37 research outputs found
Hiérarchies passagères ou la forme des forces
Source : document auteur. Numérisation : financement fonds propres IIAC UMR8177 CNRS/EHESS. Eliane Daphy, responsable des archives ouvertes du IIAC, tient à remercier Jean-François Gossiaux, directeur du IIAC, pour son soutien à l'opération "AO-IIAC".International audienceL'auteur propose de concentrer l'attention sur une sorte de passage qui pose toujours aux passants le même problème. La situation est extrêmement fréquente dans la vie quotidienne ; elle s'observe lorsque deux ou plusieurs personnes se présentent ensemble devant une porte qu'elles ne peuvent franchir que l'une après l'autre — une porte ou n'importe quel passage rétréci qui ne livre passage, comme on dit, qu'à l'une d'elles à la fois. Cette situation, qui permet l'analyse de divers traitements sociaux de ce qu'Arnold Van Gennep appelait le passage matériel, n'a pas, en son temps, retenu son attention. Il est vrai que la séquence : séparation — marge — agrégation est ici inopérante, bien que les passants, comme on verra, saisissent parfois l'occasion du passage de la porte étroite pour changer provisoirement « d'état », comme disait Van Gennep, c'est-à -dire de position sociale
Le corps du pain et la maison du père
Source : document auteur. Numérisation : financement fonds propres IIAC UMR8177 CNRS/EHESS. Eliane Daphy, responsable des archives ouvertes du IIAC, tient à remercier Jean-François Gossiaux, directeur du IIAC, pour son soutien à l'opération "AO-IIAC".International audienceL'univers symbolique du monde chrétien est dominé par une figure : celle de l'Eucharistie. Cette figure émerge d'une symbolique céréalière qui remonte aux premiers temps de l'époque néolithique; le rituel qui lui correspond évolue suivant les directives du pouvoir ecclésiastique, mettant tout d'abord en scène un "pain quotidien" qui véhicule la métaphore du pain comme "principe vital". L'Église remplace bientôt celui-ci par l'hostie, objet consacré dont la fabrication est "réservée". Ainsi s'introduit une distance entre les fidèles et Dieu. Symétriquement au thème eucharistique, émerge aussi celui de l'incarnation. Il peut être examiné en terme d'anthropologie de la parenté, où domine la figure du père et celle du "Dieu de la naissance". Jésus, placé sur une paille d'une mangeoire, dans "la maison du pain" (Bethléem), y occupe dès lors la place vacante du grain, perpétuant ainsi pour le monde chrétien la métaphore d'une nourriture céréalière.L'universo simbolico del mondo cristiano è dominato da una figura: quella dell'Eucarestia. Questa figura emerge da un simbolico cerealicolo che risale ai primi tempi dell'epoca neolitica; il rituale corrispondente si evolve secondo le direttive del potere ecclesiastico, mettendo subito in scena un "pane quotidiano" che veicola la metafora del pane come "principio vitale". La Chiesa lo rimpiazza ben presto con l'ostia, oggetto consacrato la cui preparazione è "riservata". Si introduce cosi una distanza fra i fedeli e Dio. Simmetricamente al tema eucaristico emerge anche quello dell'antropologia della parentela, ove domina la figura del pane e quella del "Dio della nascita". Gesù, deposto sulla paglia di una mangiatoia, nella "casa del pane" (Betlemme), vi occupa da allora il posto vacante del grano, perpetuando cost per il mondo cristiano la metafora di un nutrimento cerealicolo
Le blues dans le texte
Vous aviez délaissé le blues, « parent pauvre de la culture noire », après l’avoir fréquenté ? Vos fréquentations devaient être superficielles, estime Robert Springer. Ce disant, il dote d’une fonction sociale virtuelle un livre dont le but déclaré est d’apprécier (à sa juste valeur) et faire apprécier à neuf une musique un peu dépréciée, lui redonner du prix et un attrait qu’elle aurait perdus. À propos de : Robert Springer, Fonctions sociales du blues, Marseille, Éditions Parenthèses, 1999, 236 p
Genèse d’une arche américaine pour les Indiens
George Catlin, « peintre américain » ? Sans doute, mais en quels sens ? De son temps (1796-1872), deux sortes mutuellement exclusives d’Américains vivaient sur le continent : les Indiens natifs et des colons d’origine européenne. Dès l’enfance, Catlin s’est trouvé au confluent des deux courants. Yankee par filiation, éducation, tempérament, il reçut très tôt l’apport décisif des sources indiennes. Le garçon ne se laissait pas partager. Son histoire et celle des siens, nouées à l’enfantement sanglant de la nation américaine, le mirent donc au défi de concilier des contraires. Catlin releva le défi, l’âge d’homme venu, tenant le pari fou de tout réconcilier dans une création issue de sa tête et de ses mains : « son » Indian Gallery. L’œuvre réalisée, il la fera vivre à se ruiner, identifié à elle jusqu’à son dernier souffle. Le contenant est occidental ; c’est une arche de mémoire. L’Indian Gallery remodélise l’arche mythique de la Genèse, pour sauver de la plus fatale des disparitions, l’oubli, son précieux contenu : de grands pans de cultures indiennes, des milliers d’Indiens en images, autant d’objets, des visages et des usages que la déferlante conquérante de l’Ouest allait engloutir peu après. Mais la peinture ne dépeint pas cet homme tout entier. Indépendant et volontaire, avide de renommée mais piètre commerçant, Catlin était aussi chasseur, navigateur, ethnographe, écrivain, muséographe, metteur en scène de tableaux vivants, des vivants amérindiens, naturellement.George Catlin, “American painter” ? Certainly, but in what sense exactly ? During his life (1796-1872), two mutually exclusive types of Americans inhabited the continent: the native Indians and the colonists of European origin. From his earliest childhood, Catlin found himself caught between the two. Yankee by birth, education and temperament, he was decisively influenced very early on by Indian cultures. The boy refused to be divided. His history and that of his family, bound up with the bloody birth of the American nation, set him the challenge of reconciling opposites. The adult Catlin took up the challenge, making the mad gamble of attempting to reconcile everything in a single creation, his own brainchild and the work of his own hands – his Indian Gallery. Once it was completed, he ruined himself to keep it alive, identified with it to his very last breath.The contents were western ; it was an ark of memories. The Indian Gallery was a recreation of the mythical ark of Genesis, built in order to save its precious contents from that most final of disappearances, forgetfulness: the great vistas of Indian cultures, thousands of Indians captured in paint, as many artefacts, faces and customs that the relentless conquerors of the West were soon to engulf. But the paintings are not the whole man. Independent and headstrong, eager for fame but a poor businessman, Catlin was also hunter, sailor, ethnographer, writer and director of tableaux vivants – with Amerindians in the starring roles, naturally enough
Anthropologie de l’Europe
Daniel Fabre, directeur d’étudesClaude Macherel, chargé de recherche au CNRS L’autre de l’art. De l’art des enfants à l’enfance de l’art Le séminaire a poursuivi cette année son parcours dans les pratiques occidentales d’inclusion dans l’art de formes expressives qui lui étaient auparavant étrangères en abordant, après l’art populaire et l’art des fous, l’art des enfants. Corrado Ricci, jeune polygraphe bolognais se prend de passion pour les dessins et les modelages d’enfants et publie à ving..
Quand Delacroix croqua-t-il des Ojibwas ?
Toute la personne de Delacroix suggérait l’idée d’une origine exotique. Il m’est arrivé plus d’une fois, en le regardant, de rêver des anciens souverains du Mexique […], ou bien de quelques-uns de ces princes hindous qui, dans les splendeurs des plus glorieuses fêtes, portent au fond de leurs yeux une sorte d’avidité insatisfaite et une nostalgie inexplicable, quelque chose comme le souvenir et le regret de choses non connues.Charles Baudelaire, L’Œuvre et la vie d’Eugène Delacroix Précédé et..
Anthropologie de l’Europe
Daniel Fabre, directeur d’études avec Claude Macherel, chargé de recherches au CNRS L’autre de l’art « L’autre de l’art » désigne un acte fondateur de la modernité qui consiste à inclure dans la catégorie « art » des productions qui lui étaient auparavant tout à fait étrangères ; pareille intrusion ne provoque pas seulement un déplacement de frontières mais un bouleversement de la conception dominante de l’art. Les avant-gardes ont, en ce domaine, ouvert la voie aux disciplines qui ont elles-..
Anthropologie de l’Europe
Daniel Fabre, directeur d’études avec Claude Macherel, chargé de recherches au CNRS L’autre de l’art « L’autre de l’art » désigne un acte fondateur de la modernité qui consiste à inclure dans la catégorie « art » des productions qui lui étaient auparavant tout à fait étrangères ; pareille intrusion ne provoque pas seulement un déplacement de frontières mais un bouleversement de la conception dominante de l’art. Les avant-gardes ont, en ce domaine, ouvert la voie aux disciplines qui ont elles-..
Anthropologie de l’Europe
Daniel Fabre, directeur d’étudesClaude Macherel, chargé de recherche au CNRS L’autre de l’art. De l’art des enfants à l’enfance de l’art Le séminaire a poursuivi cette année son parcours dans les pratiques occidentales d’inclusion dans l’art de formes expressives qui lui étaient auparavant étrangères en abordant, après l’art populaire et l’art des fous, l’art des enfants. Corrado Ricci, jeune polygraphe bolognais se prend de passion pour les dessins et les modelages d’enfants et publie à ving..
Anthropologie de l’Europe
Daniel Fabre, directeur d’études avec Claude Macherel, chargé de recherche au CNRS L’autre de l’art Le séminaire a poursuivi l’analyse des moments de redéfinition moderne de l’art par inclusion de pratiques auparavant marginales et exclues et qui se trouvent d’un coup reconnues, revendiquées même, comme des foyers essentiels de la création esthétique. Au cours des deux années précédentes nous avons exploré le moment d’émergence de la notion d’« art populaire », en France, dans la période 1845..