romans Bouvard et Pécuchet et La tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert, À la recherche du temps perdu de Marcel Proust et la poésie de Francis Ponge. Dans le premier chapitre, nous nous référons à la pensée de Nietzsche pour bien décrire le contexte moderne qui fait que la vertu de la patience est aussi pertinente à la fin du XIXe siècle et pendant le XXe siècle qu’elle ne l’était pour des penseurs de l’Antiquité gréco-romaine comme Épicure et Sénèque. Dans des œuvres comme La généalogie de la morale et Par-delà bien et mal, Nietzsche montre que ce qu’on considère comme la vertu de la patience se réduit souvent à une simple incapacité d’agir et que les temps modernes exigent un autre type de vertu, une patience renouvelée et affirmative. Dans le deuxième chapitre, nous analysons les thèmes de l’accompagnement et du dévouement dans deux romans flaubertiens afin de déterminer dans quelle mesure il est nécessaire de se retirer du monde et de ses rythmes pour pouvoir se consacrer à quelque chose qui transcende l’individu et ses désirs particuliers. Nous continuons cette réflexion dans le chapitre sur le roman proustien, où l’on peut suivre la trajectoire d’un héros-narrateur impatient d’être aimé et de remplir sa vocation en devenant écrivain. Notre examen de différentes formes de la patience est complétée par une critique du rapport problématique du poète (Ponge) et des objets de ses poèmes, en particulier les animaux qu’il sacrifie au nom de son art. Un schéma fondamental se dessine à travers toutes ces œuvres et les figures de la patience qu’elles véhiculent : le sujet humain, désireux de se rapprocher de l’Autre, sait que, pour ce faire, il faut le laisser être, mais il a aussi besoin de s’affirmer soi-même, d’où une certaine aporie. La patience se révèle comme une réponse possible à ce problème.Ph
Des animaux dans la littérature : du proche et du lointain
Introduction au dossier "Des animaux dans la littérature : du proche et du lointain
Des animaux dans la littérature : du proche et du lointain
Introduction au dossier "Des animaux dans la littérature : du proche et du lointain