L'inspiration de Madame Guyon à l'épreuve de sa poésie

Cette communication met en lumière l’usage que l’édition à Amsterdam en 1722 des quatre volumes des Poésies et cantiques spirituels de Jeanne-Marie Guyon (1648-1717) fait de l’inspiration de « Madame Guyon », entendue comme une figure déjà établie à laquelle la crise du quiétisme avait donné une publicité certaine mais également comme le foyer d’un cercle spirituel européen qui, depuis la retraite de Madame Guyon à Blois en 1705, s’est constitué autour de la lecture, de la diffusion de ses écrits et de la promotion de sa spiritualité. La publication de 1722 entend en effet ordonner vers une efficacité pragmatique l’inspiration constamment mobilisée dans ces poèmes, qui instituent la grâce divine en principe d’énonciation : il s’agit de réaliser l’attente eschatologique qui était celle du lectorat guyonien dans le présent de la lecture et de la réénonciation chantée des poèmes. L’ambition de cette opération éditoriale est mise en lumière à quatre niveaux : le premier a trait à l’histoire de l’édition et de la réception de la publication de 1722, qui instruit une cohérence à partir de sources disparates disséminées en Europe et relatives à divers moments de l’histoire de Madame Guyon ; le deuxième concerne l’examen du dispositif préfaciel qui travaille à établir une figure de Madame Guyon inspirée ; le troisième niveau s’intéresse à l’ordonnancement des poèmes et cantiques dans l’économie des quatre volumes, qui se laissent chacun lire en termes narratifs comme l’accomplissement par la parole poétique d’une performance eschatologique consistant à rendre possible l’avènement du règne de Jésus-Christ ; le quatrième niveau considère enfin le déploiement intermédiatique (textuel, musical et emblématique) de l’inspiration guyonienne proposé par cette édition. En fin de compte, l’analyse montre comment l’inspiration de Madame Guyon, telle qu’elle se dégage de cette publication, sert de pivot à la transformation de la vie de Madame Guyon en livres et des livres en usages spirituels

Figures de l'inspiration et invocations litaniques dans les poèmes latins pour la naissance de Louis XIV (1638)

La naissance de Louis XIV en 1638, perçue dans toute la France comme miraculeuse, fut l’occasion d’une intense production de poésie généthliaque néo-latine ; la présente communication aborde les textes des pères jésuites Aubery, Borel, Josset et Petau, ainsi que ceux de Campanella, de Stratenus et de Forest-Duchesne. Ces poèmes sont travaillés par des tendances communes : la revendication d’un enthousiasme et d’un furor prophétique ; la mise au premier plan du Dieu chrétien, à la fois comme auteur de l’événement et inspirateur de ses chantres et prophètes ; et une attitude ambiguë envers la mythologie d’une part, l’astrologie d’autre part, domaines dont la validité est régulièrement rejetée mais dont les figures sont récupérées de diverses manières au fil du discours